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Vive le gaz de shit !


Vive le gaz de shit !

Le gouvernement aurait voulu creuser tout partout en France des trous dans la terre pour exploiter le gaz de schiste, il aurait fallu s’inquiéter. Mais du gaz de schiste, nulle part il n’est question. La France est un pays civilisé et son gouvernement ne s’inquiète que du gaz de shit. Les écologistes français devraient avoir honte. Depuis qu’ils se sont convertis à Eva Joly, on ne les reconnaît plus. C’est sûr : la jugesse venue du froid n’a pas dû fumer un seul tarpé de sa vie. Ça l’aurait déridée, mais elle n’est pas du genre à faire clairement le distinguo entre de l’herbe et du shit. Même en comparution immédiate. C’est qu’on n’enseigne pas le bien-être marijuanesque à l’Ecole Nationale de la Magistrature, on s’y contente de verser approximativement dans le rapprochement donjuanesque : l’ENM est l’école française où se conclut le plus grand nombre de mariages entre élèves. Les élites magistrates se retrouvent chaque soir, après leur journée de travail – l’un est au siège, l’autre au Parquet – et se racontent leur journée respective : l’angoisse ! Quand, en France, existait encore la peine de mort, ces gens-là avaient de quoi discuter. Mais aujourd’hui : c’est mortel ! Les types, qui s’habillent en robe noire toute la journée – à la place de leur femme, j’aurais des doutes –, se rendent compte d’une chose : ils traînent la même gonzesse depuis leurs vingt ans : t’étonnes pas après qu’ils fassent grève pour un oui pour un non.

N’empêche : avant la cure de vertu qu’ont subie les Verts français avec Eva Joly, la légalisation de la fumette faisait partie du credo écolo. Dans les revendications, la légalisation du pétard venait bien avant la sauvegarde de la forêt amazonienne ou le mariage gay. Sur l’union civile d’Amazoniens de même sexe amateurs de shit, y avait pas photo, même si l’usage du pagne ou de l’étui pénien devant Monsieur le Maire continuait à faire débat. Mais sur la Marie-Jeanne, jamais aucune question puisque c’était la question des questions. Ce n’était que logique : quand t’as fumé, t’as pas envie de jouer au bûcheron ni d’enculer personne. À la limite, partir pour l’Amazonie, d’accord. En pirogue à voile, d’accord aussi. Mais y débiter des arbres ou copuler ? Non ! Peace, brother, peace and smoke !

Eh bien, j’ai été navrée d’apprendre que les écologistes français sont contre l’utilisation du gaz de shit. Là, je ne comprends vraiment pas. Tout le monde était d’accord pour ouvrir les salles de shoot préconisées par Roselyne Bachelot. Il suffisait de raccorder un tuyau – un petit tuyau, ça va pas coûter cher, juste le prix du tuyau qui, même avec la crise, est à la portée de tous, surtout si c’est un tuyau en simili-caoutchouc et pas en caoutchouc véritable qui, lui, contribue à la déforestation de la forêt d’Amazonie ou de Compiègne, j’ai oublié – et de récupérer les vapeurs de shit pour en faire du gaz. La technologie n’ayant pas de limites, on aurait pu imaginer des systèmes personnels et discrets pour équiper certains fumeurs prolifiques. Prenez Doc Gynéco : il fait tellement de gaz de shit qu’on pourrait chauffer la moitié de l’Ile-de-France pendant un an avec ce qu’il fume en une soirée. Pour un peu qu’il ait mangé toulousain, raccordez-lui deux tuyaux – un dans le nez et un où-je-pense – et vous assurez l’indépendance énergétique de la France pour les vingt prochaines années. Qui a dit qu’on ne pouvait pas être rappeur et patriote ?

Donc, le gaz de shit est la solution. La plus écologique. De plus, il ne faut pas mésestimer un fait : l’extraction du gaz de shit est un pas de plus vers la légalisation du shit. Imaginez-vous un policier qui vous arrête sous prétexte que vous avez un pétard à la bouche, alors que vous êtes en train de produire du gaz pour la Nation tout entière. Le pandore se confond en excuse. C’est à peine s’il ose vous demander de lui en allumer un. Non, décidément, le gaz de shit, c’est l’avenir.



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Née à Stuttgart en 1947, Trudi Kohl est traductrice, journaliste et romancière. Elle partage sa vie entre Paris et le Bade-Wurtemberg.

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