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Y’a pas le feu au lac, mais…


Y’a pas le feu au lac, mais…
photo : saigneurdeguerre
photo : saigneurdeguerre

À L’HEURE où nous écrivons ces lignes, cela fait cent soixante-deux jours que le Royaume de Belgique est dépourvu de gouvernement. Enfin, pas tout à fait puisque des ministres réputés sortis par les électeurs se trouvent encore dans leurs bureaux à Bruxelles, occupés à gérer les « affaires courantes » et à exercer la présidence belge de l’Union européenne jusqu’à la fin de l’année.[access capability= »lire_inedits »]

Le roi Albert II a beau s’agiter comme un beau diable, désigner successivement un informateur, un formateur et, en désespoir de cause, un conciliateur pour tenter de former un gouvernement, ça coince et ça risque de coincer encore longtemps.

Le tireur de ficelles de cette comédie où s’agitent des marionnettes parlant le français ou le néerlandais s’appelle Bart De Wever, un Flamand joufflu et jovial qui préside la très indépendantiste Nouvelle alliance flamande. Il a gagné haut la main les élections en Flandre et les autres partis (chrétiens-démocrates, socialistes, libéraux) s’alignent derrière lui, ne bougeant pas une oreille de peur de prendre une raclée encore plus sévère lors des prochains scrutins nationaux et régionaux.

De Wever, qui est bien plus malin que les fachos du Vlaams Belang (ex-Vlaams Blok) entend atteindre son objectif, une Flandre souveraine débarrassée du boulet francophone, comme on obtient du sel à Guérande : en laissant l’eau − en l’occurrence la Belgique − s’évaporer lentement.

Alors, on fait durer les palabres, c’est toujours ça de pris, et les Belges des deux parties du pays vont finir par s’apercevoir que la vie n’est ni meilleure ni pire sans gouvernement fédéral qu’avec.
Pour berner les voisins et collègues de l’Union européenne, il est fort possible que l’on annonce, un de ces jours, qu’un premier ministre et tout ce qui va avec ont été désignés et investis par le Parlement.
Ces gens-là poseront pour une photo de famille dans la cour du 16 rue de la Loi à Bruxelles (le Matignon local), mais il manquera un Magritte pour écrire la légende de ce cliché : « Ceci n’est pas un… »[/access]

Décembre 2010 · N° 30

Article extrait du Magazine Causeur



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