Évidemment qu’elle ne vise que lui, puisque les autres croyances ne posent pas de problèmes.
En France, le mode d’appartenance à leur religion des élèves catholiques, protestants et juifs s’est sécularisé. Ces élèves croyants admettent que l’on raisonne, que l’on discute rationnellement de tout sans tabou, pourvu qu’on n’attaque pas leur religion. Ils ne font pas de prosélytisme, et ne contestent pas la science et les principes républicains au nom de leurs livres sacrés. Leur présence dans l’École n’oblige donc pas les enseignants à marcher sur des œufs.
Ce qui a changé dans l’École française, c’est une chose et une seule : l’arrivée en nombre d’un Islam non sécularisé, non laïcisé.
Il est juste que le rappel des principes qui s’appliquent à tous ne mentionne personne en particulier. Mais il est vain et stupide de cacher ou de nier, quand on commente ce rappel, que c’est spécifiquement le mode d’appartenance non laïque à l’Islam qui oblige à ce rappel, après des décennies de paix laïque.
En même temps, il serait juste d’admettre que si l’École laïque exige que les élèves laissent au vestiaire leurs signes d’appartenance ostentatoires, elle n’exige pas qu’ils y laissent leurs convictions.
Les élèves fondamentalistes de toute obédience religieuse qui contestent le darwinisme doivent pouvoir exprimer leur conviction (et même la conserver) pourvu qu’ils acceptent d’écouter et d’apprendre le cours de biologie sur cette question.
Car si la laïcité impose l’examen rationnel et sans tabou de toutes les idées, sans blasphème, elle n’implique pas l’athéisation des élèves tant qu’ils sont dans l’École.
Il n’est pas certain que tous les profs français en soient bien convaincus. Et pourtant, s’ils étaient un peu plus libéraux, ils admettraient que l’apprentissage de l’esprit critique doit être mis au service de la liberté de conscience individuelle, y compris en matière religieuse.
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