Ce matin, j’ai eu le plaisir d’écouter Eric Zemmour dans mon poste. Il était l’invité d’Alexandre Ruiz dans une émission estivale sur l’humour. Et, au détour d’une phrase, Eric nous la joue « Caliméro » en témoignant de son découragement[1. Il a failli quitter « On n’est pas couché » et on doit à Eric Naulleau d’avoir échappé à cette catastrophe. Que ce dernier en soit remercié chaleureusement. Mon salut est sur lui, comme il aime l’écrire lui-même.]. Il a passé une année difficile et Internet, où il est insulté constamment, n’est pas pour rien dans son état d’esprit.
Et c’est là que je me suis décidé à prendre mon clavier. Pour le rassurer. Non, il n’y a pas que des gens qui le détestent sur le ouaibe ! Un blog, dont l’objet semble de lui vouer un culte, reprend toutes ses interventions télévisées et radiophoniques. Moi-même, je l’ai nommé à mes Antidotes d’Or (plus précisément, il s’agit de l’Antidote du courage politique) de décembre dernier et ai intitulé un autre trophée « Antidote zemmourien ». Je vais donc faire mieux que tout cela et appeler officiellement aujourd’hui à une candidature Zemmour aux prochaines élections présidentielles[2. D’ailleurs depuis quelque temps un groupe s’est constitué, pas à mon initiative, précisé-je, sur Faissebouque.].
On peut s’étonner d’un tel appel pour une personnalité de la presse et de la télé, lesquelles ne sont pas ménagées ici, mais il faut bien voir les choses en face. Zemmour, comme le disait un jour Paul-Marie Couteaux, nous amène à l’humilité, nous qui défendons un certain nombre de valeurs, et qui furent affublés par un célèbre quotidien véspéral du nom, qui se voulait peu aimable, de nationaux-républicains. Humilité, parce qu’en une émission du samedi soir, il est beaucoup plus efficace que nous autres avec nos tracts pendant une année pour faire passer certains messages. C’est pourquoi aujourd’hui, il se pourrait bien qu’il soit ce dénominateur commun qu’attendent souverainistes perdus et mendiant Xavier Bertrand, gaullistes authentiques dans un parti sans moyen, républicains che-vainement-tristes, et communistes auldescoules[3. Comme dirait Jérôme Leroy qui en est, justement.]. Ceux qui regrettent un temps où le Politique avait vraiment la volonté de décider, qu’il n’abandonnait pas ses responsabilités à des instances irresponsables et extra-nationales.
Eric Zemmour serait victime d’un tropisme trop droitier ? Rien n’est plus faux, même s’il cède lui-même parfois à la caricature sans doute dans un but louable de simplifier le message. Pourtant, je n’entends pas si souvent des journalistes reprendre à leur compte des analystes marxistes de l’économie comme il le fait fréquemment. Et si on l’écoute bien, on s’aperçoit qu’il pioche davantage chez Chevènement que chez Villiers. Sans doute, d’ailleurs, son admiration pour celui que certains villiéristes doivent encore surnommer l’Usurpateur, doit y être pour quelque chose.
Alors, faisons un peu – beaucoup ? – de politique-fiction. Imaginons qu’Eric Zemmour m’écoute et se porte candidat. Les parrainages ? Une formalité pour quelqu’un de cette notoriété. Les maires regardent la télé. Pas besoin de piquer Guaino à Sarko. Là, le candidat saurait écrire. Ecrire des discours républicains, bien sûr. Et écrire dans un bon français.
Allons plus loin dans la fiction. Il est élu. Chevènement, un vieux sage connaissant bien l’Etat, est appelé à Matignon par le nouveau président. Séguin est au Quai d’Orsay, André Gérin à l’Intérieur, Dupont-Aignan à Bercy. Mais on trouve aussi dans le gouvernement Maxime Gremetz et Philippe de Villiers, qui a fini par claquer la porte du comité Théodule Sarko au bout de trois réunions[4. Je vous ai dit que c’était de la fiction.]. Cela n’aurait pas de la gueule ? Allez, Zemmour ! Débarrassez-nous de Sarkozy ! Vos détracteurs n’ont pas compris que vous étiez l’anti-Sarko le plus intelligent de France. Il n’y a qu’ainsi que vous pouvez vraiment leur démontrer.
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