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Un ennemi en commun

Le billet d’Ivan Rioufol


Un ennemi en commun
Devant le Crocus City Hall, banlieue de Moscou, 22 mars 2024 © Sergey Bobylev/SPUTNIK/SIPA

Au lendemain de l’attentat sanglant survenu à Moscou, le plan Vigipirate est rehaussé au niveau « urgence attentat » sur l’ensemble du territoire national en France. Le vrai danger n’est pas Poutine, mais l’islamisme, rappelle Ivan Rioufol.


Une guerre de l’Occident contre la Russie serait absurde. Tous deux partagent le même ennemi existentiel : l’islam du sabre et son suprémacisme. Si la France a rehaussé dimanche soir le plan Vigipirate à son maximum (« Urgence attentat »), c’est pour tenter de se protéger à son tour d’une possible offensive terroriste de l’Etat islamique, dont la branche afghane a revendiqué, via son agence de presse Amaq, l’attentat vendredi soir contre le Crocus City Hall, près de Moscou (137 morts).

Faiblesse russe

L’attaque contre la Russie a été justifiée par l’État islamique du Khorasan au nom de sa lutte mondiale contre les infidèles et les apostats. Les tueurs du Bataclan (13 novembre 2015) ne raisonnaient pas autrement. Pour l’idéologie coranique, la Russie comme l’Europe, les États-Unis ou Israël font partie de la même civilisation judéo-chrétienne promise à la soumission du dhimmi ou à la disparition physique. Or c’est un front désuni qui s’offre à l’ennemi commun. Emmanuel Macron et Vladimir Poutine partagent une même lâcheté face à l’islamisme. Le président français évite de le nommer quand il aborde le terrorisme. Le président russe a été plus loin encore dans le déni, en ne retenant pas la claire revendication de Daesh pour ne voir qu’une implication ukrainienne que rien ne démontre à ce stade. Cet évitement dit la peur de Poutine face à la radicalisation qui s’observe parmi les musulmans du Nord-Caucase, qui représentent environ 20% de la population (soit environ 30 millions). Là est la vraie faiblesse russe.

Bêtises communes

En désignant ses ennemis comme faisant partie d’un même bloc, l’islamisme démontre l’incohérence de la guerre fratricide entre deux peuples salves (Ukraine-Russie) et, plus encore, la bêtise des matamores occidentaux contre Poutine. Si Macron veut mener une guerre utile, ce n’est pas contre le despote russe qu’il faut la décréter, mais contre l’islamisme qui est devenu un ennemi intérieur. Les deux assassins des professeurs Samuel Paty et Dominique Bernard venaient pour l’un de Tchétchénie et pour l’autre d’Ingouchie. L’Union européenne est plus généralement une cible.

Quant à Poutine, qui s’est auto-promu l’opposant numéro un de l’Occident décadent au nom du Sud global humilié, il est ramené à ses racines civilisationnelles par une partie du monde musulman sunnite, guère impressionné apparemment par ses alliances sulfureuses avec l’Iran chiite. Sa détestation de l’Ukraine de Volodymyr Zelensky lui fait négliger le djihad qui vient de ridiculiser ses services de renseignement et sa police. Dans un entretien mis en ligne le 23 mars par le magazine Omerta, l’ancien Premier ministre François Fillon le rappelle : « Dans la hiérarchie des menaces auxquelles sont confrontés les Occidentaux – et au premier rang d’entre eux les Européens- le totalitarisme islamique arrive en tête, loin devant la question russe (…) ». Un vieil adage dit : « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». A quand un front uni contre l’islam conquérant et colonisateur ?




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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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