Dans la veine de ses tribunes publiées dans Causeur1, l’avocat toulousain Wilfried Kloepfer aborde dans son petit opuscule la question du wokisme, analyse la contestation du principe de laïcité et questionne la problématique du « gouvernement des juges »… Réussi.
Wilfried Kloepfer, docteur en droit spécialiste en droit public, nous livre dans un court et brillant essai une analyse qui pour être pessimiste, n’en est pas moins lucide. La cancel culture a pris le pouvoir en France et cette idéologie met en péril la culture chrétienne de nos ancêtres et est à l’origine de bien des maux : dénonciation du mâle hétérosexuel blanc, islamo-gauchisme, laïcité mal comprise et communautarisme, puisque si l’on peut intégrer des individus, on n’intègre pas des peuples.
Souveraineté de l’interprète
Le problème du « gouvernement des juges » n’arrange pas la situation : le Conseil constitutionnel a réussi à s’émanciper depuis 1974 de sa mission originelle, en décidant par exemple en 2018 la valeur constitutionnelle du « principe de fraternité » sans tenir compte de la régularité de séjour sur le territoire national… Le juge est donc alors seul maître de ses décisions, ce que l’auteur nomme « souveraineté de l’interprète », qui devient créateur de normes en créant un précédent. C’est ainsi que l’on n’a pas pu refouler vers Sfax les migrants de Lampedusa en vertu d’une jurisprudence de la CEDH, et qu’une fois en Italie, ils pouvaient librement franchir la frontière française. Sur la question des transgenres, on a vu également quelques aberrations…
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Depuis quelques années, les juridictions n’hésitent plus à « judiciariser » la sphère politique au détriment du secret professionnel de l’avocat. L’affaire Bismuth et celle des « fadettes », sans oublier le fameux « mur des cons » ont mis en évidence les positions du Syndicat de la Magistrature et leur emprise sur les politiques.
Quand touchera-t-on enfin le fond pour pouvoir remonter ?
Comment remonter la pente ? L’auteur nous donne une lueur d’espoir en rappelant que ce n’est pas la première fois dans l’histoire que notre pays tutoie l’abîme : Guerre de Cent ans, guerres de religion, Révolution de 1789 et occupation allemande ont montré qu’une résistance pouvait tout sauver. Encore faudrait-il que les parents et les instituteurs enseignent aux jeunes les raisons d’aimer la France, en désignant les vrais ennemis de son identité sans se tromper d’adversaire en vouant perpétuellement le RN aux gémonies, ce qui du reste ne fonctionne pas si bien, à en croire les sondages. J’entends déjà son pas dans l’escalier…
Wilfried Kloepfer, Le Droit à la continuité historique, Vérone Editions.
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