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Valerie Solanas, la haine des hommes

Une féministe avant-gardiste, qui avait prévu qu'on se passerait bientôt des hommes pour la reproduction humaine...


Valerie Solanas, la haine des hommes
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Valerie Solanas (1936-1988), intellectuelle féministe radicale américaine, surtout connue pour avoir tenté d’assassiner Andy Warhol, a diffusé à partir de 1967 un brûlot écœurant appelant à l’éradication du sexe masculin, Scum Manifesto. Des féministes radicales contemporaines bien de chez nous continuent pourtant de l’encenser (Lauren Bastide, Alice Coffin…). Lorsque le pamphlet est réédité par Les 1001 Nuits en France, en 2021, Le Monde le met en couverture de son magazine, c’est tellement avant-gardiste et tellement chic!


Admettons que j’écrive « le juif est un accident biologique », ou « être un juif, c’est avoir quelque chose en moins », « ils seront passés au gaz ». Ou encore : « Un dégénéré ne peut que produire de l’« art » dégénéré. L’artiste véritable, c’est tout aryen sain et sûr de lui », « la vie des aryens doit primer celle des juifs ». Cela ressemble à du nazisme, nous sommes d’accord ? Eh bien, remplacez « juif » par « homme » et « aryen » par « femme », et vous avez un texte de gauche ! Le fameux Scum Manifesto[1] de Valerie Solanas, féministe radicale devant l’Éternel, que dis-je, l’Éternelle.

Ce Mein Kampf du féminisme ne proposa rien de moins que l’extermination des hommes à l’exception généreuse de ceux qui déclareraient être « une merde minable et abjecte » (exercice auquel bon nombre de petits fayots à gauche se plieraient sans peine). En gros, la thèse principale de cet écœurant galimatias est que les hommes sont des sous-êtres qui méritent d’être exterminés pour que le « sexe supérieur » (l’expression est de moi, dans sa radicalité Solanas n’en a pas eu l’audace) puisse trouver son plein épanouissement.

Visionnaire

Véritable exercice d’humiliation de la gent masculine, le manifeste explique que l’existence des mâles n’est pas digne d’être vécue. Un homme n’est « qu’une mécanique, un godemiché ambulant », une « femelle incomplète » dont la seule et unique fonction « est de produire du sperme » ; il sait « au fond de lui, qu’il n’est qu’un tas de merde ». Quant aux femmes, leur fonction est « d’explorer, découvrir, inventer, résoudre des problèmes, dire des joyeusetés, faire de la musique – le tout, avec amour. En d’autres termes de créer un monde magique. » Le pays des fées !

Évidemment, l’engeance masculine porte l’entière responsabilité de ces terribles maux que sont « la guerre », « le travail », mais aussi « la culture », « l’éducation », « la philosophie »… la liste est large, incluant au passage « la mort ». Car bien sûr, c’est délibérément que les hommes s’abstiennent de régler cette simple formalité. Il suffirait pour l’abolir d’une automation digne de ce nom, mais hélas « l’institution de l’ordinateur sera continuellement retardée dans un système régi par les hommes car ceux-ci ont horreur d’être remplacés par des machines. » Visionnaire ! Qui ne pense immédiatement à la crainte de destructions d’emploi par les IA génératives, crainte réservée aux hommes cela s’entend ?

Rendons-lui grâce tout de même d’avoir anticipé certaines évolutions sociétales : « Si les hommes étaient raisonnables, ils chercheraient à se changer carrément en femmes, mèneraient des recherches biologiques intensives qui permettraient, au moyen d’opérations sur le cerveau et le système nerveux, de transformer les hommes en femmes, corps et esprit. » Il faut croire que la dame ne se serait pas satisfaite du simple « ressenti » dont se prévalent nos chers non-binaires. Qu’ils se rassurent, elle comptait épargner « les travelos qui par leur exemple magnifique encouragent les autres hommes à se démasculiniser et à se rendre ainsi relativement inoffensifs ». On peut se demander si cette haine des hommes et de la masculinité, concentrée dans ce pamphlet, mais diffuse au sein de la société depuis le féminisme des années 1970 auquel le féminisme actuel n’a rien à envier, ne pousse pas ces messieurs à se considérer comme des femmes pour échapper à leur stigmatisation, comme les juifs devaient se convertir au christianisme au temps de la judéophobie médiévale.

