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Vice Versa 2 ou la confusion des émotions

Un film pratiquement dépourvu de vertus éducatives.


Vice Versa 2 ou la confusion des émotions
Dorothée Pousseo, la voix d'Anxiété, à la première de Vice Versa 2, au Grand Rex, le 16 juin 2024. CYRIL PECQUENARD/SIPA

Après l’immense succès du film d’animation, Vice versa (2015), prétendant mettre en scène les émotions d’une petite fille Riley, voici maintenant Vice versa 2, qui suit le développement du personnage. Aujourd’hui, Riley est âgée de 13 ans et doit faire face aux difficultés de l’adolescence. Pour le spécialiste, Thierry Paulmier, la compréhension hollywoodienne des émotions, façon Disney, laisse beaucoup à désirer et les prétentions pédagogiques du film sont dérisoires.


Vice Versa 2 est une réussite sur le plan visuel mais une faillite sur le plan de la compréhension des émotions. Le premier opus présentait d’énormes faiblesses d’analyse psychologique des émotions en réduisant la vie émotionnelle d’une enfant à cinq émotions : la joie, la tristesse, la colère, la peur et le dégoût. Dans ce second opus, la petite Riley atteint la puberté et, de ce fait, voit sa vie émotionnelle se complexifier en raison de l’apparition de quatre nouvelles émotions : l’anxiété, l’envie, l’embarras et l’ennui. Malheureusement, l’analyse des émotions n’en est pas rendue plus subtile. Bien au contraire, elle devient encore plus incohérente et les émotions sont souvent mobilisées à contre-emploi, ce qui ne peut manquer de troubler l’esprit des enfants.

Il n’est pas possible de décrire les émotions sans leur interaction avec la raison et la volonté

Puisqu’il était question de décrire ce que dans le film on appelle « l’esprit de Riley », il eût été bon de faire apparaître les deux facultés mentales les plus communément admises que sont la raison et la volonté en imaginant un personnage pour incarner la raison – qui pense, analyse, compare, classe, calcule et raisonne – et un personnage pour incarner la volonté – qui veut, désire, aime, répugne et hait – avec autour de ces deux personnages, les émotions qui viennent perturber leur fonctionnement, voire s’emparent d’elles, faisant raisonner et déraisonner la raison et renforçant ou affaiblissant la volonté. Il est impossible de rendre compte de la psychologie des émotions sans décrire leurs interactions avec la raison et la volonté. Ce faisant, on aurait pu donner une image plus réaliste de l’esprit humain en mettant en scène les vraies tensions intérieures qui tournent toujours autour des relations entre la raison, la volonté et les émotions (anciennement appelées les passions). A la place, on a un conseil des cinq émotions de base qui dirige l’esprit de Riley (et des autres personnages). De ce fait, on assiste à des absurdités telles que confier à Dégoût le soin d’analyser les expressions faciales des amies de Riley à la recherche d’un éventuel mensonge.

La palette des émotions retenue est nettement incomplète et mal employée

En outre, il eût fallu mobiliser une palette bien plus large d’émotions puisque celles retenues sont souvent incapables de rendre compte des situations dans lesquelles est plongée l’héroïne. En effet, le scénario implique souvent l’émergence d’émotions qui n’existent pas dans l’esprit de Riley puisqu’aucun personnage ne les incarne. Ainsi,par exemple, quand un élastique de son appareil dentaire saute et frappe le visage du dentiste, Riley ressent de la honte et de la culpabilité. Quand Grace se montre maladroite pendant son exposé et renverse toutes ses pièces de monnaie, provoquant la moquerie de toute la classe, Riley est prise de pitié pour elle et vient l’aider à les ramasser. Quand la coach de Hockey invite Riley et ses deux amies, Grace et Bree, à un week-end de Hockey, elle leur témoigne de l’admiration et celles-ci ressentent de la gratitude et de la joie. Quand Riley, Grace et Bree se font gronder par la coach, devant tout le monde, elles ressentent de la honte et de la tristesse. Quand Riley fait punir son équipe à cause de ses ricanements, elle ressent de la culpabilité et de la tristesse. Idem quand elle renverse son amie pendant le match de Hockey. Quand Riley entend un groupe de filles la critiquer derrière son dos, elle ressent de la honte – et non de l’embarras. Quand Riley rencontre son idole Val, championne de hockey, elle ressent de l’admiration et de la joie puis, quand elle s’exprime maladroitement, de la honte et de la tristesse. Quand Riley est réconfortée par Val, elle ressent de la gratitude. Quand Bree et Grace constatent que Riley choisit une autre équipe et viole son serment de rester unies, elles ressentent de l’indignation. Quand Riley prétend qu’elle a compris une blague pour donner le change ou quand elle critique un groupe de musique qu’elle aime juste pour se faire bien voir, elle agit par vanité – et non par anxiété. On eût pu donc introduire dans l’esprit de Riley un personnage pour les émotions de la gratitude, l’admiration, la honte, l’indignation, la culpabilité, la vanité, l’orgueil et la pitié. En raison de leur absence, une bonne partie de la vie émotionnelle n’est pas prise en compte alors qu’elle est nécessaire à l’histoire et à la compréhension de la psychologie de Riley.

