Le jour de la passation de pouvoirs à Matignon, on fêtait le 471e anniversaire de la naissance d’Henri IV. Le nouveau Premier ministre a consacré deux ouvrages à ce célèbre souverain natif de Pau.
Un tableau de Rubens le montre sur son cheval blanc entrer triomphalement à Paris. Après avoir abjuré la religion de sa mère et embrassé celle de son père, tout frais sacré à Notre-Dame de Chartres, le Béarnais a foncé à Paris, à Notre-Dame, non sans avoir lancé la phrase apocryphe « Paris vaut bien une messe. » Te Deum, la foule crie sur le parvis « Vive le Roi ! Vive Henri IV ! Vive la paix ! » Même si les Ligueurs catholiques grondent encore au sein même de la cathédrale, le bon roi Henri vient de mettre fin aux guerres civiles et religieuses qui déchirent le pays depuis trois décennies.
Un 13 décembre 2024, jour anniversaire de la naissance de Henri IV, un autre Béarnais, François Bayrou, foule, à 17 heures, les pavés de la cour de l’Hôtel Matignon, pour la passation de pouvoir avec le Premier ministre sortant. Il n’a qu’une seule idée en tête : rétablir la paix et redresser la France. A peine nommé, n’a-t-il pas eu une pensée pour le roi de la poule au pot qui lui a inspiré deux livres fort réussis ? Le Savoyard salua non sans humour, dans le Béarnais « une fraîcheur roborative. »
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Le Béarnais l’a dit tout de suite. On va dire la vérité aux Français sans tortiller du ruban. La France est dans une situation grave. Il faut redresser le pays financièrement, économiquement, politiquement, moralement. Un gouvernement de réconciliation s’impose avec l’union de la droite et de la gauche (hors LFI), l’union des centristes et des macronistes autour d’un socle commun. Autant dire « un gouvernement désintéressé, pluraliste et cohérent, issu de personnalités de caractère. »
A peine nommé, du MEDEF à la CPME en passant par l’U2P (sic) on s’est réjoui. Le PS et les écolos ont sorti « leurs lignes rouges ». Le RN a été sobre. Dans la foulée, on apprend la dégradation, par Moody’s, de la note souveraine de la France d’un cran,en raison de la « fragmentation politique du pays susceptible d’empirer ». C’est clair, non ?
Un vent nouveau se lèverait-il sur la France ? Est-ce l’adieu à l’esprit woke ? L’« effet cathédrale » ? Depuis la visite de Donald à Notre-Dame, a-t-on remarqué que l’on dit moins dans les médias « les Françaises et les Français » ? On n’a pas dit « les pompiers et les pompières. » On n’ose toujours pas « les médecins et les médecines. » L’histoire de France semble revenir en force. Quel homme d’Etat n’évoque amoureusement les figures du passé dans lesquelles il s’incarne ? Dans son discours à Notre-Dame, le président Macron aurait même, selon les dires journalistiques « convoqué la transcendance » !
Souhaitons bon vent au Premier ministre et à son futur gouvernement. Et entonnons, avec « fraîcheur », un couplet de la chanson, écrite à la gloire de Henri IV, par Charles Collé, et connue de tous les Français « Au diable les guerres/ Rancunes et partis ! Comme nos pères/ Chantons en vrais amis / Au choc des verres / Les roses et les lys ».
À bon entendeur…
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