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Le cas Solanas est-il une exception ? Pas tant que ça. Qu’on pense seulement à cet article-canular qui comportait une réécriture en version féministe d’un chapitre du livre d’Hitler. Soumis à l’examen d’une revue académique, il avait été accepté[2]. Sans doute avait-on à l’esprit la prose de Solanas, référence scientifique de premier ordre.

Fascisme de papier glacé

On ne s’étonnera donc pas que le Scum manifesto soit de nos jours encore encensé par la gauche, d’où sa réception en grande pompe par M, le magazine du Monde qui lui fit l’honneur de sa couverture à l’occasion de sa réédition, en 2021. La brochure de squats s’affichait sur le papier glacé des magazines de la bourgeoisie, quel triomphe !

Il semble qu’on permette beaucoup de choses au nom du féminisme, y compris le sexisme le plus fascisant. Dans le cas de Solanas et de quelques autres, le terme féminazie n’est vraiment pas usurpé. Cela montre clairement que le concept de féminisme ne coïncide pas avec celui d’antisexisme. Il est donc au mieux inutile (puisque faisant double emploi), au pire nuisible (puisque ne visant pas l’égalité). Après tout, personne ne se dit « noiriste » ou « arabiste » pour lutter contre des discriminations, réelles ou fantasmées. On se contente de parler d’antiracisme. Pourquoi alors devrait-on parler de féminisme ? Pourquoi ne pas se contenter du terme antisexisme ? Et qu’on ne me dise pas qu’il y aurait un risque d’invisibiliser les femmes par un terme aussi large, ce n’est pas comme s’il évoquait spontanément la condition masculine… Donc je le répète : pourquoi devrait-on parler de féminisme, si l’on ne cherchait pas à introduire subrepticement des choses très loin d’une soi-disant lutte pour l’égalité, à commencer par une grille de lecture victimaire, revancharde, essentialisante et stigmatisante ? L’antisexisme oui, le féminisme non.

Inutilité, nuisance, et surtout lâcheté de ces idéologues : car je doute que les thuriféraires du féminisme « radical » se permettent d’entrer dans le détail de leurs affirmations. Prenons les déclarations d’Alice Coffin, par exemple, comme quoi il ne faut pas lire les livres écrits par les hommes[3]. Ces horreurs proférées par une féministe radicale comme Madame Coffin, les tolèrerait-on d’un suprémaciste ? Accepterait-on par exemple que quelqu’un invite à ne pas lire les livres écrits par des hommes noirs ? Simple question rhétorique. La lâcheté du féminisme intersectionnel ne m’a pas échappé, lâcheté politique et morale bien sûr, lâcheté physique peut-être aussi. Libre à Coffin de me démentir en allant crier tout le mal qu’elle pense des hommes au beau milieu d’une cité sensible ! Il lui faudra le concours des forces de l’ordre, c’est-à-dire, pour une bonne part je le crains, des hommes…

Au fait, l’extermination des hommes, c’est bien, mais qui s’en charge ? Les femmes ? Cette pauvre Valerie armée d’un flingue n’avait même pas été foutue d’exterminer son amant Andy Warhol avant d’être envoyée à l’asile… Tragédie d’un irréalisable fascisme en jupons. Sauf peut-être à recourir demain aux robots de Boston Dynamics ? Voilà encore la mécanisation chère à Solanas et ses admiratrices. Il leur restera à convaincre ChatGPT de leur sororité.

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[1] Traduction française Emmanuelle de Lesseps, chez Zanzara athée, décembre 2005.

[2] https://areomagazine.com/2018/10/02/academic-grievance-studies-and-the-corruption-of-scholarship/

[3] https://www.lefigaro.fr/culture/alice-coffin-les-hommes-je-ne-regarde-plus-leurs-films-je-n-ecoute-plus-leur-musique-20201002




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Écrivain, auteur de "Pute Finale", aux Editions Sans Pitié

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