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Voile: a-t-on le droit de dire «merde» au Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU?

Pas de hijab aux JO de Paris 2024 : l'ONU vient de rappeller son opposition de principe, faisant la joie des médias pro-islam


Voile: a-t-on le droit de dire «merde» au Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU?
La championne américaine d'escrime Ibtihaj Muhammad n'apparait jamais sans son voile islamiste. Rio, 4 août 2016 © Andrew Medichini/AP/SIPA

Laïcité. La ministre des Sports a confirmé que les athlètes qui représenteront les couleurs de la France à Paris 2024 ne pourront pas concourir voilées. Malgré l’article 50 du CIO tout à fait explicite quant à l’interdiction formelle de manifester un soutien religieux sur un site olympique, le voile islamique est présenté par beaucoup de pays et de militants comme un accoutrement culturel et pas comme un signe distinctif cultuel… Selon Céline Pina, la position de l’ONU sur la question du hijab promeut bien l’asservissement des femmes au nom de la religion.


« De manière générale, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme estime que personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non », a déclaré la porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Marta Hurtado, en réponse à une question lors du point de presse régulier de l’ONU à Genève. Si vous pensez que le Haut-commissariat aux droits de l’homme fait cette sortie en soutien aux courageuses Iraniennes qui se font tuer, violenter et violer parce qu’elles refusent de porter cet objet d’oppression qu’est le voile, vous avez tout faux ! Si Marta Hurtado a sorti grandes orgues et violons, ce n’est pas pour défendre la liberté et l’égalité des femmes, c’est pour tenir la main de leurs bourreaux et les aider à mieux les ensevelir sous le hijab. En effet, si l’ONU se laisse pousser le courage, ce n’est pas pour s’en prendre aux mollahs, mais pour attaquer la France. Notre crime : avoir interdit aux athlètes françaises de porter le voile islamique aux Jeux Olympiques en France.


Le haut-commissariat aux droits de l’homme reprend les éléments de langage des islamistes

Pour cela, la porte-parole du Haut-Commissariat reprend les éléments de langage des islamistes canal Frères musulmans et présente donc un asservissement réel comme une liberté : celle de s’habiller comme on le veut. Sauf qu’un uniforme/symbole comme le voile n’est pas un vêtement, c’est une marque de soumission et un message univoque adressé à l’extérieur.

Une femme peut avoir des raisons différentes de se voiler. La plupart du temps, conditionnement, obscurantisme et oppression sont à la base de ce soi-disant libre choix.

Mais quelles que soient ses motivations, le message que la femme envoie à l’extérieur est celui de son impureté (son corps est une provocation, elle est réduite à un sexe sur pattes) et de son statut d’inférieure.

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La multiplication des voiles est un marqueur de l’emprise islamiste et n’augure jamais rien de bon pour la liberté des femmes. Autre élément de réflexion : un vêtement ça se change, on peut un jour sortir en short, un jour en robe, le lendemain en jupe. Essayez donc de porter le voile quand cela vous chante, un jour sur deux, deux fois par semaine… Vous allez vite faire la différence entre une marque d’appartenance et de soumission à une idéologie religieuse et le port d’un simple vêtement.

Refuser l’égalité aux femmes au nom de la liberté religieuse

Avec le voile, il n’est pas question du choix vestimentaire des femmes mais bel et bien de mise en avant du refus de l’égalité à raison du sexe. Le voile est un manifeste sexiste. Il refuse que l’égalité puisse être à la base d’un contrat social. Sexisme et racisme partagent la même logique et lorsque l’on accepte l’un, on finit à terme par accepter l’autre. Or si la Seconde guerre mondiale a basculé dans la barbarie et le crime contre l’humanité, c’est bien parce qu’elle refusait de reconnaitre que les êtres humains avaient en partage la même dignité. Aujourd’hui l’ONU affirme donc que l’on peut refuser l’égalité aux femmes si on le fait au nom de la liberté religieuse.

La position de la Haut-commissaire est donc soit stupide, soit entachée d’inculture, soit cynique. Le cumul des trois n’étant pas incompatible pour une institution qui a nommé en 2015 l’ambassadeur de l’Arabie saoudite à la tête du panel du Conseil des droits de l’homme (chargé de nommer les experts destinés à instruire les atteintes constatées aux droits de l’homme dans le monde). Cette année-là, en plus du statut d’éternelles mineures dévolu aux femmes qui est la base de sa vision du monde, l’état wahhabite avait décapité ou pendu au moins 80 personnes.

Enfin et surtout, l’instance internationale montre qu’en cas de conflit de valeur, elle choisit toujours le camp du plus fort, ici celui de l’oppresseur. Dans le cas qui nous occupe où il y a une tension entre l’égalité (et la liberté) des femmes et la « liberté » religieuse, elle choisit de ne pas défendre les droits attachés à la liberté individuelle pour renforcer les théocraties et la violence dogmatique. Or, porter le voile n’est pas le marqueur de l’exercice d’une liberté. C’est le renoncement au libre arbitre pour la soumission à l’orthopraxie, une conduite conforme au rite. Alors que les droits de l’homme sont là pour garantir un socle minimal de droits aux individus, le Haut-commissariat, en faisant passer la liberté religieuse avant la liberté et l’égalité des femmes, trahit sa mission. Le pire est qu’il se met ainsi au service de l’asservissement en invoquant la liberté.