Le scénario présente de nombreuses incohérences dans l’utilisation des émotions

En premier lieu, Riley continue de vivre les émotions de base alors qu’elles ont été bannies du centre de contrôle de son esprit par les nouvelles émotions. On ne comprend donc pas ce qui actionne alors la tristesse quand Riley rate un but au hockey, la joie quand elle marque un but ou la peur quand elle se fait surprendre par le gardien de nuit. En second lieu, au sein de l’esprit de Riley, les personnages qui incarnent une émotion particulière ressentent d’autres émotions. Ainsi, Dégoût se montre vaniteuse quand elle suggère de ne pas aider Grace parce qu’elle est un « Titanic social » – il ne faudrait donc pas être associée à elle. Joie se met en colère ou devient triste quand les autres émotions la remettent en cause ; Tristesse devient joyeuse et admirative quand elle visite le système de croyance ; Anxiété exprime son admiration pour Joie quand elle la rencontre pour la première fois ; Envie devient vaniteuse quand elle affirme qu’elle aurait voulu qu’on parle de Riley « mais pas comme ça » ; Dégoût ressent de la honte quand elle déclare qu’il est hors de question de se déshabiller dans le vestiaire avec toutes ces filles plus âgées ; Anxiété ressent de l’admiration quand elle déclare à Val qu’elle l’admire, etc. En fait, toutes les émotions passent par des moments de joie, de tristesse, de colère, de peur ou d’admiration. Notons que le regard que Joie porte sur le monde est souvent celui de l’admiration et de l’enthousiasme qui en procède. On pourrait même dire que l’essentiel de sa psychologie procède davantage de l’admiration que de la joie. C’est Joie qui s’émerveille la première lorsqu’elle reconnaît Valentina Ortiz mais lorsque Riley lui exprime son admiration, celle-ci n’est pas aux commandes. On comprend la difficulté de faire vivre des personnages qui n’auraient qu’une seule émotion à ressentir mais cela eut été possible si on avait approfondi la psychologie de chacune des émotions plutôt que de céder à la facilité de les doter d’autres émotions.

La puberté ne coïncide pas avec l’apparition de nouvelles émotions

Tout le scénario du film repose sur le postulat que de nouvelles émotions surviennent subitement à la puberté et que celles-ci sont plus sophistiquées : l’anxiété, l’envie, l’embarras et l’ennui. Or ce postulat est faux car toutes les émotions sont actives dès la prime enfance, même si certaines requièrent que certaines facultés mentales soient suffisamment développées pour avoir l’occasion de s’activer, comme la honte ou la culpabilité. Pour s’en convaincre, il suffit, par exemple, d’observer les réactions envieuses des enfants dans un square quand l’un d’entre eux reçoit son goûter des mains de sa maman. La psychanalyste Mélanie Klein faisait remonter la première expérience de l’envie au sein maternel et saint Augustin observait déjà un tout petit envieux qui ne parlait pas encore mais qui fixait d’un regard pâle et farouche son frère de lait.

