Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ? La meilleure solution pour ne léser aucun candidat et pour ne se fâcher avec personne dans les dîners en ville, c’est bien évidemment de voter pour toutes les listes en présence !
Il faut bien sûr voter UMP si l’on fait partie de la majorité. Or il est indéniable que la majeure partie d’entre nous appartenons, par définition, à une majorité. Mais il faut aussi voter UMP si on sait compter, et qu’on n’a pas envie, par strict respect pour les lois de l’arithmétique, de voir ladite majorité hurler à la victoire totale dimanche soir avec seulement 25 ou 28 % des voix alors qu’elle était à 53% il y a deux ans. Je sais bien que tout est relatif, y compris en matière de majorité, mais de là à faire passer un petit quart pour une grosse moitié…
Il faut voter PS parce que Dominique Reynié a dit vendredi dans Libération que Martine Aubry n’avait pas de vrai projet européen et que Dominique Reynié se trompe toujours sur tout. En Ile-de-France, il faut encore plus qu’ailleurs voter PS parce que Benoit Hamon est mignon, qu’il n’a pas peur d’insulter les journalistes et qu’il supporte depuis deux mois l’envahissante vacuité d’Harlem Désir sans broncher : tout ça mérite quand même une récompense…
Il faut voter Modem pour circonvenir les anarchistes pédophiles allemands, même pas fichus de vousoyer le futur président de la République et d’acquiescer benoîtement quand il enfile contrevérité sur contrevérité. On notera au passage que si l’aplomb dans la mauvaise foi et la croyance inébranlable dans la répétition qui vaut raison signent l’homme d’Etat français, alors François Bayrou est presque aussi apte que Nicolas Sarkozy et même que Jacques Chirac
Il faut voter Europe-Ecologie parce qu’après avoir vu Yann Arthus Bertrand faire partout la promo de Home, son spot publicitaire pour PPR, on se dit que, finalement, Nicolas Hulot n’est pas si crétin que ça… Accessoirement, dans un élan de générosité intereuropéenne, c’est faire œuvre pie que de débarrasser les malheureux Norvégiens de la présence d’Eva Joly sur leur sol national.
Il faut voter Libertas et Philippe de Villiers, pour empêcher la Turquie de nous imposer ses kebabs graisseux, ses plombiers même pas polonais et ses lois contraires à la dignité humaine (Sait-on, par exemple que la Cour suprême de ce pays persiste à interdire le port du hidjab dans l’enceinte des universités !).
Il faut voter NPA pour ne pas désespérer Oberkampf. C’est déjà assez pénible pour un prof de collège lambda d’avoir loupé trois fois de suite le CAPES de Lettres modernes, si en plus on lui enlève la perspective de diriger la France, l’Europe et le Monde…
Il faut voter Front de gauche pour redonner son sel à l’anticommunisme primaire. Quand le PC est à 3%, l’homme de goût se retient de tirer sur une ambulance. Un PC à 7%, on peut recommencer à lui dire ses quatre vérités. Lui rappeler qu’il n’a même plus de communiste ni le bruit, ni l’odeur, que MGB et sa clique de charlots ne se posent pas vraiment là pour incarner le spectre qui hante l’Europe.
Il faut voter Front National parce que si son parti fait un bon score, ni rien ni personne n’empêchera Jean-Marie Le Pen de se représenter à présidentielle de 2012, où une fois de plus il sera le seul à incarner le changement véritable…
Il va de soi que cette liste de listes n’est pas exhaustive et que selon la région où vous vous trouvez, vous pourrez glisser de 11 à 27 bulletins dans la même enveloppe. Voilà, à mon avis, le meilleur moyen de faire prospérer notre démocratie, et qu’on ne vienne surtout pas me dire que ce type de vote est carrément nul.
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