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Vol à l’étalage: double peine pour les commerces!

Quelles solutions pour contrer l'augmentation des vols à l'étalage ?


Vol à l’étalage: double peine pour les commerces!
© Dinendra Haria/LNP/Shutterstock/SIPA

Ras le vol, clament de nombreux commerçants, qui ne prennent parfois même plus la peine d’aller porter plainte! Un député propose d’autoriser en France la pratique du « name and shame » pour éloigner les voleurs des boutiques. 


Quand il est question de « vol à l’étalage », la plupart d’entre nous pensent « chapardage ». S’impose alors la vision de petits voleurs, davantage opportunistes que réels délinquants. Parfois même aurons-nous, consciemment ou non, une vision misérabiliste et victimaire du voleur, poussé à l’acte par la faim ou le besoin. Un vol, certes, mais pas très grave, bien loin du vol avec violence ou du braquage. Pour un peu, on entendrait la voix, fort heureusement lointaine, de Sandrine Rousseau déclarer, comme lors des émeutes de juillet 2022 : « Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté ? ».

Tu as volé l’orange du marchand…

C’est malheureusement à cause de biais de ce genre que les commerçants français vivent actuellement un véritable enfer, entre laxisme des institutions et indifférence voire mépris de l’opinion publique. La réalité est bien différente : le vol à l’étalage en France est majoritairement pratiqué par des professionnels de ce délit, souvent en bande, selon des schémas bien rodés, les amenant à changer régulièrement de villes. Le butin de ces vols, qui s’apparentent parfois à de véritables razzias, alimentent des réseaux de vente parallèles en France ou à l’étranger. Nous sommes bien loin de l’image d’Épinal du petit voleur de pommes. Ce fléau concerne l’ensemble des commerces, de la plus grande enseigne au petit commerce indépendant de quartier.

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Mi-octobre, une vidéo montrant des tablettes de chocolat sous blister antivol dans un Monoprix de Marseille a fait le buzz, mais si beaucoup ont souligné le cocasse de la situation, peu de gens se sont émus de la justification de l’enseigne qui a alors indiqué se faire actuellement voler pour plus de 500€ par mois dans ce seul rayon ! Les derniers chiffres fournis par le Ministère de l’Intérieur remontent à 2022 et montrent une augmentation des vols à l’étalage de 14 % cette seule année, un chiffre identique dans les grandes villes et les zones plus rurales. Hélas, le Ministère de l’Intérieur n’a, pour le moment, pas divulgué de statistiques plus récentes malgré les demandes récurrentes de M. Jérôme Jean, ancien commerçant et président du collectif « Ras Le Vol », association qui œuvre depuis début 2023 pour défendre les intérêts des commerçants victimes de vols. Ce dernier relativise cependant la représentativité de ces chiffres qui seraient vraisemblablement très en dessous de la réalité puisque beaucoup de commerçants, dépités,  ne prennent même plus la peine de porter plainte. 

Sentiment d’humiliation et d’impuissance

Pourquoi un tel découragement face à des actes qui, par leur ampleur ou leur récurrence, peuvent  pourtant mettre en péril une entreprise et le projet d’une vie ? Selon Jérôme Jean, « on a d’un côté une police qui manque de moyens, et, de l’autre, une justice qui ne condamne pas, ou si peu. » En effet, les commerçants se sentent réellement abandonnés par les pouvoirs publics. Les rares passages au tribunal se soldent souvent par de simples « rappels à la loi ». Au-delà du préjudice financier, ces vols à l’étalage et l’impunité de leurs auteurs ont un réel impact sur le fonctionnement de l’entreprise (tensions dans les équipes de vente, difficultés d’organisation) ainsi que sur la santé mentale des commerçants qui affirment ressentir au quotidien un fort sentiment d’insécurité, d’humiliation et d’impuissance.

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En janvier 2024, le député de l’Ain Romain Daubié a déposé une proposition de loi relative à la sécurité des commerçants dans l’exercice de leurs activités. Il demande une modification de l’article L.226-1 du Code pénal pour que « le consentement des personnes pénétrant dans des commerces […] ayant recours à la vidéo protection soit présumé ». En effet, de nombreux commerces sont désormais équipés de matériel de vidéosurveillance mais cela se retourne parfois contre eux lorsqu’ils sont tentés de diffuser sur les réseaux sociaux ou d’afficher à l’entrée de leur magasin les images des voleurs. Cette pratique, surnommée le « name and shame » dans les pays anglo-saxons, est déjà légale dans beaucoup de pays et semble porter ses fruits, notamment en Angleterre, mais force est de constater qu’en France le droit à l’image semble primer sur celui de la propriété. Jérôme Jean se souvient notamment de cette commerçante récemment condamnée à verser à ses voleurs plus de 1000€ de dommages et intérêts alors que ceux-ci n’avaient écopé pour leur délit que d’un simple rappel à la loi. Une autre commerçante, dans l’Allier, a eu, quant à elle, la mauvaise surprise de recevoir un courrier d’avocat défendant le droit à l’image de ses deux voleuses et exigeant le retrait des images qu’elle avait publiées sur les réseaux sociaux. Ces cas sont loin d’être anecdotiques et isolés. Il semblerait bien que nous assistions en France à une aberrante inversion des valeurs. La proposition de loi n’a pas encore été débattue mais nul doute que certains députés feront leur cheval de bataille de défendre le sacro-saint droit à l’image, défendront et plaindront les voleurs. Il ne faudrait quand même pas que ces petits anges ressentent une quelconque honte ou gêne, suite à la diffusion des accablantes images ! Cela risquerait de leur donner envie de revenir dans le droit chemin !

Des solutions de lutte contre le vol à l’étalage sont pourtant bel et bien présentes dans la loi. Depuis un an et demi, les policiers ont le droit, devant un flagrant délit de vol pour un préjudice inférieur à 300€, d’appliquer immédiatement une AFD (Amende Forfaitaire Délictuelle) d’un montant de 300€ sans poursuites judiciaires. L’usage de l’AFD permet de désengorger les tribunaux, de faciliter le travail des policiers mais également de sanctionner immédiatement les auteurs et limiter ainsi le risque de récidive. À part dans quelques villes telles que Lille, les AFD semblent malheureusement peu utilisées. Preuve là encore que la France ne manque pas d’outils judiciaires mais d’une réelle volonté politique de les appliquer. En 2024, les voleurs ne sont plus des chapardeurs de pommes. Ils agissent en toute impunité et s’offrent les services des meilleurs avocats. À ce rythme-là, ils se payeront bientôt le culot, après leur passage, de mettre des mauvais avis sur Google. Commerçants, n’oubliez pas de sourire !



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