Les quatre émotions dites de la puberté sont totalement inconsistantes

Au lieu de l’embarras, il eut mieux valu choisir la honte qui est une catégorie émotionnelle bien établie et plus parlante. L’ennui tel qu’il est décrit ne correspond pas à sa définition classique de peine très vive mais plutôt à celle d’absence d’intérêt, de lassitude ou de paresse. Dans cette perspective, l’ennui n’est donc plus vraiment une émotion mais une absence d’émotion, car il ne suscite ni plaisir ni peine. C’est d’ailleurs ce qu’on voit dans le générique de fin quand les parents de Riley lui demandent comment s’est passé son stage de hockey et qu’Ennui la fait répondre sur un ton neutre et indifférent. Pourtant, on ne peut vraiment pas dire qu’elle s’est ennuyée pendant ce stage ! On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi revient à Ennui la responsabilité d’activer le sarcasme qui implique une forme de joie. La très bonne idée était d’introduire l’envie sous la forme d’une petite fille verte avec de grands yeux – probablement en référence à la définition de la jalousie de Shakespeare comme « monstre aux yeux verts » dans Othello. La petitesse et les yeux énormes traduisent bien en effet certains traits caractéristiques de l’envie : le sentiment d’infériorité qu’elle occasionne et le fait que le regard soit le canal prioritaire par lequel elle s’active et manifeste son hostilité. Malheureusement, Envie demeure totalement inoffensive tout au long de l’histoire. Sa psychologie semble souvent relever davantage de l’admiration — comme lorsqu’elle admire les cheveux de Dégoût ou de Val ou les idées d’Anxiété – ou du désir que de l’envie. Elle veut même avoir des amies alors que l’envie est l’émotion qui par essence rend l’amitié impossible. Rappelons que celle-ci se définit depuis Aristote comme « tristesse du bien d’autrui ». En de très rares occasions, Envie s’exprime comme une envieuse. La première fois, quand elle déclare : « Nous avons besoin de cheveux comme ça [Ceux de Val] ». C’est le seul moment où son visage exprime de la malignité et impulse une action envieuse à Riley : toucher les cheveux de Val. La deuxième, lorsqu’elle étrangle Anxiété pour se plaindre que Riley sera vouée à l’obscurité si elle n’est pas retenue sur la liste par la coach. Enfin, à la fin du film, Envie exprime un souhait envieux : « J’aurais bien aimé avoir cette idée ». Toutes ces interventions sont bénignes. L’envie aurait dû être davantage mobilisée, quitte à introduire un peu de noirceur dans le personnage de Riley. Par exemple, Riley aurait pu tomber dans la médisance ou la moquerie qui sont typiquement des comportements auxquels portent l’envie.

Le choix d’Anxiété comme émotion leader est totalement irréaliste

Anxiété est parmi les nouvelles émotions celle qui occupe la position de leader alors que dans les émotions de base cette position revenait à Joie. Autant donner le leadership de la vie émotionnelle à Joie dans le premier opus était une bonne idée, autant le donner à Anxiété dans le second était une très mauvaise idée. L’anxiété est une espèce de souffrance morale, une espèce de tristesse causée par la conscience d’un danger indéterminé. Sa bouche en forme de sourire permanent est donc un contresens. En outre, elle ne peut pas déborder d’énergie comme elle le fait dans le film. Au contraire, l’anxiété tend plutôt à être déprimante et paralysante. Elle se définit elle-même dans le film comme étant en charge « des dangers à venir » ou dans la version anglaise « les trucs effrayants qu’elle ne voit pas » (the scary stuff she can’t see). Mais l’anxiété n’est pas autre chose qu’une peur intransitive : sans objet. Elle résulte le plus souvent de traumatismes de peur, c’est-à-dire de peurs intenses éprouvées par le passé et non résolues, c’est-à-dire non entièrement dissipées, en sorte qu’elles ont généré un sentiment d’insécurité permanent. Si l’on accepte cette définition, on comprend que l’anxiété n’engendre pas un souci de soi qui porte sur l’estime mais sur la conservation.

L’anxiété vit d’un sentiment d’insécurité permanent et a pour souci la conservation de soi. Elle ne s’occupe en rien de l’estime de soi. Les émotions qui affectent négativement l’estime sont – outre la culpabilité – principalement la honte, l’envie, l’orgueil et la vanité, car celles-ci sont très sensibles à la comparaison et à la hiérarchie. L’envie génère un sentiment d’infériorité et une aversion à l’infériorité ; l’orgueil génère un sentiment de supériorité et un désir de supériorité ; la vanité génère un désir de supériorité dans et par le regard d’autrui, soit un désir d’être admiré ou envié, afin d’éprouver un sentiment de supériorité ; enfin, la honte engendre un sentiment d’imperfection causé par le regard d’autrui et le sentiment d’être dévalorisé ou méprisé pour cela. C’est avec ces quatre émotions que l’on aurait dû mettre en scène la problématique de l’estime de soi de Riley.