Quand l’ONU finit par cautionner l’oppression

L’ONU est décidément un « machin » de plus en plus contestable et ridicule quand elle se mêle d’édification morale alors qu’elle n’a ni les moyens, ni l’intelligence nécessaire pour tenir lieu de repère dans un monde en décomposition. Elle est ivre d’elle-même et s’exalte de ses principes mais elle les piétine souvent par pure bêtise et médiocrité.

Le discours sur la liberté religieuse, qui masque en fait le soutien porté à une seule religion, est étrange tant le statut de la femme dans les pays où règne l’islam est incompatible avec la notion d’égalité entre les êtres humains. Mais cela n’interpelle pas l’ONU qui se moque éperdument qu’au nom de leur infériorité et de leur impureté intrinsèques, les femmes sous le joug islamiste puissent être vendues petites filles à des hommes âgées, n’aient pas le droit de sortir sans être accompagnées d’un homme, de faire des études ou d’exercer un métier. Dans le meilleur des cas, sous le joug islamique, les femmes voient leur parole être estimée à la moitié de celle d’un homme, comme leur part d’héritage. Mais joug islamiste ou islamique, la femme ne jouit pas des mêmes droits ni libertés que les hommes et cela à raison de son sexe. La culture musulmane est sexiste et ce sexisme se traduit dans la loi. C’est là qu’il y a conflit de valeur et incompatibilité entre la culture française et la culture musulmane. On peut penser que toutes les cultures se valent et qu’elles ont toutes leurs logiques, on peut penser aussi que des cultures qui reconnaissent l’égalité en droit et le traduisent dans leur contrat social sont plus épanouissantes que celles qui traitent une partie de leur population en inférieure. On peut penser aussi que certains musulmans viennent chercher en France ces libertés, cette égalité et ce libre arbitre qui n’est pas au cœur de leur société politique et viennent aussi chercher chez nous une autre façon de concevoir la citoyenneté et la place du religieux.

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Chez nous, l’accès à la citoyenneté se fait par la reconnaissance de l’égalité en droit. Cette notion n’existe pas, encore aujourd’hui, dans la société politique musulmane. Le voile est le symbole de ce refus de l’égalité et de la fierté qu’ont certaines cultures à mépriser les femmes et à ériger le sexisme en norme cultuelle et culturelle. Ce sont ces sociétés-là qui sont aussi souvent les plus racistes. Ce qui est logique : quand on refuse l’égalité à raison du sexe, pourquoi s’arrêter là ? En général on la refuse aussi à raison de la religion (ainsi dans les pays musulmans, les pratiquants d’autres religions doivent payer un tribut pour vivre dans une terre où l’islam est religion d’état, on appelle cela la dhimmisation).

Quand l’ONU défend le refus d’accorder l’égalité aux femmes

On est là en présence de faits matériels, connus, renseignés. Dans un cas flagrant où la dignité humaine est niée. Le voile est un outil sexiste, il n’a pas à être défendu au nom des droits de l’homme, sinon autant défendre le port des chaînes et l’esclavage au nom du droit des Etats à améliorer leur situation économique.

Ce qui est choquant, c’est que l’ONU est née en réaction à la deuxième guerre mondiale, en réaction aussi à l’horreur de la Shoah et des camps de concentration. Elle est une tentative d’empêcher qu’à nouveau on conteste aux êtres humains le fait d’être égaux en droit, que ce soit au nom du sexe, de la couleur de peau, du statut social, de la pratique religieuse ou de son absence… Là est le cœur de la légitimité de l’ONU et du haut-commissariat aux droits de l’homme.

Et on arrive à cette situation ridicule où une démocratie comme la France, attachée à l’égalité des êtres humains, devrait donc rendre des comptes car une religion réclame de pouvoir traiter les femmes en inférieures sur son propre sol ?

L’ONU se prend les pieds dans le tapis de son incohérence

Et l’histoire devient franchement ubuesque quand la pauvre porte-parole du Haut-commissariat en arrive à dire tout et son contraire dans cette conférence de presse.

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Ainsi elle rappelle que la Convention pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes fait obligation à toutes les parties – dans ce cas la France – de prendre « toutes les mesures appropriées nécessaires pour modifier tout modèle social ou culturel fondé sur l’idée d’infériorité ou de supériorité de l’un ou l’autre sexe ». Or c’est justement ce que fait la France en interdisant le hijab ! Elle est un des rares Etats à faire preuve de courage et de justesse en la matière, et l’ONU devrait plutôt la féliciter.

Mais, quand on a été capable de mettre des dirigeants aux mains dégoulinantes de sang à la tête d’une instance onusienne liée aux droits de l’homme, pourquoi ne pas prendre aussi la défense du sexisme et de l’asservissement de la femme… Surtout quand ceux qui promeuvent cette logique ont les poches qui débordent de billets et savent convertir l’opulence en influence. C’est ainsi que la France, qui défend l’égalité et la liberté des femmes est condamnée par l’ONU qui préfère, elle, défendre le droit de les traiter en impures et en inférieures en les voilant. Amis de la liberté et de l’égalité, choisissez votre camp !

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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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