En déplacement à Strasbourg, Macron a soutenu l’idée qu’on pouvait tout à fait défendre l’égalité « femmes-hommes » et porter le voile islamique. Et après, le même nous dira sans doute que c’est son adversaire qui défend des « vérités alternatives »…
De toute évidence, Emmanuel Macron ne comprend rien au voile, ni au féminisme. A moins, bien sûr, qu’il ne les comprenne parfaitement, et choisisse la compromission avec l’absurde par pur électoralisme. En déplacement hier à Strasbourg, il a été interpellé par une femme voilée lui demandant s’il était féministe, et s’affirmant elle-même féministe et favorable à l’égalité femmes-hommes. Et le candidat de s’en réjouir, et de prétendre y voir « la meilleure des réponses à toutes les bêtises que j’entends », évoquant la volonté de Marine Le Pen d’interdire le port du voile islamique dans l’espace public.
Macron, le candidat qui refuse l’assimilation
Rien d’étonnant, au fond, de la part de quelqu’un qui s’est dit favorable à l’intégration mais contre l’assimilation, et donc profondément multiculturaliste. On se souviendra que sa majorité a déjà refusé l’interdiction du hijab dans les compétitions sportives, refusé son interdiction pour les accompagnatrices dans le temps scolaire, et même refusé son interdiction pour les fillettes !
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Pendant ce temps, un peu partout dans le monde, des femmes se battent pour le droit d’enlever le voile, de l’Iran aux quartiers islamisés de France. Pensons à celle qui avait ôté le sien devant Éric Zemmour pour lui prouver qu’elle était libre : elle fut placée sous protection en raison des menaces qu’elle reçut aussitôt au nom de la « religion de paix et de tolérance », démontrant ainsi involontairement que c’était bien le candidat de « Reconquête ! » qui avait raison.
Le néoféminisme et l’islamisme victimaires font bon ménage
Qu’en est-il de celle avec qui Emmanuel Macron a eu ce bref mais révélateur échange ? Elle se dit féministe, mais on sait depuis l’intersectionnalité et Lallab que ce mot ne veut, hélas, plus rien dire. Peut-on être féministe, quand on exhibe ainsi fièrement le symbole ostentatoire de l’assignation des femmes à une minorité perpétuelle dans tant de pays ?
Un étendard idéologique arboré dans l’espace public ne change pas de signification selon les intentions intimes de la personne qui le porte, et l’attitude de l’islam envers les femmes (mais aussi, de facto, envers les hommes et au sujet des relations entre les sexes) est profondément viciée.
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Le candidat de LREM gagnerait à lire de toute urgence Lydia Guirous, Fatiha Boudjahlat, ou cette remarquable tribune publiée il y a quelques jours par Razika Adnani : « Les musulmans se sentent offusqués par un dessin qui n’a aucune incidence sur leur réalité ni leur vie, mais pas pour des milliers de filles injustement privées de leur droit d’aller à l’école. » Elle y écrit aussi, et c’est très important : « Les problèmes que pose l’islam ne sont pas uniquement une question d’interprétation, comme le prétendent beaucoup aujourd’hui », et encore : « Quant à ceux qui prétendent que la femme doit avoir un gardien pour voyager afin que les hommes ne s’en prennent pas à elle, ils donnent une image très négative de l’homme, le présentant comme un être incapable d’un comportement social, responsable et digne. »
La poussière sous le tapis de prière
Mais nous ne sondons pas les reins et les coeurs. Peut-être, dans une attitude désespérément égocentrique, la femme qu’a rencontrée Emmanuel Macron est-elle sincèrement favorable à l’égalité femmes-hommes, interpelle-t-elle le président et porte-t-elle le voile pour des raisons qui lui sont propres, sans se soucier de l’oppression qu’il représente pour des millions de personnes dans le monde, et un nombre conséquent en France même. C’est peu probable, mais admettons.
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Quel dommage, alors, que le candidat n’ait pas pensé à l’interroger sur son rapport à d’autres aspects de l’islam qui pourtant sont en contradiction radicale avec nos principes les plus fondamentaux. Ainsi, par exemple, de la liberté d’expression et de la liberté de conscience. Que pense cette femme du droit au blasphème ? Et du droit à l’apostasie ? Que pense-t-elle d’une mosquée qui organise un concours dans lequel on fait réciter aux enfants qu’il est bon de « combattre les hommes jusqu’à ce qu’ils témoignent qu’il n’est d’autre divinité qu’Allah » (hadith d’An-Nawawi n°8), et « licite » de « faire couler le sang » (n°14) des apostats ?
C’est cette mosquée que l’exécutif sortant avait trouvée de plus présentable, et que le gouvernement avait choisie pour représenter l’islam dans une série de brèves interventions sur la laïcité en décembre… Tout est dit.
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