Que vous soyez prof, professionnel de la santé, ancien membre du gouvernement Hollande, stagiaire à BFMTV ou patron de bistro, il y a des mesures d’urgence à adopter pour tirer parti de cette fichue crise sanitaire!
Ça y est. Nous y sommes, en plein milieu de l’épidémie de Coronavirus, nouveau fléau venu d’Asie après le SRAS, la peste noire, la perche à selfie et Gangnam Style (3 543 988 873 d’infectés à travers le monde selon Youtube).
Désormais, c’est la psychose, l’anxiété et le règne du principe de précaution.
Vous êtes tous invités à rester chez vous et à adopter les mesures qui s’imposent : rester chez vous ; mais aussi : rester chez vous ; sans oublier de : RESTER CHEZ VOUS.
Si vous êtes atterré par la perspective de cohabiter avec les gosses 7j/7 et 24h/24 pendant encore un mois (soyons optimistes) ou si vous êtes déprimé parce que vous vous retrouvez au chômage technique, la période qui suivra sera très riche en opportunités. Naturellement si vous êtes encore là ! Il faudra seulement être malin et savoir les saisir pour surfer sur la vague de la post-apocalypse. Tour d’horizon des mesures d’urgence à adopter après la fin de l’épidémie.
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Vous êtes prof
Vous avez sauté de joie à l’idée de ne plus revoir vos sales élèves pendant trois semaines ? Vous avez rapidement déchanté en passant vos journées à composer des cours et des devoirs en ligne, tandis que les gens vous méprisaient encore plus que d’habitude en vous traitant de sale feignasse ?
L’heure de la vengeance sonnera bientôt ! Pendant que vous trimiez à taper tous vos cours ou à essayer de comprendre comment fonctionne la plateforme de cours en vidéo et à distance de l’Éducation nationale, à laquelle personne ne se connecte de toute façon, vos élèves auront passé cinq semaines (en comptant les vacances scolaires) A NE RIEN FOUTRE.
Vous pouvez être sûr que la plupart n’auront même pas daigné ouvrir les jolis récapitulatifs de cours placés semaine après semaine sur « l’environnement numérique » de votre bahut. Quant à vos rares tentatives vidéos de cours en ligne, vous pouvez être sûr qu’elles auront moins de succès que certains films de Benjamin Griveaux. Mais ces petites enflures qui vous ont refilé le Corona juste avant la fermeture de votre établissement vont rapidement déchanter quand 1) ils vont s’apercevoir que vous êtes toujours vivant, 2) ils vont découvrir le devoir sur table coefficient 15 portant sur des chapitres du cours dont ils n’ont jamais entendu parler.
Ce sera à votre tour de rigoler, pas trop fort tout de même pour éviter la quinte de toux fatale.
Vous êtes restaurateur ou patron de bar
Cette fois c’est la fin. Vous avez monté un commerce en octobre 2018. Vous avez réussi à survivre aux gilets jaunes et aux grèves des transports sans mettre la clé sous la porte et vous repreniez doucement espoir jusqu’à l’arrivée de ce foutu virus qui va à coup sûr mettre par terre votre gargote.
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Détrompez-vous ! Au lieu de pleurnicher sur votre comptoir comme Florence Foresti aux Césars, vous devriez déjà être en train de commander de la bière par camions entiers pour inonder votre clientèle de Coronarita, Corona Sunrise, Corona Sunset et tous les cocktails que vous pouvez imaginer à base de Corona, qui couleront à flot lors de la CORONA FUCKING FIESTA organisée dès la réouverture du bar ! Dès la fin de l’épidémie, le festivisme inconscient et irresponsable reprendra ses droits. Les gens auront soif de débauche, de sexe et de teuf jusqu’à plus d’heure et surtout ils auront SOIF ! Préparez-vous sans attendre pour l’interminable fête de fin de quarantaine et les cohortes de soirées « Covid ton verre », « Covid-toi la tête », « Corona No More » et « Virus Party » qui se succéderont jusqu’à la prochaine pandémie mondiale.
Les affaires vont vite reprendre et vous aurez le temps de vous faire assez de pognon pour pouvoir envisager une retraite précipitée, à l’abri sur une île paradisiaque quand les choses sérieuses commenceront vraiment !
