À bord d’un navire de luxe, le Zaandam, Olivier Barrot nous raconte son errance maritime, au début de l’épidémie de Covid, entre suspension du temps et enfermement sanitaire.
Que toute cette « mésaventure » nous semble loin, le temps s’est dilué depuis mars 2020. Le monde devait changer, se libérer, se réinventer, desserrer les crocs de la croissance et du profit, « Plus jamais ça ! » entendions-nous, dans le poste et au micro des hommes politiques contrits. Les casseroles sonnaient aux balcons, nos déplacements étaient assujettis à une attestation auto-signée et les livres interdits à la vente.
À l’extérieur, nos pas furent chronométrés et nos réunions de famille limitées au cercle des valides. L’infantilisation en marche s’emparait, peu à peu, de nos moindres faits et gestes quotidiens. Pendant que nos anciens, seuls et désarmés, luttaient dans l’indifférence, exfiltrés de la nation pour raisons médicales, nous regardions hébétés le grand spectacle du délitement. Entre excès de pointillisme administratif et affolement aux urgences, nous commencions à avoir de sérieux doutes sur notre manière
