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Les écolos contre l’écologie

C'est une cause trop grave pour leur être confiée


Les écolos contre l’écologie
Le journaliste "engagé" Hugo Clément Image: Capture d'écran YouTube

Le messianisme écologique est fort pour vilipender les pays occidentaux et le nucléaire, ou pour encenser l’éolien et Greta Thunberg. Il l’est nettement moins pour dénoncer les véritables gros pollueurs ou pour se pencher sur la démographie problématique du continent africain.


Je suis convaincu de l’urgence écologique. Et il faut le reconnaître: c’est bien grâce à l’action menée depuis des décennies par les militants écologistes que de plus en plus de gens partagent aujourd’hui la conscience de cette urgence. Certes, les prophètes de l’apocalypse ont jusqu’ici toujours eu tort, et évoquent avant tout le Philippulus de Tintin, mais il semble bien malheureusement que cette fois-ci, nous soyons véritablement face à un danger majeur. Hélas ! A présent, les « écolos » sont devenus un obstacle à l’écologie, en même temps qu’ils ont fait d’elle un dogme quasi-religieux au détriment de l’approche scientifique rigoureuse qui devrait informer nos choix collectifs. Ce n’est pas en faisant de Greta une prophétesse ou en l’imaginant voyageuse temporelle que l’on répondra à ce qu’il y a de rationnel dans ses inquiétudes.

Bien sûr, les problèmes sont multiples : pollution des sols, création de véritables continents de plastique dans les océans, pluies acides… Mais lorsque tout est prioritaire, plus rien ne l’est. « Décider c’est choisir, et choisir c’est renoncer. » Je pense que l’on m’accordera donc le bien fondé de trois priorités: le changement climatique, la biodiversité, et l’action internationale.

Les écolos opposés au nucléaire

Le changement climatique fait l’objet de nombreux débats, mais sans céder au catastrophisme absolu il serait bien imprudent de négliger l’impact (pour le pire) de l’activité humaine sur ce changement. Je ne saurais trop conseiller de lire ou d’écouter l’excellent Jean-Marc Jancovici sur le sujet.

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Ceci posé, et toujours en agissant par ordre de priorité, il faut admettre que de toutes les sources d’énergie un tant soit peu adaptées à notre consommation, l’énergie nucléaire est de très loin celle qui a le moins d’impact sur le climat. Je sais: nous pouvons réduire notre consommation d’énergie. Mais compte-tenu de l’augmentation exponentielle de la population mondiale (sur laquelle je reviendrai), il faut bien comprendre que c’est un pis-aller temporaire, et certainement pas une solution durable – contrairement à l’énergie de l’atome. Or, et comme par hasard, les « écolos » sont contre le nucléaire. Sans doute préfèrent-ils les centrales à charbon allemandes. A moins qu’ils n’espèrent bétonner des centaines d’hectares d’espaces naturels pour multiplier les parcs éoliens au point de compenser l’arrêt du nucléaire (et encore, quand il y a du vent) ? La biodiversité risque d’en payer le prix fort…

Surpâturage humain

Biodiversité, justement. Aujourd’hui, l’une des principales causes de perte de biodiversité, sinon la principale, est la destruction de l’habitat des espèces, c’est-à-dire la destruction des espaces naturels remplacés par des infrastructures humaines (villes, routes, etc), ou des terres agricoles chargées de nourrir les mêmes humains, ou les animaux d’élevage qui les nourrissent. Non que nous prenions chacun de plus en plus de place: nous sommes surtout de plus en plus nombreux. En d’autres termes, outre une alimentation excessivement carnée, le surpâturage humain est la pire de toutes les catastrophes écologiques.

Plus encore : il suffit de voir la célèbre courbe de l’évolution de la population pour savoir que la catastrophe approche. La nourriture, l’eau, l’espace, ne sont pas des ressources illimitées sur notre planète, et notre espèce n’est pas psychologiquement faite pour supporter une densité de peuplement excessive, qui est toujours source de tensions, d’agressivité accrue et de violence. Bien sûr, cela n’aura qu’un temps. Les cas de surpâturage sont toujours temporaires : parfois l’épuisement des ressources provoque des famines, parfois la promiscuité favorise les épidémies, parfois elle aboutit à des poussées de violence débridées et meurtrières – ce que dans le cas des humains nous appelons des guerres. Mais pour ma part, je préfère une baisse raisonnée de la natalité à une explosion de la mortalité provoquée par le trio famine, épidémie, guerre.

