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Verdict du premier procès Paty: «Une double voire une triple peine pour la famille»

Le journaliste Stéphane Simon réagit au jugement rendu hier


Verdict du premier procès Paty: «Une double voire une triple peine pour la famille»
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Le procès à huis clos des six anciens collégiens jugés pour leur implication dans l’assassinat en 2020 du professeur Samuel Paty par un islamiste vient de s’achever au tribunal de Paris.


Les jeunes gens ont été condamnés à des sanctions allant de 14 mois de prison avec sursis à six mois de prison ferme (cette dernière peine étant aménagée sous bracelet électronique). Le verdict a été critiqué par les avocats des proches de Samuel Paty, qui s’estiment déçus par une décision selon eux « pas à la hauteur du drame » et envoyant « un mauvais signal ». Auteur du livre le plus complet sur l’affaire (Les Derniers Jours de Samuel Paty, Plon), Stéphane Simon apporte son éclairage sur le procès.


Causeur. Comprenez-vous la colère des avocats des proches de Samuel Paty ?

Stéphane Simon.
Je la comprends parfaitement. Deux ans d’enquête ont permis d’établir la responsabilité écrasante de ceux qui, à la sortie du collège du Bois-d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine, ont désigné Samuel Paty au tueur Abdoullakh Anzorov. Il y a eu des aveux clairs de la part de certains, voire des regrets. Mais chez certains seulement ! Au regard des responsabilités, les jugements prononcés sont un peu uniformes et légers. On peut être étonné que la jeune fille dont les mensonges sont à l’origine de toute l’affaire n’ait pas écopé d’une peine plus sévère. Il faut dire qu’elle n’était mise en examen que pour « dénonciation calomnieuse »… Sans doute la Justice a-t-elle voulu donner une deuxième chance à ces six élèves, plutôt que de faire un exemple pour tous les élèves de France.

Ce procès vous a-t-il donné la possibilité de récolter de nouveaux faits, de nouvelles pièces au puzzle ?

Je ne peux entrer dans les détails, le procès s’étant tenu à huis clos, car il s’agissait de juger des personnes mineures. Néanmoins je peux vous dire qu’il y a eu des surprises. Dont une bonne du côté d’un des élèves, qui a reconnu tous les faits, parmi lesquels sa connaissance de l’intention criminelle qui était celle d’Anzorov. Cet élève a exprimé des excuses, qui ont ému la famille. Les juges en ont certainement tenu compte. D’autres condamnés semblent en revanche toujours convaincus de la thèse absurde selon laquelle Samuel Paty était islamophobe. Thèse relayée par leurs avocats, ce qui équivaut à une double voire une triple peine pour la famille de Samuel Paty.

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Quelles sont les prochaines échéances judiciaires dans ce dossier ? Qu’en attendez-vous ?

Le prochain procès sera celui des huit adultes, dont ceux qui ont permis à Anzarov de se procurer des armes, ceux qui l’ont assisté dans son projet, et ceux qui ont appelé à la haine contre Samuel Paty sur les réseaux sociaux et livré son nom aux chiens. Ce procès se déroulera à partir du 12 novembre 2024. Les débats seront publics et cette fois on verra tous les engrenages qui ont rendu possible cette tragédie. On verra mieux qui a agi pour que le lynchage de Samuel Paty ait lieu : ceux qui lui ont mis une cible sur le front, mais aussi ceux qui se sont rendus complices par leur inaction. Et puis il y aura d’autres rendez-vous judiciaires. Au pénal peut-être encore, mais au tribunal administratif sûrement. Car de nombreuses actions sont en cours. On n’a pas fini d’entendre parler dans les prétoires de l’assassinat de Samuel Paty et c’est heureux, car je suis de ceux qui attendent qu’une catharsis se produise dans notre société ayant pour effet de mieux protéger les professeurs et les élèves, en dissuadant l’islamisme de porter son fer dans l’enceinte de nos écoles. Sans cela, nos professeurs seront toujours plus tentés de renoncer à enseigner les heures sombres de notre histoire, comme la Shoah, ou à raconter les fondements de notre société tels que la liberté d’expression et la nécessaire laïcité à l’école. Sans cela, il y a aura toujours plus d’islamisme sans gêne à l’école, et d’autres crimes, comme on l’a vu avec Dominique Bernard, assassiné à Arras en octobre dernier. Prophétique, Samuel Paty avait espéré que sa mort un jour puisse servir à quelque chose. Rendons-lui collectivement cette justice !

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