L’obsession de Riley « d’être à la hauteur » (mauvaise traduction de la réplique « I’m not good enough » dans laversion originale) et d’être sélectionnée pour entrer dans l’équipe de hockey aurait pu s’expliquer par l’aversion à la honte et à l’envie qu’elle se refuse d’éprouver si elle échouait ou par l’orgueil et la vanité dont elle espère jouir si elle réussit, avec le sentiment de supériorité qui en résulte, plutôt que par la peur de ne pas avoir d’amies l’année prochaine si elle n’est pas retenue dans l’équipe. D’ailleurs, les scénarios d’échec que commandent Anxiété à l’Imagination de Riley aboutissent tous à des situations qui lui causeront de la honte : « l’équipe de Bree et Grace remporte le match et Riley a l’air stupide », « Riley manque de marquer un but », « Riley fait une chute sur la patinoire », etc. Si l’on remplace Anxiété par l’une ou l’autre de ces quatre émotions, tout son comportement s’éclaire. On comprend qu’elle puisse décider d’aller la nuit consulter le carnet du coach dans son bureau ou qu’elle « se la joue perso » pendant le match de hockey pour marquer plus de buts que Val. L’envie, l’orgueil et la vanité sont de bien meilleurs candidats à ce genre de comportement. Ce n’est pas à « Je ne suis pas à la hauteur » (I’m not good enough/je ne suis pas assez bonne) que Riley pense sur la glace mais plutôt à « Je veux leur montrer que je suis la meilleure ». Ce serait d’ailleurs cohérent avec la description de Riley donnée au début du film où l’on apprend qu’elle est la première de sa classe. Si l’on ajoute ses talents reconnus d’hockeyeuse, il ne serait pas étonnant qu’elle se soit un peu enorgueillie de son statut de « winner » et qu’elle ait développé un petit sentiment de supériorité.  

Les scénaristes ont souhaité éviter toute considération morale sur les émotions

On a l’impression que les scénaristes se sont refusés à faire, de près ou de loin, de la morale en excusant tous les comportements anti-sociaux de Riley par l’anxiété et des motifs honorables tels que, être à la hauteur, se faire des amis ou ne pas vouloir se retrouver toute seule. Ils ont donc préféré éviter d’affronter les émotions immorales de l’envie, de l’orgueil et de la vanité. Le traitement de l’envie est un contresens total puisque son personnage et sa psychologie la rendent sympathique. L’iconographie de l’envie la dépeint toujours comme répugnante ou antipathique ; que l’on songe, par exemple, à La monomane de l’envie de Géricault. Il y a dans l’esprit de Riley un échange entre Anxiété et Joie qui aurait mérité d’être mis au cœur du scénario tant il détermine les rapports sociaux : « Et si Riley se montrait meilleure que Val et que celle-ci la détestait », dit Anxiété. « Et si Riley se montrait meilleure que Val et que celle-ci la respectait », répond Joie. Ici est exposé un dilemme psychologique essentiel de la condition humaine : comment réagir face à la supériorité d’autrui : va-t-on l’envier ou l’admirer ? Anxiété songe à l’envie qui conduit à la haine, Joie songe à l’admiration qui conduit à l’amour. Envie aurait dû tenir les propos d’Anxiété et ceux de Joie auraient dû être tenus par Admiration.

