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Vincent Cespedes, le « philosophe » qui veut peupler la France de migrants

La France est "vide", remplissons-la !


Vincent Cespedes, le « philosophe » qui veut peupler la France de migrants
Vincent Cespedes, octobre 2013. SIPA. 00669046_000089

Vincent Cespedes ne m’avait pas tout à fait échappé. C’est l’un de ces anciens profs qui ont très vite déserté le front et qui se croient habilités à donner de loin des conseils avisés aux enseignants restés en première ligne. Des conseils frappés au sceau du pédagogisme le plus béat : Pauvre Chéri, qui en tant que prof de philo n’a connu que des élèves de Terminale sans jamais avoir eu à se frotter aux damnés de la terre qui végètent au collège (ce collège dont 150 000 élèves sortent chaque année, rien dans les mains, rien dans la tête, grâce à une pédagogie appropriée expérimentée depuis la fin des années 1960 et sanctuarisée par la Réforme Jospin), Pauvre Chéri donc donne moult conseils aux enseignants en exercice (du latin exercitium, l’armée…). Et même se permettait-il de « tacler les profs », comme dit VousNousIls.

Un défenseur de « l’intelligence connective »

Par exemple laisser les élèves bavarder tout à leur aise – ce qui m’évoque invinciblement le « papotis » préconisé par des inspecteurs de Lettres, jamais en retard d’une aberration moderne : « Il faut des professeurs ‘désobéissants’, des professeurs qui ne se réfugient pas derrière les règlements intérieurs et les programmes. Des professeurs qui, par exemple, comprennent que le bavardage est quelque chose de magnifique ; la soif de connaissances passe par le bavardage. Plutôt que de lutter contre ce ‘problème’ pendant la moitié du cours, il faut utiliser cette envie de s’exprimer. »

Parce que Vincent C*** est un Moderne – c’est écrit en toutes lettres dans L’Express, autant dire la Bible, les journalistes, ces spécialistes du Tout Venant et du grand N’importe Quoi, ayant remplacé désormais les prophètes : « Défenseur de l’intelligence connective »dit Aliocha Wald-Lasowski. Ça doit vouloir dire quelque chose – mais quoi ? De surcroît, paraît-il, il est beau : qu’aurait dit la journaliste si elle avait croisé Socrate, le plus laid de tous les Grecs ? Au même moment, dans les mêmes Tables de la loi médiatique, Christian Makarian pose la question qui tue (qui tue 850 000 enseignants) : « Voudrait-on que les intellos soient à jamais des prolos lettrés, sur le modèle des profs barbus de nos chères hypokhâgnes ? »

Pauvre cloche !

Inverser le « migrant-shaming » en « migrant-sharing »

Cespedes, comme François Bégaudeau, l’inénarrable auteur d’Entre les murs dont j’avais fait ici-même une recension malheureusement objective, tonne du haut de sa compétence médiatique (toujours « tonner contre », conseille Flaubert dans le Dictionnaire des Idées reçues, que devraient plus souvent relire tous ces hilotes). Il « rêve d’une révolution de l’enseignement ». C’est la raison, sans doute, pour laquelle il l’a quitté.

Mais ça, c’était hier.

Au milieu de l’été, V*** C***, qui n’arrête pas de penser même quand il fait chaud, a commis une coda à son essai de 2006, Mélangeons-nous. Enquête sur l’alchimie humaine. Surfant sur l’actualité de l’Aquarius, qui dérivait en Méditerranée, il a proposé dans l’Obs d’accueillir à bras ouverts ces nouveaux Juifs errants (qui justement ne sont pas juifs, et le plus souvent, les vomissent). « Fraterniser : accueillir l’étranger démuni comme un patriote. Donner corps à la fraternité, c’est inverser le « migrant-shaming » (la disqualification et la stigmatisation des migrants) en « migrant-sharing », en entraide et en partages avec ces derniers. » C’est beau, ça sonne franglais, ce doit être vrai.

Le grand remplissement

VC, qui n’est pas du tout une créature germanopratine et voyage volontiers dans la France périphérique, dresse de notre pays un constat effrayant : « La France est vide, n’en déplaise au malthusiens. Vous prendrez la route ou le train cet été ? Vous le constaterez donc par vous-même. Des horizons sans village, des collines d’herbes et d’arbres tristes, des champs qui attendent, à perte de vue, et des plaines qui se traînent sans oiseaux ni enfants. » Et de conclure : « En 2060, grâce à notre révolution fraternelle, grâce aux migrants et à leurs descendants, nous pourrions être 200 millions. »

Ça me rappelle la « France de 100 millions de Français » du regretté Michel Debré… Mais l’ancien ministre appelait à une politique nataliste. Cespedes souhaite importer la natalité de…

>>> Lisez la suite de l’article sur le blog de Jean-Paul Brighelli <<<

 

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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