Le Premier ministre qatari a annoncé hier la libération de 33 premiers otages israéliens du Hamas lors de la première phase de la trêve à Gaza, prévue pour débuter dimanche. L’effet Trump semble avoir été déterminant. Si les Gazaouis font bruyamment la fête, à Tel-Aviv il est plus difficile de se réjouir
Donald Trump a annoncé, enfin, un cessez-le-feu à Gaza. « We have a deal ». Ces quatre mots inaugurent peut-être une nouvelle ère, mais on est loin de la paix pour l’instant. Avant d’évoquer la grande politique et la grande Histoire, pensons aux familles d’otages qui ne savent pas si elles verront revenir un vivant ou un mort, et aux Palestiniens qui pleurent leurs morts.
Comptabilité macabre
Cet accord s’apparente à une potion amère. On rachète des innocents pris lors d’une razzia en libérant les instigateurs de potentielles futures razzias. Sinwar, l’inventeur du 7-Octobre, avait été libéré dans des conditions comparables dans le cadre de l’affaire de l’échange du soldat Gilad Shalit. Israël paie au prix fort la vie de ses citoyens, et le devoir sacré de donner une sépulture aux morts : 30 prisonniers palestiniens contre 1 otage vivant, 15 contre un corps.
Retenir dans des sous-sols des enfants, des vieillards ou un bébé de quelques mois, ce n’est pas la guerre, ce n’est pas la Résistance, c’est la barbarie. Le Hamas a aussi retenu les civils palestiniens en otage, pendant que ses combattants se cachaient dans les tunnels. Quelle armée protège ses militaires et laisse les civils seuls face aux bombes ? N’oublions pas à qui nous avons affaire.
Est-ce la fin du cauchemar pour les deux peuples ?
Comme je le disais : nous sommes loin de la paix. L’accord de trêve ne prévoit rien sur qui va gouverner Gaza, ni sur le désarmement du Hamas, lequel pourrait se reconstituer avec tous ces prisonniers libérés.
Cependant, il y a deux raisons d’être optimiste (ce sont les mêmes qui ont permis l’accord). C’est une double victoire de la force.
- La première raison, c’est Trump. L’administration Biden s’est félicitée pour la négociation, mais cet accord était en réalité sur la table depuis mai. C’est donc bien Trump qui, avant même d’être au pouvoir, a fait plier Netanyahou et le Hamas. Lorsqu’il menace de plonger le Hamas en enfer s’il ne libère pas les otages, on a des raisons de le croire. Sa présence dans cet accord signifie également qu’Israël disposera probablement du feu vert américain pour répliquer en cas de violation de l’accord ou de remilitarisation du Hamas.
- La deuxième raison, c’est le changement radical du rapport de forces. L’élimination des chefs du Hamas, la raclée infligée au Hezbollah, la destruction de la défense antiaérienne iranienne et des capacités militaires de la Syrie post-Assad ont profondément changé la donne. L’« axe de la Résistance » n’a pas bonne mine. Elle est dans les choux. Certes, cela s’est fait au prix d’immenses et terribles souffrances, mais tout comme il avait fallu bombarder Dresde ou Mossoul, il fallait détruire le Hamas. Militairement, c’est en bonne voie. Politiquement, même le Fatah accuse désormais le Hamas d’avoir sacrifié les intérêts palestiniens à l’Iran. Beaucoup de Gazaouis savent qu’ils ont payé le 7-Octobre dans leur chair.
Les faux-semblants d’ici
Quant à ceux qui, ici, continuent à faire les yeux doux au mouvement terroriste et pensent que Trump est le diable incarné, ils seront balayés par l’Histoire. Hier, la dernière idée lumineuse du député LFI Thomas Portes en est un exemple affligeant: interdire la venue en France de basketteurs israéliens… Minable à pleurer.