Donald Trump et sa diplomatie du tourbillon n’en finissent plus de surprendre. Sommet surprise avec Kim Jong-un, tensions avec Poutine, menaces croissantes contre Téhéran : le président américain applique aux affaires du monde la brutalité de la télé-réalité. Si le récent transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem a beaucoup fait parler, un événement non moins crucial est largement passé sous les radars.
Aux États-Unis, le conseil des éditorialistes du New York Times a publié le 3 mai un texte dénonçant la guerre secrète que les Américains mènent au Yémen. Selon les révélations du New York Times, les Green Berets de l’US Army s’activent contre les rebelles pro-iraniens houthis pour défendre l’Arabie saoudite contre leurs tirs de missile. Or, le Congrès n’a pas été consulté sur l’engagement des boys, ce qui est contraire à la Constitution fédérale.
« C’est une question de sécurité vitale pour nous »
Initialement, les forces spéciales américaines devaient combattre Daech et Al-Qaïda dans la péninsule arabique, filiale de la multinationale Ben Laden qui forma jadis les frères Kouachi au maniement des armes. Mais, alliance avec les Saoud oblige, les troupes américaines ciblent désormais en priorité les tribus houthies qui ripostent à coups de missiles aux bombardements de l’aviation saoudienne.
À Riyad, faute de médias et de parlement indépendants, on est très discret sur le bilan de ce conflit qui a commencé en 2015. Sur le terrain, la capitale Sanaa échappe toujours au contrôle d’Aden, siège du gouvernement allié aux Saoudiens. Et une sécession grandit à l’est du pays. Pis, sur un plan humanitaire, les Nations unies estiment à sept millions le nombre de Yéménites souffrant de la famine et à un million les malades du choléra.
Il y a quelques semaines, les journalistes qui ont interpellé à ce sujet le prince héritier et ministre de la Défense Mohammed ben Salmane lors de sa venue à Washington ont essuyé une fin de non-recevoir cinglante. « Nous ne voulons pas passer notre temps à argumenter à propos du Yémen. Nous n’avons pas le choix, c’est une question de sécurité vitale pour nous. » D’autres questions ?