Échange avec des militants de l’UNI, syndicat étudiant de droite
La colère de Fiona Idda et Luca Barbagli n’est toujours pas retombée. Membres du bureau national de l’UNI (Union nationale inter-université), les deux étudiants, l’une en lettres, l’autre en master de philosophie, sont indignés par les propos tenus par un professeur d’histoire contemporaine de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, par ailleurs tête de liste La France insoumise pour les régionales en Occitanie [1].
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Le 25 janvier, dans un de ses cours, l’universitaire déclarait : « Si certains d’entre vous ont voté Macron/Ciotti/Le Pen/Roussel, je les respecterais très peu, mais si certains ont voté Zemmour, je les considérerai comme des bêtes à abattre » ! Des propos d’une incroyable violence, qui ne devraient pas avoir leur place dans un amphithéâtre, mais qui illustrent l’enracinement de la gauche radicale dans nos universités.
Visite à l’UNI
Au siège national de l’UNI, dans le 8e arrondissement de Paris, les murs présentent tout le folklore militant estudiantin de droite. De vieilles affiches des années 1970, imprimées au rouleau et au pochoir, témoignent des premiers combats de l’organisation. Méritocratie, excellence et responsabilité sont depuis toujours les valeurs défendues par le syndicat créé en 1969 par Jean-François Chauvel (journaliste au Figaro), Jacques Rougeot et Pierre de Vernejoul. Ce soir-là, les différents présidents de sections (l’UNI en compte plus de 45, dispersées dans toutes les académies), arborant chemises BCBG ou sweats floqués « UNI », sont assis sur de vieux canapés et fauteuils. Autour de bouteilles de bière pas assez fraîches, de feuilles qui volent de partout et de piles branlantes de livres d’histoire, de biographies politiques ou de manuels de droit, la discussion des militants est animée pendant qu’ils découpent les tracts dans une ambiance accueillante.
Tous ensemble contre le wokisme
Même s’il est heureusement rare que des professeurs aillent aussi loin, la pensée de gauche plus ou moins radicale pèse comme une chape de plomb sur les étudiants français. Les professeurs « assument, partagent, voire imposent leur idéologie dans leurs cours » peste Luca. Lors de sa prérentrée, au moment de choisir un sujet de mémoire, l’un de ses professeurs a menacé les étudiants de leur assigner saint Thomas d’Aquin s’ils n’avaient pas d’inspiration. « Comme si c’était le philosophe qu’il ne fallait pas étudier. Le philosophe-punition ! » D’autres profs boycottent les interventions de présentation de l’UNI durant les élections étudiantes.
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Liberté académique ou psychose gauchiste, à vous de choisir, mais le venin woke contamine désormais les sujets de partiels et les mails, rédigés en écriture inclusive, comme à Aix-Marseille, en mai dernier, ou sur la Côte d’Azur en janvier 2023. Dans certaines facultés, des « points bonifiants » sont même accordés si partiels et galops d’essai sont rédigés en toute inclusivité… Et des étudiants craignent de se faire déprécier s’ils ne suivent pas le mouvement, déplorent nos militants.
Le Grand Soir «facho» ?
Les militants de l’UNEF ou de L’Alternative [2], pourtant minoritaires dans les facs, sont à l’initiative de blocages réguliers qui empêchent en permanence les étudiants de poursuivre sereinement leurs apprentissages. Dans le pire des cas, cela conduit à décaler les dates des partiels au détriment des étudiants salariés dont le calendrier de présence en entreprise est déterminé à l’avance. Les violences, les intimidations envers les adhérents de l’UNI qui s’aventurent à tracter au sein des facs ne sont que rarement sanctionnées. À Nantes, le 1er février, une dizaine d’individus masqués se sont introduits dans le hall de la faculté de droit, hurlant « dégagez, les fascistes ! ». À Reims, le 9 février, la porte du local de l’UNI a été taguée « Danger fascho » (sic). « C’est la diabolisation totale de l’individu de droite, affirme Fiona, dégoûtée. On te traite de fasciste, et cela te condamne à une mort sociale. » Traiter de « facho » toute personne de droite ou ne répondant pas à la liste de critères du monde woke est l’arme bien connue qui permet d’étouffer dans l’œuf toute tentative de débat contradictoire. Les lieux de prière découverts à Tolbiac en décembre et les locaux UNI ravagés maintes fois à Chambéry, sans que la moindre sanction soit prise, énervent aussi particulièrement les militants. Toutefois, depuis peu, on veut croire qu’on assiste au réveil de la majorité silencieuse des étudiants qui mènent leur vie sans s’intéresser plus que ça à la politique. « Il y a quand même un changement de tendance, il y a eu une longue période durant laquelle les étudiants avaient peur de faire valoir leurs revendications, parce que les méthodes gauchistes fonctionnaient. Aujourd’hui, ils en ont ras-le-bol », analyse Luca. Ainsi, en quatre ans, le nombre d’adhérents à l’UNI a triplé. Le bureau national, qui annonce plus de 25 000 adhérents sur toute la France, indique que 50% d’entre eux sont par ailleurs encartés dans un parti politique (la distribution entre LR, Reconquête ou RN n’est évidemment pas communiquée, mais cela fluctuerait beaucoup en fonction de l’actualité et… des dernières élections).
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Couardise ahurissante ou complicité, beaucoup de campus se laissent régulièrement bloquer par la gauche, parfois par seulement 20 personnes. Et les réactions des présidents d’université sont en dessous de tout. Luca rapporte qu’à Nanterre la rouge, « une partie du bâtiment administratif était bloquée toute l’année 2021-2022 par l’UNEF. L’administration fermait les yeux, elle ne faisait pas intervenir la sécurité. » Pendant les élections universitaires, il y avait même une banderole sur le bâtiment appelant à voter l’UNEF. « C’est comme si le président de la faculté appelait à voter pour eux, franchement. » Louis Boyard a été accueilli en star pendant sa tournée des facs à Rennes, Paris, Montpellier, Nantes, Tours, Clermont, Nanterre, Toulouse, Rouen… Et depuis les bancs de l’Assemblée nationale, le 7 février, le benjamin des députés a appelé les étudiants à « bloquer toutes les universités du pays » contre la réforme des retraites. Ordre appliqué à la lettre à Tolbiac. Le 16 février, les bloqueurs affichaient une pancarte : « La retraite, on s’en fout, on ne veut pas travailler »…
Alors que la réunion à l’UNI se termine, force est de constater que la bataille culturelle est donc loin d’être gagnée. Les ridicules élans évolutionnaires façon Mai 68, s’ils sont loin d’en avoir l’envergure, ont encore de beaux jours devant eux…
[1] Par souci de sa sécurité, nous préférons ne pas mentionner son nom.
[2] Organisations étudiantes qui se revendiquent de gauche, voire d’extrême gauche.
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