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Le voile à toute vapeur

Sur Instagram, le voile islamique séduit la jeunesse


Le voile à toute vapeur
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Ceux qui veulent résister à l’islamisation passent beaucoup de temps à s’écharper sur ce burqini vindicatif qui envahit les plages, ou à combattre le voile religieux « classique » qui cherche à s’immiscer à l’université, lors des sorties scolaires, dans les entreprises ou dans nos services publics… Pendant ce temps, nous passons à côté des ravages d’un véritable phénomène de mode affectant la jeunesse sur les réseaux sociaux, et qui est une lame de fond plus inquiétante encore.


De signe religieux ostentatoire en 1989 (Creil), le voile est devenu en 2022 la pièce maîtresse de la tenue de la fashionista convertie à la mode dite modeste ou pudique. Mode qui n’a de modeste et de pudique que le nom. Et les fashionistas sont de plus en plus nombreuses sur les bancs de nos collèges, de nos lycées et de nos universités.

Les grandes marques comme Dolce & Gabbana, Oscar de la Renta, DKNY ont toujours plus ou moins lorgné, et souvent avec succès, vers la clientèle moyen-orientale. Mais, c’est à partir de 2016 que les « petites » marques ont commencé à rivaliser d’ingéniosité pour séduire la clientèle féminine musulmane bien de chez nous. H&M mettant en avant une femme voilée dans ses publicités, Mango sortant une ligne spéciale ramadan, Uniqlo proposant des hijabs revus et corrigés et Marks et Spencer commercialisant les premiers burkinis. Ces initiatives suscitèrent de la part de « nos intellectuels » des réactions à la hauteur de l’agression. Ainsi, dans les colonnes du Monde, Elisabeth Badinter n’hésita pas (avec le résultat que l’on sait) à inviter au « boycott des marques se lançant dans la mode islamique ». Laurence Rossignol se montra, quant à elle, très ferme chez Bourdin et gronda bien sévèrement ceux qui, par esprit de lucre, « se mettent en retrait de leur responsabilité sociale et font la promotion de l’enfermement du corps des femmes ». Le pompon revenant à Pierre Bergé qui, très en colère, secoua vigoureusement ses confrères en leur assénant un « renoncez au fric, ayez des convictions » bien senti.

Religion 2.0

Donc, rien de nouveau sous le soleil de Satan. La fusée avait décollé. Et, les réseaux sociaux allaient lui fournir tout le carburant nécessaire. 
Au train où progressent aujourd’hui les musulmanies, il y a fort à parier que nous ne devrons pas attendre six ans pour avouer que nos mondanités actuelles contre le burkini ou le voile des mamans en goguette ne sont finalement que des discussions de bac à sable. Nous avons aimé Greta et le climat, nous allons adorer les muslinettes et la religion 2.0.
En effet, à part la « vieille » Diam’s, qui nous la joue façon moche, avec sa tenue de (bonne) sœur destinée à sublimer sa beauté intérieure, les jeunes modeuses « pudiques et modestes » proposent via Instagram, Tiktok ou Facebook des tendances tout sauf tristes qui se répandent comme des traînées de poudre… explosive.

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Certaines s’arrangent parfaitement avec la mode occidentale « traditionnelle » qu’elles revisitent gentiment. Ainsi, la jeune turque Ecmel rümeysa ocak (476 000 abonnés sur Instagram) « parvient à inspirer ses adeptes, avec sa forme colorée, sa position mignonne et son style tendance ». Certes, ses cheveux sont habilement dissimulés (ce petit quelque chose en moins qui vous donne un vrai truc en plus), mais tous les accessoires féminins classiques sont au rendez-vous : maquillage,  bijoux, sacs, chaussures… Et, tous les modèles mis en valeur se situent dans le très mettable.

En revanche, certaines influenceuses pudiques et modestes, visiblement beaucoup plus orthodoxes, promotionnent des tenues légèrement plus compliquées à porter. Sur les comptes madinaparis (250 000 abonnés), abaya.dress.paris (49 400 abonnés) ou madaa_m (28 500 abonnés), les propositions très couvrantes (euphémisme) sont nettement moins marrantes mais malgré tout ultra séduisantes. Pas un voile mais des voiles, se superposant, jouant les uns avec les autres, des tissus fluides, des couleurs sublimes. Ce n’est pas certain qu’ainsi attifée il soit aisé de se livrer à des tas d’activités, mais tout ça a de la gueule. Sans oublier, encore une fois, les accessoires pas franchement modestes. En particulier les superbes sacs, les bijoux et le maquillage bien appuyé que l’on fait plus que deviner. 

L’Afghanistan, l’Iran ? C’est loin tout ça

Avec toutes ces jeunes filles en uniforme « religieux » glamour, genre mille et une nuits modernes, on baigne dans le subliminal. Belles ou laides on ne sait pas, grosses ou minces, on le devine à peine. Mais jeunes, pas de doute. Et, élégantes assurément. Elles se chipotent, elles s’amusent, elles prennent la pose, elle se selfisent, elles aiment la vie. Entre copines, entre filles. L’Afghanistan, l’Iran sont loin, mais loin ! Et la religion : un détail, un tout petit détail. Une sorte de sous-produit qu’elles acceptent déjà plus ou moins (et encore) mais dont elles n’imaginent vraisemblablement pas les implications dans leur future vraie vie. Le palmier qui cache la palmeraie. Le soft power en action. Et qui fonctionne à plein régime.

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Mais, le passage du croc-top et du short moulant à la tenue camouflage ne serait-il pas juste une petite frivolité dans l’air du temps ? Pour conforter cette thèse, La Croix nous apprend début juin, que de jeunes chrétiennes, elles aussi maquillées comme des camions volés, posent voilées sur TikTok et obtiennent elles aussi des centaines de milliers de vues. Mais, contrairement à leurs copines musulmanes, du moins d’après ce que l’on comprend de leur discours, c’est « juste » pour prier. Façon Thérèse d’Avila en quelque sorte. Et, leurs relations avec le sexe opposé ne semblent pas avoir grand-chose à voir avec leur nouveau déguisement. À première vue, pardon La Croix, un épiphénomène assez éloigné de la déferlante modeste et pudique. Cette dernière, qui semble en avoir sous la pédale, durera-t-elle plus longtemps que la vague punk, hippie ou gothique ? Mystère et boule de gomme… arabique.



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