Surprise! Pour les six autres candidats à l’investiture républicaine en lice (Doug Burgum, Chris Christie, Nikki Haley, Asa Hutchinson, Mike Pence et Tim Scott), ce n’est plus le gouverneur de la Floride Ron de Santis qui est l’homme à abattre. Mais Vivek Ramaswamy, un entrepreneur new-yorkais évoluant dans les biotechnologies. Portrait du candidat républicain inattendu.
« Laissez-moi répondre à la question que tout le monde se pose: qui est ce maigrichon avec un drôle de nom ? » lance Vivek Ramaswamy, 38 ans, sur le plateau de Fox News. L’homme d’affaires a fait forte impression, ce 23 août, et s’impose désormais comme une figure nouvelle de la droite républicaine américaine.
La politique du clash
Donald Trump avait de son côté choisi de snober Fox News à l’occasion de ce premier débat pour les primaires républicaines, au grand dam des téléspectateurs fans de joutes sanglantes. Il faut bien dire que l’ancien président est fort occupé avec ses affaires judiciaires, et que sa position en tête dans les sondages fait qu’un débat ne lui est pas franchement utile…
Mais à la grande surprise des téléspectateurs leur fut donc servi sur un plateau, Vivek Ramaswamy. Offensif, boute-en-train, énergique et extraverti, l’entrepreneur d’origine indienne a dynamité le plateau de telle manière qu’il est sorti vainqueur du débat avec 33% d’avis favorables, selon la chaîne de télévision NewsNation. Qui est ce « self-made-man » à la Slumdog Millionaire issu d’une famille migrante, devenu PDG d’entreprises pesant des millions, et aujourd’hui clasheur en série sur les plateaux ?
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Originaire de Cincinnati (Ohio), où il passe sa jeunesse dans un lycée jésuite jusqu’en 2003, Vivek Ramaswamy est l’archétype du « rêve américain », comme il l’a scandé lors de l’un des monologues survoltés du débat. Un rêve atteint notamment grâce à son brillant parcours universitaire. Il est diplômé d’une licence à Harvard avec la mention summa cum laude (littéralement « avec le plus grand des honneurs ») – soit l’appréciation la plus élevée possible – et d’un Juris Doctor à la faculté de droit de Yale. Quoi de mieux qu’Harvard pour se lancer dans le rap ? Voici « Da Vek », rappeur, largement inspiré du célèbre Eminem. « Da Vek était mon alter-ego rappeur libertarien », annonce-t-il à la radio avant une courte démonstration de freestyle, en juillet. Nul doute que ce genre musical a inspiré Vivek Ramaswamy.
En 2014, alors qu’il évolue déjà dans le secteur des biotechnologies du haut de ses 29 ans en gérant un portefeuille pour la société financière QVT Financial, il crée sa propre société pharmaceutique, Roivant Sciences. Deux ans plus tard, le magazine Forbes estime la fortune de Ramaswamy à 600 millions de dollars.
Un essayiste anti-woke reconnu
Sur le plan intellectuel, le parcours de ce père de deux garçons est marqué par des points de vue tranchés : en 2021 sort Woke, Inc., un livre dans lequel il s’attaque à l’industrie woke moderne, tout en voulant donner un sens à ce qu’est être Américain. Et en septembre 2022, il publie Nation of Victims, qui déjà s’apparente au croquis d’un programme : l’idée d’être élu commence à le titiller. Dans la foulée, il envisage un temps de se lancer dans les sénatoriales 2022… Enfin, en février dernier, chez Tucker Carlson (à qui on a également un temps prêté des ambitions présidentielles), il annonce se présenter aux élections présidentielles américaines de 2024, sous des airs de nouveau Trump, brandissant la bannière contre le wokisme et l’idéologie de genre, et s’assumant climato-sceptique. Il a dernièrement mis un pied dans ce que l’on pourrait appeler communément le complotisme, en s’interrogeant, dans les colonnes de The Atlantic, sur le nombre d’agents fédéraux qui se trouvaient à bord des avions du 11 septembre.
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Vivek Ramaswamy voit en Donald Trump « le meilleur président du XXIe siècle », et continue régulièrement à prendre la défense de l’ancien président, y compris pendant sa propre campagne. Mais il s’empresse ensuite de demander à qui veut bien l’écouter : « Voulez-vous une marionnette, où un patriote qui dit la vérité ? » Des déclarations qui n’ont pas laissé Donald Trump de marbre: « Thank you Vivek », a-t-il publié laconiquement sur son réseau social Truthsocial. Oui, comme le public américain, on a hâte de voir les étincelles que la rencontre de ces deux intellectuels ne manquerait pas de provoquer sur un plateau de télévision…
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