À l’approche de l’élection présidentielle, le message est on ne peut plus explicite : il faut reconquérir l’électorat catholique déçu par le sarkozysme, une tâche notamment confiée à Christine Boutin, ralliée de fraîche date au Président de la République.
Un peu de catholiques, quelques juifs, des Arméniens, et la sauce électorale devrait prendre. Seulement, il est devenu difficile, au sein de la majorité, de trouver la personne idoine, entendez un représentant de la nation qui n’ait pas peur d’affirmer ses valeurs catholiques et qui puisse convaincre les siens des bonnes dispositions de Nicolas Sarkozy à leur égard.
On connaît bien la catholicité de certains, mais elle fut tant de fois mise sous le boisseau qu’il n’en reste en réalité pas grand-chose. François Fillon a cru bon de préciser qu’il n’assistait pas à la messe tous les dimanches, Nadine Morano a rapidement laissé tomber le masque en se battant corps et âme pour le mariage homosexuel et on raconte que Luc Chatel n’ose même plus serrer la main aux curés de peur d’en sembler trop proche. Il en restait bien quelques-uns, de la droite populaire, mais c’eût été assurément caricatural.
En désespoir de cause, l’UMP a fait le choix du député des Yvelines, Étienne Pinte, ancien maire de Versailles, chargé de draguer un électorat qui attendait beaucoup d’un président pour lequel il avait majoritairement voté et qui s’est retrouvé, à l’instar de tant d’autres, largement déçu. Sans aucun doute jure-t-il désormais qu’on ne l’y prendra plus, souvenir amer de l’introduction de la « théorie du genre » à l’École ou encore des dérogations accordées par la nouvelle loi de bioéthique sur les cellules souches embryonnaires.
Étienne Pinte a pris son rôle très au sérieux et publie ces jours-ci un ouvrage au titre éloquent : Extrême droite, pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire (L’Atelier). Si Paris vaut bien une messe, un maroquin vaut bien un livre – pour lequel le parlementaire s’est adjoint les services du père Jacques Turck. De fait, Pinte a bien besoin d’un supplément d’âme – et de crédibilité –, lui qui est à la défense du catholicisme ce que le Parti socialiste est désormais à la protection des ouvriers ! Il fut en effet de ceux qui votèrent en faveur de la loi Veil en 1975 : quoi qu’on pense de ce texte, un fait d’arme « pas très catholique » pour qui connaît son catéchisme.
Dans un discours prononcé devant le Parti populaire européen le 30 mars 2006, le pape Benoît XVI rappelait trois points non négociables par l’Église : la protection de la vie à toutes ses étapes ; la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage ; la protection du droit des parents d’éduquer leurs enfants. En somme, rien de ce que promeut l’UMP aujourd’hui.
De cela, il n’est pas question dans le livre. En revanche les clichés abondent. L’extrême droite serait incompatible avec la doctrine sociale de l’Église parce qu’elle prônerait l’exclusion de l’étranger, rejetterait la mondialisation et participerait de valeurs implicitement antisémites et explicitement islamophobes. Possible, mais en admettant que ce rappel au règlement dissuade les catholiques tentés par le vote frontiste, il n’est pas certain qu’il les ramène au bercail sarkozyste. Beaucoup pensent en effet que plus personne, ni dans la société, ni dans le monde politique ne défend leurs valeurs – auxquelles il est même suspect de se référer. À chaque fois que le débat public a porté sur des thèmes qui leur importaient, ils se sont sentis abandonnés et plus encore inaudibles. Où était Étienne Pinte dans ces moments là ?
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