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Il frappe un policier pour protester contre le «favoritisme» handicapé

Après le « privilège blanc », le « privilège handicapé » ?


Il frappe un policier pour protester contre le «favoritisme» handicapé
Image d'illustration Unsplash

Que celui qui ne s’est jamais garé sur une place pour handicapé lui jette la première pierre…


Le tribunal de Grasse vient de condamner un homme à six mois de prison pour avoir tabassé un policier municipal le 18 mai. « Lorsqu’on m’insulte et me menace, j’attaque férocement », déclara alors le prévenu lors de sa première audience en comparution immédiate. Qui est ce monsieur ? Père de famille de 38 ans, c’est un habitant de Vallauris. Sans doute pour préserver son repos bien mérité après tant d’émotions, Var Matin l’appelle M. Appelons le donc M. Nous avions M le maudit, nous avons désormais M le féroce. M l’incompris aussi. M le blessé, l’offensé, le spolié, l’accablé. 

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Car si le paisible M s’est mué en lion féroce, c’est parce qu’il s’est senti « humilié » devant son fils. Oui, humilié. Le 18 mai, alors que la renaissance printanière bat son plein chez nos compatriotes Vallauriens -pas encore envahis par des flots de touristes en short-, M se précipite vers l’école primaire Saint Jacques. On peut emprunter depuis Vallauris une partie du chemin que prirent Saint Jacques et ses disciples pour se rendre à Compostelle, mais M a mieux à faire. Déterminé sur son scooter, il se doit d’aller cueillir comme il se doit son fils tant estimé, son fils choyé, son fils adulé à la sortie de l’école. Ces qualificatifs ne sont pas de trop. M a confié au tribunal avoir une relation « fusionnelle » avec son fils. 

« Dans ce cas-là, je ne connais qu’un moyen de communication, la violence ! »

Comme il n’en a pas pour longtemps, M gare son scooter sur une place pour handicapé. Et là, un policier municipal ose lui demander de déplacer son deux-roues afin de laisser la place à un éventuel handicapé qui chercherait à se garer. Terrible offense pour notre M, qui se sent certainement rabaissé, insulté, outragé. Contrairement à Saint-Jacques, M ne compte pas se laisser martyriser. Alors il colle quelques coups de poing bien mérités à l’odieux agent et le projette au sol, lui infligeant trois jours d’ITT. 

Ne croyez pas qu’il fait cela parce qu’il a perdu la raison, ne croyez pas non plus qu’M est un adepte de « violence gratuite ». Non, si M agit ainsi, c’est pour s’exprimer. « Dans ce cas-là, je ne connais qu’un moyen de communication, la violence ! », s’est-il justifié lors de sa première audience. Ne se contenant pas, tel un barbare, de projeter sa proie au sol, il lui dénonce alors, entre deux coups de poings, le « favoritisme » handicapé dont l’agent serait évidemment complice. 

Après le « privilège blanc », le « privilège handicapé » ? M a été condamné à une peine (aménageable) de six mois de prison et devra indemniser sa victime. Mais « il s’agit d’une altercation entre deux individus qui a pris de l’ampleur. Il s’agit d’un père de famille bien intégré dans la société », a tempéré son avocat maître Clément Vincent. Vous voilà rassurés ? Un séjour de six mois de ce « père de famille bien intégré » dans un foyer pour handicapés ne serait sans doute pas de trop pour lui ouvrir les yeux sur ce « favoritisme » qui l’a tant offensé. 




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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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