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Vive la French pride !


Vive la French pride !
Eugène Delacroix, <em>La liberté guidant le peuple</em>.
Eugène Delacroix, <em>La liberté guidant le peuple</em>.
Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple.

C’est parti. Depuis que Nicolas Sarkozy et Eric Besson se sont mis en mouvement pour lancer le « grand débat » sur l’identité nationale et l’immigration, les commentateurs habituels se sont mis en ordre de bataille. Les premières salves on été tirées depuis les tranchées idéologiques d’où les soldats de la pensée politique de droite, de gauche, du centre et d’ailleurs s’observaient en attendant le meilleur moment pour en découdre.

Jusqu’à présent, on ne peut pas dire que ce début d’affrontement sur le thème du « qui sommes-nous ? » ait apporté de nouvelles lumières permettant de faire de chacun d’entre nous un Français à l’aise dans ses baskets.

Passons rapidement sur la réaction des antisarkozystes systématiques qui ne voient dans ce surgissement du thème de la Nation dans le débat public qu’une manœuvre politique destinée à faire oublier les dernières polémiques publiques autour des affaires Clearstream, Polanski-Mitterrand et Jean Sarkozy. L’affaire était planifiée par les stratèges élyséens bien avant que n’éclatent les affaires susnommées. Avec la complicité active d’un think tank proche du Medef, l’institut Montaigne[1. L’Institut Montaigne est à l’origine de la publication, le 17 novembre prochain, d’un ouvrage collectif Qu’est-ce qu’être français ? où interviennent, au côté d’universitaires de renom, des personnalités françaises d’origine étrangère.], le parti présidentiel avait décidé de lancer le premier étage de la fusée destinée à propulser Nicolas Sarkozy vers un second quinquennat. S’inspirant de la méthode Mitterrand (François, pas Fred), le président de la République fait l’analyse qu’un premier mandat s’obtient en réussissant à incarner la rupture, alors que pour être réélu, il est nécessaire de se présenter comme un rassembleur. Pour Mitterrand c’était « la force tranquille » en 1981 et « la France unie » en 1988.

La méthode Sarkozy exige que l’on soit constamment à l’offensive dans la bataille des idées, sans laisser à l’adversaire le loisir de proposer son ordre du jour au peuple considéré comme l’arbitre de ces joutes intellectuelles.

Cette question de l’identité nationale ne surgit pas du néant : ceux qui sont chargés d’ausculter le cœur, les reins et l’âme de la nation pour le compte du pouvoir ont perçu comme un flottement dans l’image d’eux-mêmes des Français.

Ces derniers ont fini par se rendre compte que notre pays n’était plus la « Grande nation » qu’elle prétendait encore être au milieu du siècle dernier. Ils ont fait savoir, par divers canaux, dont le suffrage universel, qu’ils n’étaient pas disposés à substituer une conscience européenne à une identité nationale, même en crise.

Le repli sur la sphère individuelle, familiale, locale, régionale ou communautaire n’a pas aboli ce « besoin de France », dont chacun sent plus ou moins confusément qu’il est nécessaire à la survie matérielle et morale des citoyens de ce pays dans ce monde de brutes mondialisées.

Ce n’est donc pas une mauvaise idée que de lancer nos meilleurs esprits dans une stimulante compétition visant à refonder théoriquement la Nation, pour que le pouvoir puisse mettre en œuvre les moyens de la consolider dans le cœur et l’esprit de ses citoyens.

C’est ainsi que l’on a procédé à l’époque des Lumières : les académies, nationales ou provinciales, lançaient des concours pour que les philosophes proposent leurs solutions aux problèmes du moment.

C’est ainsi, peut-être, que l’on parviendra à sortir des oppositions stériles entre eux qui veulent à tout prix maintenir en l’état le vieux paradigme (France-république-une et indivisible-laïque-assimilationniste) en dépit des changement démographiques et sociologiques intervenus dans le pays, et ceux qui se font les chantres du métissage généralisé des individus et des cultures.

Mais il n’appartient pas au pouvoir, où à ceux qui l’incarnent, de définir l’identité nationale par décret. Les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy ne s’y étaient pas risqués. Cette « certaine idée de la France », dont Charles de Gaulle s’honorait d’être habité n’a jamais été exposée dans les détails pour que le peuple l’adopte telle quelle. Elle se lisait dans l’action du général, qui se contentait de l’évoquer dans ses discours par des tautologies ronflantes. La France de Mitterrand n’était pas moins ambiguë, mêlant celle de Jacques Chardonne à celle de Jean Jaurès.
Ce qui revient, en revanche, au pouvoir, c’est de créer les conditions pour qu’une expression collective de cette identité nationale soit possible, ouverte et accueillante à ceux qui veulent en faire partie.

On pourrait, par exemple, organiser chaque année une French pride ou chacun, comme lors de la fête de la musique, viendrait manifester publiquement de cette « certaine idée de la France » qu’il porte en lui. L’identité nationale ne doit pas être une prise de tête, mais un jour de fête. Par exemple le 14 juillet.



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