Jusqu’à ces derniers jours, je pensais que l’expression « peuple de gauche », attachée à « la France qu’on aime » de Martine Aubry, n’avait pas son pareil pour m’agacer. C’était sans compter sur l’UMP, cette machine à broyer les conservatismes au nom de l’adaptation à la modernité. De la place de la Concorde à la Mutualité, voilà que fleurissent non pas mille colombes avec Mireille Mathieu mais bien les exhortations à réveiller le « peuple de droite ». Ce dernier serait endormi depuis les manifs pour l’école libre de 1984 comme l’Empereur Frédéric II enfoui dans sa caverne.
« Peuple de droite » : le mot et l’idée sont lâchés ! Le concept fait florès chez les tenants de la « France forte » une et indivisible, qui traquent le communautarisme partout et se rêvent en avant-garde futuriste de la nation. Seulement, en découpant en tranches l’unanimisme cocardier qui lui tient lieu de socle électoral, l’UMP se mord la queue : défend-elle une classe, un camp ou la nation entière ? Je veux bien que le mythe ait une fonction d’idée galvanisante depuis Georges Sorel, mais la mythologie sied décidément mal à un courant politique en quête de « réalisme », de « pragmatisme » et d’unité nationale-libérale.
Réveillez-vous braves gens : un communautarisme monte, monte, monte. Il ne sort ni des minarets ni des synagogues ni d’églises occupés par je-ne-sais-quelle fraternité intégriste. Cette vague de fond est tantôt matérialiste, tantôt laïque, tantôt catholique quand ça l’arrange. Ses promoteurs l’appellent « peuple de droite » ou « majorité silencieuse » suivant leur humeur du moment.
Le 6 mai, nous saurons enfin si son champion Nicolas Sarkomonti aura triomphé du rouge François Hollandreou pour appliquer les sages recommandations budgétaires de Bruxelles. Quel suspense insoutenable !
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