L’estime de soi n’est pas le seul souci de soi  

Le film présente l’inconvénient de réduire « le souci de soi » à une question d’estime. L’estime est d’ailleurs mal conçue puisqu’elle est résumée par la pensée « Je suis une personne formidable » (« I’m a great person ») ou « Je suis une bonne personne » (« I’m a good person »), ce qui est plutôt une pensée d’orgueil ou de vanité. Une saine estime s’exprimerait davantage par la pensée : « Je m’apprécie à ma juste valeur, je connais mes forces et mes faiblesses, mes qualités et mes défauts et je m’estime (quand même) comme je suis ». Le souci d’estime de soi, c’est-à-dire la remise en cause de sa propre valeur à ses propres yeux, naît le plus souvent de la comparaison avec autrui et de l’apparition de l’envie qui peut en résulter. C’est cette émotion qui est sous-jacente à l’expérience de Riley tout au long du stage : elle envie ces filles qui appartiennent à la meilleure équipe et sont plus fortes qu’elle et elle rêve d’en faire partie l’année prochaine, sans doute surtout par vanité, au point d’en négliger ses deux amies. Les scénaristes mettent cet abandon sur le fait qu’elle a peur d’être toute seule l’année prochaine et de ne plus avoir d’amies puisque ses deux amies changent de lycée. Mais ce n’est pas un mobile très convaincant. En outre, il existe au moins trois autres dimensions du souci de soi qui auraient pu être mobilisées : la conservation de soi qui procède de la peur et d’un sentiment d’insécurité, l’idéal de soi qui procède de l’admiration et du sentiment de perfectionnement ou d’excellence et le don de soi qui procède de la gratitude et du sentiment d’affiliation ou d’appartenance. Les soucis de conservation, d’estime, d’idéal et de don de soi cohabitent en permanence en chacun et deviennent effectifs quand l’émotion qui réveille chacun d’eux s’active. On eût pu ainsi donner à Riley d’autres objectifs que celui de recouvrer son estime de soi. On eut pu la voir trouver sa motivation à exceller au hockey, non par souci d’estime de soi, mais par souci d’idéal de soi, motivée uniquement par le désir d’exceller en raison de l’admiration et de la passion qu’elle éprouve pour ce sport. La puberté n’est pas uniquement marquée par le souci de l’estime de soi.

Toutes les émotions ne sont pas bonnes

Enfin, dernière critique, les scénaristes ont choisi d’exprimer à travers le personnage de Joie une certaine conception des émotions selon laquelle il n’y aurait pas de bonnes ou de mauvaises émotions mais que toutes seraient utiles et se vaudraient. Joie le dit au début du film : « J’ai appris que toutes les émotions sont bonnes pour Riley ». Depuis Aristote, on considère qu’une émotion est toujours un état de plaisir ou de peine. Les émotions sont donc toujours des espèces de joie ou des espèces de tristesse. Spinoza distinguait ainsi entre les passions joyeuses et les passions tristes ; les premières accroissant la puissance d’agir, les secondes la diminuant. Outre d’être désagréables, ces dernières sont à l’origine des troubles mentaux et de maladies psychosomatiques lorsqu’elles se prolongent et deviennent traumatiques. Il n’est donc pas possible de considérer que toutes les manifestations de la tristesse, de la colère ou de la peur sont « OK ». Mieux vaut avoir le plus possible d’émotions positives ou joyeuses et le moins possible d’émotions négatives ou tristes. Il convient alors d’apprendre à dissiper ses émotions négatives car elles occasionnent une souffrance morale qui peut détériorer la santé mentale et physique, et d’apprendre à cultiver ses émotions positives telles que la joie, l’admiration ou la gratitude car elles peuvent l’améliorer. Les clowns hospitaliers utilisent l’humour et le rire comme une véritable thérapie auprès des enfants atteints de maladies graves. En outre, certaines émotions telles que l’envie, l’orgueil, la vanité ou le mépris sont intrinsèquement mauvaises, car non content de nuire à soi, elles nuisent aux relations avec autrui. La honte, la peur et la culpabilité ont des vertus mais le plus souvent elles agissent contre soi en sapant la joie de vivre, la puissance d’agir et l’estime de soi. Joie en vient d’ailleurs à supplier Anxiété d’arrêter de « blesser » Riley. En conclusion, Vice Versa 2 ne peut susciter qu’une grande confusion dans les esprits et particulièrement chez les enfants et les pré-adolescents. Puisque ce film rencontre un véritable succès planétaire, il convient de mettre en garde contre son inanité en matière de compréhension des émotions. Il est pratiquement dépourvu de vertus éducatives.

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Inventeur du modèle d'intelligence émotionnelle Homo emoticus. Auteur de "Homo emoticus L'intelligence émotionnelle au service des managers" aux éditions Diateino, 2021.

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