Il en est de la récupération politique comme du bon et du mauvais chasseur. Il y a le bon et le mauvais récupérateur. Le bon récupérateur se rend devant le Bataclan, adresse quelques mots aux journalistes, puis se recueille. Alors que le mauvais récupérateur – comme Eric Zemmour – se rend devant le Bataclan, adresse quelques mots aux journalistes, puis se recueille.
C’est une admirable leçon de démocratie que donne Céline Pina dans son dernier article, publié sur le site de Front Populaire. Depuis toujours, elle sait affirmer un désaccord politique sans jamais tomber dans la caricature facile, ni remplacer le débat par l’anathème, et elle le prouve à nouveau.
Il faut, vraiment, lire cette tribune : « Deux poids, deux mesures », où, tout en critiquant avec franchise Éric Zemmour, elle dit clairement leur fait à « ces gens qui savent que taper sur Éric Zemmour n’est pas coûteux et permet de s’offrir un frisson de vertu sans se mettre en danger. »
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Indignations surjouées
Comment ne pas rejoindre son constat, lorsqu’elle souligne que « la violence du langage utilisé à l’encontre d’Eric Zemmour contraste avec la complaisance avec laquelle a été traitée une provocation bien plus choquante à l’encontre des victimes du Bataclan » et évoque le concert de Médine, et ce « défilé organisé sous l’influence d’officines proches des Frères musulmans, où Marwan Muhammad fit crier « Allah Akbar« à côté du Bataclan », deux situations où même certaines associations de victimes se sont montrées étrangement complaisantes ? Chacun est naturellement libre de vivre son deuil à sa manière, et nul n’a à juger de ces démarches individuelles, mais au plan collectif et politique « vous n’aurez pas ma haine » est suicidaire, et la « réconciliation » qui nivelle et mélange bourreaux et victimes, abjecte.
La véritable indécence n’est pas le fait d’Eric Zemmour, mais de la meute qui rivalise d’indignations surjouées devant tout ce qui ne sert pas « la petite musique du gentil progressisme opposé au grand vilain fascisme que l’on essaie de nous resservir comme enjeu dramatique de la présidentielle qui se profile ».
François Hollande a préféré être le bon élève de Merkel que protéger les Français
Il y a cependant un point sur lequel Céline Pina se trompe en partie. C’est qu’éric Zemmour a raison, mille fois raison, de dénoncer la responsabilité de François Hollande et du gouvernement de l’époque, et pas seulement pour les raisons qu’elle évoque (à juste titre) dans sa tribune.
L’ancien président l’a lui-même reconnu : « Nous savions que des actions se préparaient, que des individus s’étaient placés dans le flot des réfugiés pour tromper la vigilance. » Pourtant, le 3 septembre 2015 il écrivait sur Twitter : « Face au drame des réfugiés, nous proposons avec Angela Merkel un mécanisme d’accueil permanent et obligatoire en Europe. » Obligatoire : voilà la clef, l’aveu de l’idéologie qui a interdit tout discernement dans l’accueil, interdit les contrôles qui n’auraient peut-être pas empêché les jihadistes de se glisser dans « le flot des réfugiés », mais leur auraient assurément rendu la tâche plus difficile, et peut-être permis qu’ils soient arrêtés à temps.
L’islamisme, un produit d’importation
Bien sûr, les attentats du 13 novembre 2015 sont avant tout liés à « la radicalisation islamiste sur notre sol et en Belgique. » Mais l’idéologie de soumission aux flux migratoires a également joué son rôle. De plus, cette idéologie est tout de même la première responsable de l’implantation de l’islamisme en Europe : l’islamisme est, en Occident, un produit d’importation ! Dire comme certains « les terroristes sont Français » est un déni de réalité insupportable : oui, ils l’étaient administrativement, mais ils ne l’étaient ni de cœur ni de culture, ni d’éducation ni de mœurs.
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éric Zemmour a-t-il eu raison de se rendre sur les lieux du drame ? On peut évidemment en discuter. était-ce indécent ? Pas plus, en tout cas, que le comportement d’Emmanuel Macron au Mémorial de la Shoah, au Mémorial de la Déportation et au Mémorial du génocide arménien pendant l’entre-deux-tours de 2017. Bien moins, assurément, que ces « professionnels de l’indignation » qui « ne semblent se réveiller que lorsqu’ils peuvent hurler à l’extrême-droite » mais se taisent devant l’évidence criante de l’entrisme islamiste à Rennes, à Bagnolet, dans les instances de l’Union Européenne…
Là où le sang des innocents a été versé, Éric Zemmour a eu, lui, la décence et le courage de s’astreindre à un devoir sacré de vérité. En l’évoquant, Céline Pina a, de son côté, la décence et le courage de tout faire pour « sortir de la stratégie de diabolisation des candidats qui dérangent », au nom de la liberté d’expression, au nom du nécessaire débat de fond que les politiques doivent au peuple souverain, au nom, tout simplement, de la démocratie. Puissent-ils, l’un et l’autre, être entendus.