Vous faites partie du personnel hospitalier
Vous n’êtes pas à la fête ces derniers jours, c’est le moins qu’on puisse dire. Quand tous ceux qui bombaient le torse et faisaient les malins se sont précipités à l’hôpital à la première toux par paquets de mille, le système hospitalier s’est retrouvé à deux doigts de la saturation et vous avec. Mais il faut voir le bon côté des choses. Quand cette foutue épidémie sera passée et que vous aurez dormi trois jours d’affilée pour rattraper les heures de sommeil perdues, vous serez le roi des soirées et votre conjoint ou votre conjointe vous regardera avec des yeux humides d’admiration. On vous paiera sans arrêt des coups dans les bars et c’est tout un peuple de labradors reconnaissants qui sera à vos pieds pour le restant de votre vie, enfin disons au moins six ou sept semaines (c’est le temps pour que les gens oublient et se remettent à se plaindre et à traiter les autres comme de la merde).
Et puis Emmanuel Macron a annoncé qu’il ferait (enfin) un geste envers le secteur hospitalier et les personnels de santé, eut égard aux services rendus à la nation. Il ne mentirait quand même pas dans de telles circonstances non ?
Vous êtes le stagiaire de BFMTV
Vous voulez « devenir reportaire de térin » depuis que vous êtes tous petit.
Voilà c’est l’occasion, l’épreuve du feu est là. Vous allez pouvoir passer des heures à vous les geler devant une bretelle de périph’ déserte pour un reportage de terrain sur la diminution de la circulation pendant le confinement. Puis vous irez attraper le Corona dans le hall d’un hôpital où votre chaîne vous aura dépêché pour aller récolter un peu de larmes, de peur et de fatigue pour les heures de grande écoute et pour qu’Alain Duhamel puisse pontifier à loisir. Mais ne perdez pas espoir. Avec de la chance, le virus fera peut-être un peu le ménage dans la rédaction et vous pourrez espérer vous hausser du col pour faire un jour autre chose que des sujets de merde sur l’annulation des Comices agricoles du Neubourg (Eure) à cause du Corona.
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Un jour peut-être vous deviendrez Alain Duhamel à la place d’Alain Duhamel.
Vous faites partie du gouvernement
Ne nous cachons pas la vérité : cette gestion de crise a été si merdique de haut en bas qu’elle laissera peut-être une nouvelle expression dans le parler populaire. On ne dira plus « tu as vraiment merdé » mais « tu as macroné sévère ». Entre cette évaporée de Buzyn qui a tranquillement jeté une grenade dégoupillée au milieu de la majorité LREM ou l’incompréhensible pénurie de masques chirurgicaux qui pèse si lourd aujourd’hui, toute la Macronie du sol au plafond semble infectée par le Conovirus-2020. Vous pouvez prier pour que ça se tasse en sortie de crise mais franchement il y a peu de chances. Cette fois ça c’est vu.
Emmanuel Macron est peut-être toujours aussi exalté et plane au-dessus du champ de bataille de sa guerre sanitaire, shooté au lyrisme médical et à la solidarité européenne, mais vous savez vous quelle sera la première mesure d’urgence à prendre dès la fin de ce foutu confinement : prendre un aller simple pour quitter la France au plus vite avant que ça commence à macroner vraiment dur et que la tempête ne s’abatte aussi sur vous. Vous pourriez vous mettre en coloc avec Valls à Barcelone.
Vous étiez membre du gouvernement sous Hollande
Vous n’avez pas attendu Macron pour macroner sévère, du temps du président Normal Ier. Ancienne Ministre de la Santé, ancien conseiller chargé de la sécurité sanitaire de l’ancienne Ministre de la Santé, quand « l’union sacrée contre le Covid » n’aura plus cours, cela sera difficile de justifier la décision prise en 2013 de supprimer un stock d’un milliard de masques pour s’orienter vers une délocalisation de la production… en Chine.
Et au moment où on vous demandera de fournir rapidement des explications convaincantes, ce ne sera pas possible de se planquer derrière un masque FFP en espérant qu’on vous oublie. Vous pourrez toujours prendre vous aussi un aller simple pour Barcelone comme vos copains de l’actuel gouvernement. Mais les Espagnols vont peut-être finir par en avoir marre de donner asile à toutes les ganaches de la politique française.
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