François Hollande n’a pas traité Xavier Mathieu de « sale type ». Le délégué CGT de l’usine Continental de Clairoix, victime d’un plan social comme tant d’autres industries hexagonales, a pourtant subi un affront bien plus blessant que toutes les insultes imaginaires dénoncées par les bouches outrées de l’UMP.
Cette semaine, Mathieu comparaissait au tribunal pour sa participation au saccage de la sous-préfecture de Compiègne, il y a deux ans de cela. Aussi condamnables soient ces faits, le refus du syndicaliste de se prêter à un prélèvement ADN est bien compréhensible. Expliquant ne transmettre son ADN « que par amour », Mathieu gardera ses cheveux et sa salive à l’abri des tubes à essai juridiques.
Son peu d’entrain à vouloir se retrouver « entre Emile Louis et Marc Dutroux » pose une question grave à notre société de surveillance. Car, quoi qu’en disent les soutiens politiques de Mathieu (Mélenchon, Joly, Arthaud et Poutou), le fichage généralisé des « suspects » en tous genres n’est pas un simple caprice de la droite libérale. C’est toute notre société de la peur, de l’hygiène et du (faux) risque zéro, qui devrait comparaître devant le tribunal de nos consciences.
Au lieu de systématiquement défendre « les libertés » au pluriel, le Parti Socialiste aurait gagné à s’interroger sur cette lourde question éthique. Mais pour cela, il faudrait que nos campagnes présidentielles passent de l’échange de noms d’oiseaux au débat de fond. On peut toujours rêver !
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