Sur le plateau de «On est en direct», Valérie Pécresse s’est vantée de défendre une digue entre la droite et l’extrême-droite, sans même remettre en cause la définition sans cesse changeante de «l’extrême-droite»…
… Définition qui est imposée par la gauche et fluctue au gré des intérêts et des caprices de cette dernière. La candidate soutenue par LR s’enorgueillit de faire comme si « l’extrême-droite » d’aujourd’hui était encore l’extrême-droite à laquelle s’opposa le Général De Gaulle. C’est une faute lourde. Il n’est pas trop tard pour que la candidate LR la corrige, mais le temps presse. Puissent les plus clairvoyants de ses soutiens la convaincre rapidement…. ou suivre l’exemple de Guillaume Peltier.
Le ralliement à Eric Zemmour de l’ex-numéro 2 de LR et député de la deuxième circonscription du Loir-et-Cher est peut-être l’évènement qui permettra à la droite française de se sortir enfin du piège dans lequel l’a faite tomber jadis François Mitterrand. Piège de la confusion volontaire entre extrême-droite et ultra-droite, piège de la soumission au magistère moral autoproclamé d’une gauche qui n’a pourtant pas hésité à s’allier aux communistes, malgré le témoignage de Soljenitsyne, malgré les goulags, l’Holodomor et les gardes rouges…
Un choix crucial
Voici LR face à un choix crucial : faut-il perpétuer ce « front républicain » qui depuis 40 ans conduit notre pays à la catastrophe, ou permettre l’union des droites et une authentique alternance politique ? En réalité, le choix est plus fondamental encore, car ces termes ne recouvrent pas tout à fait ce que l’on imaginerait a priori :
D’un côté, donc, le fameux « front républicain ». En vérité, il n’a plus de républicain que le nom, un nom éhontément usurpé. Car il n’y a rien de républicain à faire alliance avec les islamo-compatibles, les racialistes, les décoloniaux, les multiculturalistes et tous les adeptes de la déconstruction qui n’ont de cesse de saper les fondamentaux culturels rendant possible la République. Il n’y a rien de républicain à se draper dans de beaux principes pour encourager une immigration débridée, puisque si bien évidemment chaque immigré doit être jugé en tant qu’individu et non réduit à sa culture d’origine, dans l’ensemble et statistiquement il s’agit tout de même d’importer massivement l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie, le fanatisme religieux et les logiques tribales.
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Ce bien mal nommé « front républicain » n’est qu’un piège : la diabolisation et la « nazification » de quiconque ne se soumet pas à des « lignes rouges » fixées arbitrairement par la gauche, dans le seul but de refuser toute légitimité démocratique à une part importante de l’électorat de droite, afin de décaler artificiellement vers la gauche le centre de gravité de la politique française. De nos jours, ce sont les accusations délirantes portées contre Eric Zemmour et Marine Le Pen, et l’obsession du « faire barrage », qui aboutissent à exclure du débat démocratique et de l’exercice de la souveraineté près du tiers des citoyens de notre pays. La question récurrente des parrainages l’illustre bien, et Mathieu Bock-Côté a dernièrement posé une question essentielle : quelle légitimité resterait-il à une élection dont Zemmour, Le Pen et même Mélenchon seraient exclus, alors qu’Anne Hidalgo s’y présente sans difficulté ?
De l’autre côté, l’union des droites. Celle-ci ne saurait être une fin en soi : la gauche a certes l’habitude de se préoccuper d’avantage de sauver la gauche que de sauver la France, mais il serait dramatique que la droite se laisse aller à un nombrilisme similaire. L’union des droites n’a de sens que si elle est une alliance au service de la France, face à des menaces assez graves pour justifier de mettre de côté toutes les divergences secondaires. Or, de telles menaces existent aujourd’hui.
L’islamisme d’abord, qui est la volonté de faire de l’islam la norme, au double sens de « normal » et de « normatif », et dont le terrorisme n’est qu’un moyen d’action parmi beaucoup d’autres : entrisme associatif et politique, influence culturelle et financière, corruption, harcèlement judiciaire, etc. On connaît le triptyque: hard power, soft power, gold power. Les moyens utilisés par l’islamisme sont secondaires : on parle d’un projet consistant à mettre fin à la liberté de conscience, à l’égalité des droits civiques entre femmes et hommes, et ainsi de suite. Pour mémoire, la quasi-totalité des pays musulmans interdisent l’apostasie (certains la punissent même de mort), refusant donc la liberté de conscience qui est pourtant le plus fondamental des droits, et l’actuel Grand Imam d’Al-Azhar lui-même déclarait en 2016 que les quatre grandes écoles juridiques du sunnisme (les madhhabs) sont unanimes pour prévoir la mise à mort des apostats. Un tel projet de société n’est pas tolérable, quand bien même il ne tenterait de s’imposer que par des moyens légaux.
