Un peu avant 20h30 dimanche soir, le secrétaire national du PS chargé de l’intégration républicaine a démissionné. Vingt-quatre heures après sa nomination dans la liste du nouvel exécutif du PS. Rappelons que Yacine Chaouat avait été condamné il y a quelques années en première instance puis en appel à six mois de prison avec sursis pour violences conjugales aggravées. L’ancien ministre Thierry Mariani, s’appuyant sur un article du Parisien, tweetait : « L’intégration à coup de ceinturon ? Depuis hier, Yacine Chaouat est « secrétaire national à l’intégration »du PS. »
Je ne sais pas ce qui se passe exactement dans la tête de Jean-Christophe Cambadélis. Pensait-il que dans la France de 2015, le CV de son secrétaire national, élu du XIXe arrondissement comme lui, ne serait pas dévoilé ? A-t-il tenté le coup pour voir si ça passait ? On s’amuse à imaginer Camba et Borgel tirer au sort pour savoir à quel poste serait nommé l’ancien adjoint au maire d’arrondissement : « à l’intégration républicaine ou à la condition féminine ? ». Trêve de plaisanterie. Car le communiqué de démission de Yacine Chaouat est évocateur. Qu’on en juge : « «A la suite de ma nomination en qualité de secrétaire national adjoint chargé de l’intégration républicaine, lors du Conseil national d’hier soir, et face aux attaques sur les réseaux sociaux dont je fais l’objet et qui rejaillissent sur tout le Parti socialiste, j’ai présenté ma démission de cette fonction. J’ai commis une erreur il y a 6 ans, et la justice est passée. Après avoir payé ma dette, je regrette que l’on veuille m’appliquer une double peine. C’est avec tristesse que je constate que dans la france (sic) d’aujourd’hui on n’a pas droit à une deuxième chance quand on est musulman. »
Voilà ! Tout ça n’était qu’islamophobie et racisme. On peut comprendre son amertume. Après tout, impliqué dans l’affaire de la MNEF, celui qui l’a nommé un jour plus tôt a bénéficié non seulement d’une deuxième chance mais aussi d’une troisième après condamnations. Mais parlons de Thomas Thévenoud. Il est musulman, lui ? Chassé du Parti socialiste grâce au zèle du Premier secrétaire du PS pour avoir payé ses impôts à la bourre (ainsi que les majorations qui vont avec) ? Lui n’a pas frappé son épouse. Au contraire, cette dernière a même perdu son travail, à la suite de cette affaire. S’il y a une double peine quelque part, il faut plutôt aller la chercher de ce côté-là.
Voilà un parti où, comme le faisait remarquer un excellent connaisseur des arcanes solfériniennes, il devient impossible de ne pas mettre de -e-s dans ses communiqués et où on est très vite qualifié d’irrécupérable machiste si on oublie de féminiser un titre. En revanche, nommer un bon pote même condamné pour violences conjugales, aucun problème ! Pendant ce dimanche après-midi, j’ai attendu en vain le tweet de Sandrine Mazetier, qui avait sanctionné le député Julien Aubert, coupable de l’avoir appelée « madame le Président », le privant, sans aucune base juridique pour le faire, d’un quart de son indemnité parlementaire. Nada ! On a le sens des priorités au Parti socialiste.
On récapitule : payer ses impôts en retard et ne pas dire « madame la Présidente », c’est plus grave que de corriger sa femme à coup de ceinturon ou, par exemple, détourner l’argent des étudiants qui cotisent à une mutuelle. Qu’on imagine les cris d’orfraie si la nouvelle équipe des Républicains avait compté un élu condamné pour des faits analogues. La démission de Yacine Chaouat ne change rien. Le seul fait que Jean-Christophe Cambadélis l’ait nommé suffit à discréditer par avance son parti en matière de féminisme. Si cette affaire peut servir à quelque chose, c’est sans doute à cela : voilà au moins un sujet sur lequel le PS ne pourra plus faire la leçon de morale sans déclencher un rire nerveux.
*Photo : wikicommons.
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