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Le monstre du Loch Ness en Normandie?

Une expo passe du yéti au moa


Le monstre du Loch Ness en Normandie?
Monstre du Loch Ness? Wikipedia. Ad Meskens.

A Elbeuf, les visiteurs de la Fabrique des Savoirs, l’ancienne usine de textile Blin & Blin transformée en musée, n’ont pas la berlue. Ils sont même sobres comme des dodos. Mais dans cette région propice aux légendes et contes populaires, croiser un yéti, le monstre du Loch Ness ou d’étranges bestioles marines pouvant mesurer jusqu’à 30 mètres, n’a rien d’exceptionnel.

Cryptozoologie en Normandie

Le fantastique et l’esprit scientifique peuvent amener à faire d’étonnantes découvertes. Jusqu’au 15 octobre, une formidable exposition, dans le cadre du programme de la Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie, s’intéresse à la cryptozoologie. Quésaco ? Bernard Heuvelmans (1916-2001), l’inventeur de cette discipline méconnue du grand public en a dressé les grandes lignes. Il s’agit de « l’étude scientifique des animaux cachés, c’est-à-dire des formes animales encore inconnues, au sujet desquelles on possède seulement des preuves testimoniales et circonstancielles ou des preuves matérielles jugées insuffisantes par certains ». C’est un peu comme des candidats honnêtes et droits, nous avons bien quelques témoignages oraux sur leur hypothétique existence. A la veillée, les anciens racontent qu’autrefois, il y eut des hommes politiques ayant le sens de l’Etat et de la nation. Les preuves de leur passage sur Terre ont peu à peu été effacées. Entre la zoologie et la mythologie, l’inventaire de la biodiversité réserve encore bien des surprises. Nombre d’espèces ont disparu, certains parlent même d’une actuelle 6ème extinction, la dernière remontait à 65 millions d’années. La tortue géante de Rodrigues, le moa, l’hippotrague bleu, le nestor de Norfolk, le lion du Cap ou la caille de Nouvelle-Zélande n’ont plus donné signe de vie. Plus près de nous, le tigre de Java dont les dernières traces remontent à 1979 fait régulièrement l’objet de rumeurs persistantes.

Le dodo, un cas d’école

Certains l’auraient vu au début de notre décennie comme Elvis et Cloclo sur une île déserte. Le charismatique dodo qui s’est éteint vers 1681 reste un cas d’école dont les écrivains et scientifiques se sont emparés pour en faire un totem. Ce lointain cousin des pigeons mesurait environ un mètre de long, il était incapable de voler. Faute de prédateurs, cet oiseau sans ailes se la coulait douce avant que les explorateurs trouvent sa chair délicieuse. Espèce jadis endémique de l’île Maurice (archipel des Mascareignes), le dodo incarne le combat pour la recherche sur les animaux disparus par extermination. A la Fabrique des Savoirs, vous apprendrez à reconnaître un ornithorynque, un dragon de Komodo ou vous familiariser avec le calmar géant « qui n’a pas livré tous ses secrets ». Saviez-vous qu’il « évolue dans la zone de 250 à 1 000 mètres de profondeur avec une longueur pouvant atteindre 18 mètres (11 mètres de tentacules) pour un poids dépassant parfois les 300 kilogrammes » ?

L’inconnu du Loch Ness

L’exposition s’aventure aussi sur le terrain des monstres aquatiques et autres serpents de mer. Après 80 ans d’investigations avec sonars et moult plongées, force est de constater que le locataire du Loch Ness n’a toujours pas montré le bout de son nez et que les fakes sur Internet pullulent. Même sentiment d’échec pour la créature mi-humaine, mi-animale, pourvue de longs poils et mesurant entre 2 et 2,50 mètres, surnommée yéti dans l’Himalaya, bigfoot dans les Montagnes Rocheuses, almasty dans le Caucase, yeren en Chine ou yowie en Australie. Aucun squelette retrouvé, malgré des témoignages nombreux et contradictoires comme dans toutes les enquêtes de police. La cryptozoologie suscite parfois les rires et les moqueries, elle n’en demeure pas moins un champ d’investigation incroyable. Notre société lasse de se morfondre dans la servitude aux marchés et peinant à envisager toute action autrement qu’en termes économiques, a besoin de réenchantement.

Tous à Elbeuf!

A l’heure des satellites, où la moindre parcelle du globe est observée à la loupe, on rêve de mettre la main sur un animal fantasmatique qui aurait vécu isolé dans son biotope, sans contact avec l’homme. Les fonds marins, territoires inexplorés, n’ont pas dévoilé toutes leurs richesses. Les mystères abyssaux demeurent. Faites donc un tour à Elbeuf (réservation possible) ou sinon procurez-vous d’urgence le catalogue de l’exposition (5 euros), le bizarre vous y attend. Vous avez dit bizarre ?

 « Yéti y es-tu ? Sur la piste des animaux énigmatiques » – Réunion des Musées Métropolitains – Fabrique des Savoirs – Exposition jusqu’au 15 octobre 2017.

Du yéti au calmar géant: Le bestiaire énigmatique de la cryptozoologie

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Journaliste et écrivain. À paraître : "Tendre est la province", Éditions Equateurs, 2024

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