Quand le multiculturalisme mène à l’apartheid. La mairie de Bidart où l’acteur, Vincent Cassel, a épousé une femme métissée a été vandalisée. On lui reproche d’être « sexclavagiste ».
Vincent Cassel est-il « sexclavagiste » ? Apparemment, la question se pose en ce mois d’août 2018. Tout récemment, l’acteur célébrait son mariage avec le mannequin Tina Kunakey, une femme couleur café de 21 ans. Il n’en fallait pas plus pour faire réagir sur les réseaux sociaux. Dès l’annonce de leur liaison, en 2015, des internautes se disaient déjà scandalisés de voir l’acteur aux côtés de cette bombe édénique.
Le multiculturalisme refait le mur
La hargne à l’endroit de l’acteur ne se manifeste pas seulement virtuellement. La presse nous apprenait hier que la mairie de Bidart, au Pays basque, avait été vandalisée après le passage des deux tourtereaux. Le lendemain de la cérémonie du mariage, les services municipaux ont dû effacer des messages haineux laissés sous forme de graffitis.
« Femme objet pornifiée, mariage machiste, sexclavagiste », pouvait-on lire, entre autres, sur les murs. Vincent Cassel ferait de sa femme un objet pornographique. En bon Européen, Vincent Cassel serait sexuellement colonialiste.
Ce n’est pas seulement la différence d’âge entre les deux amants (il en a 51) qui a pu choquer certains exaltés. Après tout, ce n’est pas la première fois qu’un homme riche et célèbre épouse une femme beaucoup plus jeune que lui. Évidemment, le puritanisme gagne du terrain, mais cet écart n’explique pas à lui seul cette réaction.
Il est vrai qu’aujourd’hui, Serge Reggiani ne pourrait peut-être plus chanter Il suffirait de presque rien sans susciter la désapprobation de certains mouvements.
Mais le cas de Cassel est différent, car son crime semble aussi d’ordre ethnique… En épousant une métisse, l’acteur aurait transgressé les nouvelles règles du racialement correct. Vincent Cassel pillerait des trésors qui ne lui appartiennent pas.
La fesse cachée du multiculturalisme
Cette histoire n’est pas anecdotique. Au contraire, elle est symptomatique du triomphe du multiculturalisme. Il faudra bien finir par l’admettre : poussé à l’extrême, le multiculturalisme mène à l’apartheid. Les libéraux nous avaient promis le métissage, mais il n’adviendra jamais dans ces conditions. Les antiracistes racistes veulent nous dire avec qui sortir, manger, boire, flirter et baiser. Avant de nous marier, nous devrons leur demander une autorisation. Le nouvel antiracisme est un antilibéralisme.
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Les nouveaux antiracistes voient du colonialisme partout. Puisque les rapports de domination sont de moins en moins économiques entre l’Occident et le reste du monde, il fallait bien en inventer d’autres qui seraient symboliques. Ainsi, manger des sushis serait de l’appropriation culturelle, boire du thé serait colonialiste et se marier avec une femme noire impérialiste. Les antiracistes racistes puisent ces idées dans les « cultural studies », un courant universitaire qui prône une sorte de décolonisation totale de l’imaginaire.
Gauguin rentre au pays
Au fond, ce qui est indirectement reproché à Cassel, c’est d’être un « orientaliste sexuel ». Vincent Cassel ne devrait pas planter sa croix dans les plus beaux eldorados de la féminité. Peu importe ce que pense ou ressent vraiment l’acteur : consciemment ou non, il ne ferait que perpétuer des schémas de domination.
Ironie du sort, Cassel incarnait récemment Paul Gauguin dans Gauguin – Voyage de Tahiti, un long-métrage qui doit être vu comme le summum de l’orientalisme colonial par les guerriers sociaux. De fait, ce peintre français est connu pour ses portraits colorés de Polynésiennes. Des tableaux de muses érotiques qui feraient scandale aujourd’hui.
Le multiculturalisme est un totalitarisme soft qui impose la ségrégation avec des airs de bohême. Pour preuve, il se préoccupe même de la sexualité des gens au nom du vivre-ensemble. Le multiculturalisme est un interventionnisme moral. Dans le vaste monde multiculti, la liberté est seulement économique.
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