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Avec Audrey Hepburn sur les routes de France

« Voyage à deux », un chef-d'oeuvre intemporel en coffret collector


Avec Audrey Hepburn sur les routes de France
Audrey Hepburn et Albert Finney dans « Voyage à deux » de Stanley Donen (1966) © RONALDGRANT/MARY EVANS/SIPA Numéro de reportage : 51414893_000001

Avant le prochain reconfinement, évadez-vous en emportant le coffret collector « Voyage à deux » de Stanley Donen


J’ai fait un rêve. Impossible et étrange. Nous étions dans un pays où les routes étaient accessibles du Nord au Sud, sans autorisation gouvernementale préalablement signée par nous-même. Un permis de conduire valide ouvrait la voie aux déplacements motorisés. Le mouvement était libre comme les élans du cœur. La distance séparant un homme et une femme n’excédait pas la largeur d’une boîte de vitesses mécaniques. Les garçons chaussaient des Clark’s à semelle en crêpe et les filles enfilaient des pulls en shetland sur leur poitrine nue. On roulait en Combi VW ou en p’tite MG, plus tard en Mercedes Pagode quand nos finances s’améliorèrent. Parfois, des soucis de carburation nous imposaient de faire de l’auto-stop. Il n’était pas rare de monter à l’arrière d’une bétaillère ou de se balancer sur la remorque d’un tracteur. La campagne défilait plus lentement, le paysage était prétexte aux baisers volés et au rhume des foins. D’année en année, nos bords de mer se transformèrent, à coups de pelleteuses, en zones pavillonnaires. Et la ruralité devint le symptôme des nouveaux espaces abandonnés.

Le monde d’avant en cabriolet

Avant les crises identitaires et les dévaluations monétaires, on buvait du vin rouge en avalant des œufs durs pour supporter l’incandescence d’un amour naissant. Puis les restaurants gastronomiques et la tyrannie des guides ne suffirent même plus à raviver la flamme d’une union désordonnée, ni à apaiser notre appétit. Le couple était l’avenir de l’Homme avec tout ce que ça comporte de désillusions sincères et de faux emballements. On s’y accrochait, faute de mieux, comme nos parents avant nous l’avaient fait. Nous étions en 1967 dans « Voyage à deux » en compagnie d’Audrey Hepburn et d’Albert Finney.

Stanley Donen (1924-2019) nous faisait la visite d’un pays en proie aux changements, sur le mode de la déliquescence douce et de la curiosité champêtre. C’était bien de nous, du royaume de France, que le réalisateur américain, cet autre roi de la comédie musicale, parlait en sous-texte. Notre nation était le décor d’un road-movie sentimental, sorte de puzzle désarticulé couvrant dix ans d’une relation tempétueuse entre une brunette terrible et un blondinet agaçant.

Une édition collector pour découvrir un chef-d’oeuvre

Avec Henry Mancini à la baguette, Donen décryptait les incertitudes du couple en brouillant la chronologie. Au-delà de la prouesse technique et de la maîtrise du scénario, on voyait se faire et se défaire devant nos yeux, ce couple parfaitement désaccordé et puis, sous l’effet d’un regard, se solidifier par miracle. Cette fois-ci, après les raffinés Fred Astaire et Cary Grant, Donen avait décidé de mettre son actrice vedette dans les bras d’un héros plus ordinaire, la mauvaise humeur de l’ouvrier anglais et les manières rustres de l’américain ambitieux. Signe des temps, la démocratisation était passée par là. Audrey s’amouracherait donc d’un type en sac à dos et bonnet à pompon.

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Il y a tant de raisons de s’offrir le coffret de luxe collector « Voyage à deux » (limité à 2 000 exemplaires) qui comprend entre autres, la version du film en DVD et Blu-Ray, des cartes postales exclusives, un guide illustré sur la genèse et le tournage par les historiens du cinéma Adrienne Boutang et Marc Frelin ainsi que des bonus vraiment délicieux comme le scénariste Frederic Raphael racontant dans un français divin l’écriture du film. Faisons durer Noël jusqu’à la fin janvier ! Avec toutes les tuiles qui nous tombent sur la tête, nous y avons pleinement droit.

Audrey Hepburn, pour toujours

Et puis « Voyage à deux » permet de revoir Georges Descrières en playboy de la Côté d’Azur, Claude Dauphin en milliardaire moustachu ou encore Jacqueline Bisset en étudiante-scout à chemise vichy. Mais le principal attrait de ce voyage demeure Audrey en marinière, en espadrilles, jouant au ping-pong, nageant dans la Méditerranée, en robe de soirée ou en trench-coat, cheveux courts ou longs, fidèle ou infidèle, rieuse ou boudeuse, jamais vulgaire, jamais banale. Comment se lasser de cette intensité-là que les gens appellent communément la beauté ?

Coffret DVD + Blu-Ray « Voyage à deux » de Stanley Donen avec Audrey Hepburn et Albert Finney – Wild Side Video



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Journaliste et écrivain. À paraître : "Tendre est la province", Éditions Equateurs, 2024

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