Minotaures, le livre de notre ami Yannis Ezziadi, explore ce monde singulier où on a en partage la passion du toro et de ceux qui l’affrontent. Des élevages aux arènes enfiévrées, se joue une tragédie splendide et angoissante. Cet art qui glorifie le courage et magnifie la mort est un défi à l’époque.
C’était le 16 mai 1975. Jeune reporter à TF1, j’avais accepté la proposition du directeur de l’information : « Allez nous raconter la féria de Nîmes. C’est une grande fête. On y a vu Picasso et Cocteau… il y a toujours du beau monde… »
Uniformes impeccables
Et là, maintenant, je suis planté derrière les arènes, devant la porte de service par où entrent toreros, cuadrillas, chevaux de picadors et tout le personnel des arènes. Jusqu’au balayeur, chacun s’est présenté dans un uniforme impeccable. Je suis à l’affût des moments secrets de ce spectacle que je découvre. La corrida a commencé depuis une demi-heure. Le premier combat est terminé. Les lourdes portes s’entrouvrent pour laisser passer un camion. Sur la benne ouverte gît un énorme animal noir qui baigne dans son sang. C’est le cadavre du premier toro de l’après-midi qui part pour l’équarrissage. Olivier, le cameraman, écarte l’œil de son objectif. Le camion
