Portrait en arabesque du matador Juan Bautista par Yves Charnet, le fils prodige de Nevers
Quand on aime un auteur, en l’espèce un écrivain de la déchirure et du manque, on ne le blâme pas de trop écrire. Un écrivain est fait pour usiner, pour produire, pour se délester, pour noircir et encrer nos nuits. Vous connaissez mon admiration pour Yves Charnet, écrivain des bordures, des interstices, de la vue en éclaté, du débord syllabique et du journal implorant. Révélé par Denis Tillinac, au temps où les Hussards guerroyaient dans les antichambres de Saint-Germain-des-Prés, au temps où l’idéologie ne guidait par les poètes encartés, au temps où les dissidents s’amusaient de leur propre dissidence. Chez d’autres, le trop-plein m’ennuie, je perçois les insincérités et les roublardises inhérentes aux professions « artistiques » ; chez lui, parce que c’est un styliste, que sa phrase s’arcboute au réel, parce qu’il détourne les mots, s’en pourlèche, les tord à discrétion, que des sons étranges et nouveaux viennent tinter à notre oreille, j’admets
