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A l’UNEF, on n’a pas d’idées mais on a des subventions

La chute de la maison UNEF


A l’UNEF, on n’a pas d’idées mais on a des subventions
Militant de l'UNEF, 15 février 2018. Crédit photo Samuel Boivin.

Si elle est à l’avant-garde de la mobilisation, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) a depuis longtemps perdu ses troupes et ses idées. Mais pas ses subventions.


« L’UNEF perd peu à peu contact avec la masse des étudiants, et l’organisation dépérit lentement. Paralysée financièrement […], lieu d’affrontements de groupuscules politiques », l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) demeure néanmoins « au carrefour de tous les foyers d’agitation du monde étudiant ». Ces lignes décrivent la situation du syndicat en… 1968[tooltips content= »Voir « Une jeunesse centenaire, brève histoire de l’UNEF », disponible en ligne. »]1[/tooltips]. Victime de schismes en cascade, au sujet de la guerre d’Algérie puis de l’adhésion au marxisme, l’UNEF était déjà en crise il y a cinquante ans. L’organisation a ainsi vu ses effectifs fondre de 80 000 adhérents dans les années 1950 à 20 000 en 1968. Elle en revendique aujourd’hui 19 000, alors que le nombre d’étudiants a décuplé. Son effectif est passé d’un étudiant sur deux en 1956 à moins d’un sur cent en 2018 (0,8 %).

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L’UNEF est encore le deuxième syndicat étudiant de France, derrière la FAGE, mais avec une participation dérisoire aux différentes élections qui mesurent la représentativité : 7,1 % en 2017 pour désigner les délégués du Conseil national des œuvres universitaires (Cnous), soit dix fois moins qu’aux élections de 1973 (71 %). À Nanterre, ex-bastion syndical, 2 % des inscrits ont voté en 2015…

Tous les observateurs s’accordent à dire que le noyau actif de l’UNEF est proche de 2 000 militants. Pour les élections du conseil d’administration de La Mutuelle des étudiants (LMDE), en avril 2017, l’UNEF, qui truste tous les sièges, a mobilisé exactement 2 218 votants.

Le secret de sa longévité, les subventions

La LMDE, d’ailleurs, est la clé qui permet de comprendre comment l’UNEF tient encore : par les subventions. Le conseil d’administration de la mutuelle ne sert plus à rien. La LMDE était si mal gérée que l’Assurance maladie l’a reprise en main en octobre 2015 (en attendant l’intégration des étudiants au régime général, à la rentrée prochaine). Les instances décisionnaires de la LMDE ont été maintenues pour la forme, mais aussi pour défrayer une quinzaine de militants UNEF à temps plein, à hauteur de quelques centaines d’euros par mois. Les aides versées par l’État sont très conséquentes. Les annexes au projet de loi de finances 2018 annoncent un total de 801 000 euros de subventions pour l’UNEF en 2016. En y ajoutant les soutiens des conseils régionaux et des municipalités, on dépasse probablement le million d’euros. C’est pour ce trésor de guerre que l’UNEF se déchire. Dernière péripétie, une tentative de putsch avortée, menée l’été dernier par William Martinet, président de l’UNEF de 2013 à 2016, visant à placer le syndicat dans l’orbite de la France insoumise. Plusieurs membres du bureau national ont été exclus.

S’ajoutent à cela des errements idéologiques préoccupants, comme les réunions non mixtes de genre, auxquelles la direction de l’UNEF semble tenir beaucoup. Suicide électoral… La non-mixité, sans surprise, séduit moins l’étudiante que ne le fait l’étudiant, et réciproquement. Dans la chaleur des nuits festives de Tolbiac, mi-avril, un projet d’atelier non mixte défendu par l’UNEF a suscité tant de moqueries et d’indignation qu’il a été annulé (voir page 68).

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Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste

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