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«Si l’islam n’accepte pas qu’on rigole de son prophète, pourquoi reste-t-il en France?»

Entretien avec Waleed Al-Husseini


«Si l’islam n’accepte pas qu’on rigole de son prophète, pourquoi reste-t-il en France?»
Waleed Al-Husseini

Déjà au XIIe siècle, le malicieux Renart dévorait son confesseur[tooltips content= »Le Roman de Renart, Branche VII « Renart mange son confesseur » »](1)[/tooltips]. Qu’attend Ségolène Royal pour déplorer un « manque de respect » ? Sous la plume de François Rabelais, Gargantua dégustait des pèlerins en salade à Notre-Dame au XVIème siècle. « Le cœur serré, je pense au temps où Panurge ne fera plus rire », a écrit Milan Kundera plus récemment. Ce temps est-il venu ?


D’après un sondage commandé par Charlie Hebdo, la moitié des Français est contre le droit de blasphémer. Pour en parler, quoi de mieux que de faire appel à un blasphémateur aguerri ? J’ai nommé Waleed Al-Husseini. Amoureux des libertés et du rire rabelaisien, apostat de l’islam réfugié depuis huit ans en France, combattant infatigable de l’islamisme, il a bien voulu me livrer son précieux éclairage.

Waleed Al-Husseini Photo: Alexis Brunet
Waleed Al-Husseini Photo: Alexis Brunet

Alexis Brunet. Il y a cinq ans, vous publiiez votre premier livre Blasphémateur ! Les Prisons d’Allah. Vous y relatiez le tsunami dans la société palestinienne déclenché par vos articles blasphématoires alors que vous étiez blogueur en Cisjordanie. Cela vous y a valu dix mois d’incarcération et quelques séances de torture. Aujourd’hui, les proportions prises par l’affaire Mila dans la société française vous ramènent-elles à vos souvenirs de Palestine ?

Waleed Al-Husseini. Clarifions d’abord un point. Quand j’ai nommé mon livre Blasphémateur, ce n’est pas parce que je me considère ainsi moi-même. C’est ce que les autres entendent par le fait de critiquer une religion. Je ne crois pas en Dieu. Pour ma part, seule compte la liberté d’expression tant qu’on n’insulte pas des personnes. Nous pouvons donc critiquer ou insulter les religions autant que nous voulons. Dans ce sens, je suis évidemment pour le droit au blasphème. Venons en à l’affaire Mila et à votre question. En Palestine, toute la société est musulmane, y compris le gouvernement. La France est un pays laïc. Mais en France, les gens qui attaquent Mila sont les mêmes qui m’attaquent. Ils sont tous musulmans et n’acceptent pas la critique de l’islam. Mila a dit que l’islam était une religion de haine. Ils auraient dû haïr la haine pour lui montrer que leur religion est une religion de paix et d’amour comme ils le prétendent. Ils ont fait tout le contraire. Ils sont donc complètement illogiques.

Les gens qui sont prêts à perdre leur liberté d’expression au nom de leur sécurité vont perdre les deux. Quand les gens commencent à avoir peur de parler de l’islam par peur des représailles, c’est le début de l’emprise de ce dernier sur la société…

Dans un sondage commandé par Charlie Hebdo, la moitié des Français n’est pas favorable au « droit de critiquer, même de manière outrageante, une croyance, un symbole ou un dogme religieux ». Ce résultat m’inquiète autant qu’il m’a surpris. Cette moitié de Français vous semble-t-elle mûre pour être dirigée par des autorités religieuses ?

Je pense que oui car s’ils sont contre le droit au blasphème, ils sont contre la liberté d’expression. Les gens qui sont prêts à perdre leur liberté d’expression au nom de leur sécurité vont perdre les deux. L’islam politique est fort pour faire peur, pour faire taire les gens. Quand les gens commencent à avoir peur de parler de l’islam par peur des représailles, c’est le début de l’emprise de ce dernier sur la société. Si l’islamisme vient à s’installer en France, ce n’est pas parce qu’il est aussi puissant qu’il aime le faire croire, mais surtout à cause de la lâcheté d’une partie des hommes politiques et des Français.

A lire aussi: Majid Oukacha: « L’islam est une religion violente, misogyne et liberticide » 

Dans ce même sondage, près de trois musulmans sur quatre sont d’accords avec les propos du délégué général du CFCM, Abdallah Zekri : « Cette fille sait très bien ce qu’elle fait. Qui sème le vent récolte la tempête ». Cette proportion doit-elle faire peur à nos lecteurs ?

Bien sûr. Les nations ont créé Dieu pour que Dieu les protège. Mais les musulmans ont aussi créé Dieu pour le protéger eux-mêmes. C’est pourquoi ils n’acceptent pas qu’on plaisante sur leur Dieu ou sur leur prophète. Les musulmans de France oublient qu’ils vivent dans la société française, qui est moderne. En France, toute religion doit pouvoir être critiquée ou insultée librement. Si l’islam n’accepte pas les valeurs de la République, pourquoi est-il encore en France ? Il ferait mieux de partir.

Carrément ?

