La Corse est une île trop belle et la plupart de ses habitants des citoyens trop estimables pour qu’on ne se soucie pas d’elle et d’eux.
Les manifestations violentes, des blessés dont 23 CRS, le tribunal d’Ajaccio incendié, ne cessent d’exprimer, sur un mode inadmissible, la colère corse à la suite de l’agression d’Yvan Colonna – toujours entre la vie et la mort – par un djihadiste laissé seul avec lui dans la salle de musculation de la prison d’Arles. Le forcené était pourtant connu pour de multiples et violents incidents. Il a affirmé avoir commis cet acte à la suite « d’un blasphème », car sa victime aurait « mal parlé du Prophète ». Cette tentative d’assassinat a duré huit minutes et il a fallu encore quatre minutes pour qu’on porte secours à Yvan Colonna dont le comportement en prison avait toujours été irréprochable. Ce crime ne révèle, je l’espère, qu’un scandaleux dysfonctionnement pénitentiaire.
Fiasco pénitencier
Pourquoi demander à nos amis corses de cesser ces débordements qui durent trop ou au moins d’influencer favorablement ceux qui les commettent ? D’abord parce que ce drame ne concerne pas que les Corses mais l’ensemble de la communauté nationale qui s’est indignée face à ce lamentable fiasco. Cet épisode dont l’issue laisse encore place à un peu d’espoir est totalement indépendant du processus judiciaire qui a abouti à la condamnation lourde et justifiée des assassins du préfet Érignac. Se pencher aujourd’hui sur le sort d’Yvan Colonna n’est absolument pas oublier les faits sur lesquels l’amont judiciaire avait tranché.
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Une information a été ouverte pour déterminer comment une telle agression avait pu être perpétrée en prison, de la part d’un individu qui aurait dû appeler une vigilance toute particulière. Sans compter que le statut de « détenu particulièrement signalé » de Colonna aurait dû renforcer cette exigence. Une commission d’enquête parlementaire ajoutera ses investigations et son contrôle à cette procédure judiciaire. On ne peut donc pas soutenir que ce désastre pénitentiaire ait été pris à la légère. Bien au contraire.
Vers l’apaisement
Le Premier ministre a levé le statut de DPS de Colonna. La responsabilité lui en incombait puisque les possibles conflits d’intérêt du garde des Sceaux avaient imposé ce déport. J’espère que cette mesure enfin prise n’apparaîtra pas saumâtre si son bénéficiaire n’est plus là pour en jouir.
Il me semble par ailleurs que l’incarcération sur le continent a assez duré. On pourrait accepter la demande de rapprochement d’avec la Corse sur le plan pénitentiaire. Cette évolution qui ira dans le sens d’un apaisement imposera aussi que les Corses en colère et en illégalité s’engagent à un retour à la tranquillité.
Sur ce plan le délire d’une certaine jeunesse corse qui s’obstine dans le désordre et les violences – « Etat français assassin » – est aux antipodes de la sérénité qu’imposerait la gestion enfin équitable du traitement pénitentiaire des condamnés corses. Pour être jeune, on a le droit d’être intelligent !
On a parfaitement compris le message depuis quelques jours. Rien ne serait pire, pour leur cause partagée en l’occurrence par beaucoup, que la continuation d’un désordre violent devenu inutile, d’une fureur sans objet. Amis corses, ne nous rendez pas la tolérance trop difficile.