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Ensuite un certain « progressisme », sous de multiples formes : déconstruction, wokisme, « cancel culture », multiculturalisme, idéologie diversitaire, dictature des minorités, racisme mal déguisé de la discrimination « positive », de l’indigénisme et du « décolonialisme », et ainsi de suite. C’est l’exclusion de JK Rowling de la célébration de Harry Potter sous prétexte qu’elle serait « transphobe », ayant dit que « femme » se réfère à une réalité biologique objective. C’est cette commissaire européenne conseillant de ne plus parler de Noël au nom de « l’inclusion », ou cette campagne de l’UE proclamant que « la joie est dans le hijab » – les Iraniennes apprécieront. Remarquons au passage que l’islamisme et le « progressisme » font cause commune contre la civilisation occidentale, porteuse malgré tous ses défauts de la quête du Vrai, du Juste, du Beau, et qui est donc un obstacle radical à l’hégémonie du relativisme « progressiste » comme à l’arbitraire du droit divin islamiste.
La droite doit se dresser contre la société liquide qui advient
Enfin, la réification marchande du monde et des êtres, cette société liquide où plus rien n’a de valeur puisque tout n’a qu’un prix, start-up nation et pays réduits à des territoires à administrer, opportunités pour les premiers de cordée et les autres qui n’ont qu’à traverser la rue, disruption permanente, loi de la jungle mondiale propice à l’instauration du règne des seigneurs de la guerre économique. L’extrême-centre en est le héraut, Emmanuel Macron l’un des visages.
La gauche s’est massivement soumise à ces trois ennemis, le second étant d’ailleurs dans une large mesure sa création, et l’union des droites s’avère donc indispensable – on notera qu’elle ne peut se faire qu’autour de la « droite des valeurs », la « droite du fric » s’étant idéologiquement ralliée à la société liquide, et politiquement à LREM.
Mais il serait insensé de se contenter de l’union des droites, même si elle doit donner l’impulsion nécessaire. Il reste à gauche des esprits lucides qui ont toute leur place dans une telle alliance, notamment au sein de la gauche souverainiste qui préfère l’assimilation au multiculturalisme, et la République française à la République hors sol : Céline Pina, Fatiha Boudjahlat, Michel Onfray, Georges Kuzmanovic, peut-être même Fabien Roussel malgré son appartenance à un parti se référant à une idéologie totalitaire et meurtrière. On notera que la gauche du pseudo-« front républicain » l’a en partie compris, ne retenant pas ses attaques contre ceux qu’elle accuse de « dérive droitière » (comme si être de droite était en soi infâmant) : les propos méprisants et outranciers de Gilles Clavreul envers Céline Pina et Fatiha Boudjahlat sont à cet égard de véritables cas d’école, tout comme le « rappel à l’ordre » de Mila succédant à celui de Raphaël Enthoven.
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Y a-t-il, dans cette union des droites élargie à la gauche souverainiste, un risque de se laisser infiltrer et instrumentaliser par l’ultra-droite, et ce qui demeure de véritables extrémistes tentés par un totalitarisme de type néo-nazi, et/ou par le suprémacisme racial ? La crainte est légitime, et la vigilance nécessaire. Mais il faut souligner que les trois formations de droite y sont extrêmement attentives, même celles dites « d’extrême-droite » : le RN s’attache depuis des années à « faire le ménage », et Eric Zemmour a été particulièrement clair sur le sujet.
Il existe hélas dans notre pays des partis politiques ayant des projets racistes : ce sont les partis dits « progressistes », qui promeuvent le multiculturalisme et les assignations identitaires, le décolonialisme, la discimination « positive », le soi-disant « antiracisme » woke, dont on voit les ravages outre-Atlantique. LFI, EELV, mais pas seulement. C’est devant le suprémacisme racial Noir que voulait s’agenouiller un ministre de l’Intérieur de LREM, croyant que le gang Traoré initiait un « BLM à la française », et on notera que le « front républicain » n’en a pas pour autant exclu Christophe Castaner de la liste des personnes fréquentables. Pas plus que n’en est exclu Emmanuel Macron, qui pourtant n’a jamais désavoué sa ministre Elisabeth Moreno lorsqu’elle parle de « privilège blanc » et fait l’éloge de la discrimination « positive », c’est-à-dire de la sélection sur la base de la couleur de peau…