J’ai dit l’islam, je n’ai pas dit les musulmans.

Toujours dans ce même sondage, 85% des musulmans perçoivent un caractère raciste dans les propos de Mila. Doit-on les comprendre ?

 Bien sûr que non, c’est stupide. On ne peut pas être raciste envers une idéologie. L’islam n’est pas une personne, l’islam est une idéologie. Même en disant qu’elle ne voulait pas trop avoir de relations sexuelles avec des Arabes, ce qui a été l’élément déclencheur, Mila n’a insulté personne. Tout le monde a ses préférences sexuelles, alors quel est le problème ? Comme je l’ai expliqué dans Une trahison française, l’utilisation de ces termes de « racisme » envers les musulmans ou d’ « islamophobie » est faite uniquement pour stopper la critique de l’islam et rien d’autre.

Les politiciens ne sont pas les seuls fautifs. Trop d’intellectuels refusent encore de nommer le problème, qui est l’islam politique

Bien. Pourquoi selon vous, chez une partie des citoyens Français mais aussi des intellectuels ou des hommes politiques, l’islam apparaît comme la religion des opprimés ?

Pour moi, c’est une sorte de racisme, que je qualifierais de profond. Ceux qui se positionnent ainsi pensent que les musulmans ne peuvent pas accepter les valeurs modernes, ils pensent qu’ils sont stupides. Et ils les cantonnent dans cette position d’éternelles victimes que beaucoup de musulmans utilisent. Les musulmans ne sont pas des victimes, les musulmans sont des citoyens comme les autres qui doivent accepter les règles du jeu de notre société.

De la ministre de la justice Nicole Belloubet à Ségolène Royal, en passant par Martine Aubry ou le maire de Nice Christian Estrosi, des politiciens ont imputé le calvaire de la jeune Mila à un manque de responsabilité de sa part. Beaucoup d’autres sont restés silencieux. Il y a près de trois ans, vous dénonciez dans Une trahison française cette part des politiques qui collaborent avec l’islam radical. Aujourd’hui, qu’en est-il de cette situation ?

C’est pire. À cause de ces politiciens lâches qui refusent de combattre le problème, la situation est évidemment pire. Ils savent très bien que l’islam politique, pour grandir dans la société, demande toujours plus de droits et ils vont dans ce sens. L’islam politique s’étend de plus en plus. Il y a encore plus de zones dominées par l’islam politiques en France, je pense à ces zones bien nommées par l’appellation de territoires perdus de la République autour de Paris, dans le sud de la France, et dans le reste de la France. Depuis trois ans, cela ne s’est pas du tout arrangé, au contraire. Mais les politiciens ne sont pas les seuls fautifs. Trop d’intellectuels refusent encore de nommer le problème, qui est l’islam politique.

Le délit de blasphème a été aboli en 1791. Nos grands écrivains Gustave Flaubert, Victor Hugo, Arthur Rimbaud, ne s’en sont pas privés et en ont chacun fait usage publiquement au moins une fois. En 2020, le droit au blasphème vous semble-t-il menacé ?

Tout à fait. Et il ne s’agit pas seulement du blasphème, mais de la liberté d’expression en général. Petit à petit, nous perdons notre liberté d’expression.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Mila et les barbares

Depuis que vous êtes arrivé en France il y a huit ans, trouvez-vous que la situation a empiré ?

Bien sûr. Regardez toute cette jeunesse qui s’est liguée contre une adolescente de seize ans pour avoir insulté l’islam. Elle a simplement usé de sa liberté d’expression sans attaquer personne, elle a uniquement parlé de son expérience. Le gouvernement ne s’est pas occupé d’elle. Les médias n’ont pas forcément pris sa défense. Quant aux musulmans de France, ils doivent s’habituer à ce qu’on insulte leur Dieu ou leur prophète si on en a envie. L’humoriste qui a chanté « Jésus est un pédé » sur France-Inter a-t-il reçu des milliers de menaces de mort et a-t-il besoin d’une protection policière ? Absolument pas. Imaginez-vous la réaction des musulmans s’il avait chanté « Mahomet est un pédé » ? Encore une fois, si l’islam n’accepte pas qu’on rigole de son prophète, pourquoi reste-t-il en France ?

Dans son éditorial du dernier Causeur, Elisabeth Lévy rappelle ces propos prononcés le 15 janvier par Emmanuel Macron lors de vœux à la presse : « En France, la liberté de blasphème est protégée. Nous ne nous lasserons jamais de défendre la liberté d’expression dans toute sa plénitude ». Si vous aviez le président de la République en face de vous, que lui diriez-vous ?

Ces adolescents qui ont attaqué Mila l’ont attaquée avec seulement ce qu’ils ont : internet.

Le gouvernement doit absolument parler avec eux car si personne ne les stoppe, si le gouvernement ne les stoppe pas, ces adolescents seront les djihadistes de demain.

Ou s’ils ne deviennent pas de futurs djihadistes, ils deviendront des gens qui attaqueront physiquement n’importe quelle personne qui dit du mal de l’islam. Ceci est très dangereux pour l’avenir de notre société.

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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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