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Intolérable Zemmour

Zemmour face à Ruquier et Salamé: vous ne lui enlèverez pas, sa liberté de penser!


Intolérable Zemmour
Le Monsieur "Loyal" de France 2 Laurent Ruquier, face à Eric Zemmour, 11 septembre 2021 Image: Capture d'écran France 2.

Le grand tribunal de la presse juge Éric Zemmour coupable de penser autrement. La première séance, présidée par Laurent Ruquier et Léa Salamé, a présenté les éléments constitutifs de la mise en accusation…


Autrefois, le monde communiste, avide d’éliminations, avait inventé une catégorie de coupables aussi vaste que vague : les ennemis de classe. Une fois désignés, l’immense machine à broyer se mettait en marche, les aspirait, les détruisait, stupide et implacable. Mais, pour commencer, il fallait le spectacle : de grandes réunions publiques étaient organisées, messes haineuses durant lesquelles le malheureux était démasqué, offert à la vindicte populaire, promis au prétoire.

C’est à ces sombres fantasmagories qu’a fait penser le passage d’Éric Zemmour dans l’émission de Laurent Ruquier et Léa Salamé. S’attendait-on à un débat ? On a eu droit à la constitution en direct d’un dossier de mise en accusation. À la fois enquêteurs, procureurs et juges, Ruquier et Salamé, hybrides de Fouquier-Tinville et Vychinski (!), se seraient contentés, n’eût été la durée fixe de leur spectacle, d’une seule question : « Comment osez-vous penser ce que vous pensez ? » Et ils auraient bien ajouté, en guise de sentence : « Nuisible, vous ne penserez plus, vous n’écrirez plus, vous ne vous montrerez plus, vous ne parlerez plus ! »

Faire barrage, c’est pas une vie !

Ils sont avec tant d’autres – toute une armée ! – les diseurs du Bien absolu, du Bien radical, les défenseurs du peuple ingénu contre les attaques sournoises, sulfureuses des gens comme Zemmour. Ils sont la presse-juge, la presse-filtre, la presse-censure, investie d’une mission de purification de la pensée publique. Ils luttent contre le nauséabond, contre le rance. Ils passent leurs vies à « faire barrage ». Triste, petit destin.

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Qu’ils aient invité Éric Zemmour uniquement pour lui signifier son inculpation, c’est une chose dont il n’y a aucune raison de douter. Mais, en acceptant de s’y rendre, Éric Zemmour pensait-il à un possible gain de cause ? Pensait-il qu’il allait pouvoir transpercer la toile déjà tissée autour de lui ? Convaincre quelques-uns des adeptes du couple d’accusateurs publics ? Ils se sont bien gardés de le laisser faire. Poser la question qui incrimine et ne pas laisser l’inculpé répondre – c’est une vieille technique, utilisée dans tant de salles d’interrogatoire et, ce qui revient parfois au même, sur tant de plateaux de télévision. « Ici, vous n’êtes pas sur CNews », avertit Ruquier, voulant sans doute dire : « Ici, vous parlez quand et si nous vous le permettons. »

Ruquier n’était pas au courant, en disant cela, du fait que, sur injonction du CSA, qui l’a qualifié d’« acteur du débat politique national », CNews était sur le point de fermer son antenne à Éric Zemmour. La création d’une chaîne YouTube a déjà été annoncée – mais nul ne sait combien de temps Google, propriétaire du site, tolérera son existence.

Déguiser la vulgaire censure en bonne action

Ce déchaînement est-il dû à l’éventuelle participation d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle ? Cela a commencé il y a trop longtemps pour qu’on puisse l’expliquer ainsi. Depuis trop longtemps Éric Zemmour a des idées qu’il ne faut pas avoir – et, encore moins, exprimer en public –, des idées qui offensent la bienséance progressiste, des idées qu’il faut éradiquer. Cependant, ce n’est pas Zemmour lui-même qui gêne. Si ses livres se vendaient à 200 exemplaires, si ses émissions étaient regardées par 3 000 spectateurs, nul ne se donnerait la peine de lui couper la parole. Mais il a une audience, et elle grandit. Ce sont ceux qui l’écoutent qui gênent et ceux qui, en l’écoutant, disent : « Il a raison ». Ce sont eux qu’il faut renvoyer dans le vide de l’obéissance bien-pensante. Et, en fin de compte, c’est sur eux que le couple Ruquier-Salamé a voulu faire glisser l’ombre de la potence.

Il ne s’agit pas d’un combat d’idées, puisqu’il n’y en a pas dans le camp d’en face. Nous n’assistons qu’à une tentative, avec ses tortillements pudibonds, de déguiser la vulgaire censure en bonne action.

Et si Éric Zemmour, que le cirque politique et médiatique s’acharne bêtement de transformer en martyr, décidait de se présenter à la prochaine élection, qu’aurait-il en face de lui ? Une société française qui étouffe sous le poids de certitudes inculquées et qui n’écoute plus avant de contredire. Une société dont la culture s’évanouit et où les dogmes ont remplacé les idées. Une société fermée. Zemmour pourrait-il convaincre ceux qui ne partagent pas ses idées, ceux que le progressisme des politiciens et des journalistes a intoxiqués depuis bien longtemps ? Rien n’est moins sûr.

Nous vivons dans un monde où se faire haïr pour ses idées et évincer à cause d’elles est une paradoxale victoire. Zemmour l’a emportée, et plus haut s’élèvera le mur que ses juges construisent autour de lui, plus belle elle sera. Telle est la stupidité de la censure.

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P.S. Depuis lundi matin, l’enregistrement de l’émission On est en direct avec Éric Zemmour comme inculpé a été retiré du site YouTube. Des fragments de quelques minutes peuvent être vus ici et là, mais rien de plus. C’est un signe, sans doute, mais un signe de quoi ?



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écrivain et journaliste français, né en 1951 en Roumanie, pays dont il fut exilé par le pouvoir communiste en 1977. Il a collaboré dans plusieurs médias tels que RFI , Voice of America, BBC, Le Point , Le Quotidien de Paris, Libération, entre autres.

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