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Faisons court: si vous aimez la biodiversité (et accessoirement la paix), vous devez de toute urgence défendre la régulation des naissances et réduire drastiquement la consommation de viande. Tout le reste, par comparaison, n’a qu’un impact epsilonesque sur le problème de fond. Alors bien sûr, il y a des « écolos » qui encouragent les gens à se faire stériliser, mais (là encore « comme par hasard ») toujours les gens appartenant à des cultures faisant peu d’enfants, et jamais ceux appartenant aux cultures à l’origine de la bombe démographique qui menace tous les écosystèmes.

Pire encore : en militant bien souvent pour l’abolition des frontières, les « écolos » encouragent cette bombe démographique, en permettant aux pays qui en sont à l’origine de « déverser » leur excédant de population là où la démographie avait été à peu près maîtrisée. Mettons-nous donc à la place de ces pays, essentiellement africains: outre le poids électoral des familles nombreuses dans une culture où le vote est tribal plus que politique, une importante diaspora dans les pays occidentaux est la certitude d’argent envoyé « au pays » et d’un levier d’influence (voire d’un moyen de pression) bien utile pour peser dans les négociations économiques. En d’autres termes, il en va aujourd’hui de la régulation des naissances comme jadis de l’abolition de l’esclavage: certains pays ne s’y résigneront que sous la contrainte. Ce qui m’amène au dernier point, l’action internationale.

L’occident pourrait user de son autorité morale mais…

Car enfin ! Tant que la Chine continuera à polluer autant qu’elle le fait, tant que la bombe démographique africaine continuera son explosion, il ne servira pas à grand’ chose que l’Europe renonce aux cotons-tiges, ni même qu’elle revienne à la consommation énergétique qui était la sienne au temps des Césars. Notre impact n’est pas nul, mais il n’est pas, il n’est plus, à ce point déterminant.

Hélas oui, l’Europe (avec le Canada et dans une moindre mesure le Japon et les États-Unis) est aujourd’hui la seule aire culturelle à avoir à peu près pris conscience de l’urgence écologique, et encore sans doute très insuffisamment. Or, la vision politique des « écolos » s’oppose à toute forme de stratégie de puissance. Pire, cédant aux lubies d’une extrême-gauche pour laquelle l’Occident est la source éternelle de tout le malheur du monde, les « écolos » s’ingénient à saper l’autorité morale dont nous aurions pu user pour convaincre par l’exemple le concert des nations de s’engager sérieusement dans l’écologie. Et ils applaudissent Greta qui porte plainte contre cinq pays ayant signé le troisième protocole de la CIDE, mais épargne soigneusement les trois plus gros émetteurs de CO2 au monde, qui évidemment ne l’ont pas signé, à savoir la Chine, les États-Unis et l’Inde. Le juridisme a bon dos !

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Alors, l’Europe devrait-elle plutôt se lancer une nouvelle fois à la conquête du monde, investie d’un messianisme écologiste la poussant à user de la force pour sauver l’humanité? Évidemment que non! Ce serait aussi irréaliste qu’inefficace. A notre petite échelle, nous voyons déjà que la tentation inquisitoriale et totalitaire à laquelle succombent certains « écolos » exaspère plus qu’elle ne persuade, et ne contribue pas franchement à préserver la nature.

En revanche, si effectivement elle est convaincue de l’urgence écologique, l’Europe doit impérativement trouver un moyen de concilier cet impératif avec une véritable politique de puissance, pleinement assumée, et universaliste sans être impérialiste. Cela seul lui redonnera la crédibilité qui était jadis la sienne, et qui lui permettra peut-être de provoquer une « révolution écologique » à l’image de la « révolution abolitionniste » dont elle fut l’origine.

« La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires » disait Clémenceau. Sans oublier les mérites qui furent les leurs en tant que lanceurs d’alerte, et justement parce que ces alertes sont fondamentales, il est temps aujourd’hui d’affirmer : « L’écologie ! C’est une chose trop grave pour la confier à des écologistes. »

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Haut fonctionnaire, polytechnicien. Sécurité, anti-terrorisme, sciences des religions. Dernière publicatrion : "Refuser l'arbitraire: Qu'avons-nous encore à défendre ? Et sommes-nous prêts à ce que nos enfants livrent bataille pour le défendre ?" (FYP éditions, 2023)

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