Entre la Russie et les Etats-Unis, Manuel Valls et Alain Juppé, les deux champions des médias français, ont choisi leur maître depuis longtemps. Fervents atlantistes, ils s’apprêtaient à célébrer la victoire tranquille d’Hillary Clinton, candidate du mondialisme, de la soumission européenne et de l’anti-poutinisme.
« Trump entretient la haine et les amalgames. » avait twitté Manuel Valls en décembre. « C’est un petit homme. Et probablement un mauvais homme » avait-il ajouté au mois de mai, joignant son hostilité pour le candidat républicain à celle de François Hollande, ouvertement anti-Trump. Plus récemment, le premier ministre a donné dans le néologisme moqueur et le diagnostic médical : « Des deux côtés de l’Atlantique, le populisme, ce que j’appelle la trumpisation des esprits, contamine notre vie politique. Ce malaise dans la démocratie n’est pas nouveau, c’est une maladie ancienne dopée par la culture de l’instantané. Il y a cet appel constant à l’émotion plutôt qu’à la raison. » – raison des élites qui allait soumettre facilement la déraison de l’électorat américain « sous-diplômé », formule que les médias français martèlent depuis l’aurore.
Monsieur Trump, comme d’autres, entretient la haine et les amalgames : notre SEUL ennemi, c’est l’islamisme radical.
— Manuel Valls (@manuelvalls) 8 décembre 2015
Alain Juppé avait quant à lui fustigé « l’ignorance de l’état du monde » de Donald Trump. « Sa méconnaissance de l’Europe, son mépris vis-à-vis de la France, ses positions isolationnistes et protectionnistes, son simplisme outrancier, ses revirements incessants sont très préoccupants » avait-il ajouté après avoir admis qu’il ne « le connaissait pas personnellement ». Il avait appelé de ses vœux l’élection de la candidate démocrate – qu’il ne connait que trop bien. En 2011, alors qu’elle était secrétaire d’état, Hillary Clinton avait gratifié Alain Juppé d’un « Monsieur le Président », devant les médias, dans un lapsus que le candidat aux primaires espère prophétique et révélateur.
Le peuple américain, pourtant, en a décidé autrement.
Valls et Juppé sont aujourd’hui affaiblis par leurs déclarations anti-Trump. Ils ne se sont pas seulement trompés de pronostic. Ils ont commis une faute politique en mettant en difficulté la diplomatie française présente et future, par des propos hâtifs et insultants.
Un premier ministre en fonction – probable candidat socialiste – et son homologue de droite favori des sondages engagent et fragilisent la nation par leurs déclarations contraires aux fondamentaux de la politique et de la diplomatie. Soumis à l’oncle d’Amérique en tout, la seule ingérence qu’ils se sont permise à son endroit se retourne aujourd’hui contre eux.
Alain Juppé, qui n’hésite pas à se réclamer du gaullisme, a fait strictement le contraire de ce que l’intelligence politique du Général aurait dû lui inspirer: prêter allégeance à un maître qu’il insulte.
Et qui risque de se venger.
La France s’apprête à élire cet homme. A moins qu’ici aussi les sondages ne se « trumpent ».
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