La mobilisation était faible, en avril, dans la grande université du nord de Paris, berceau d’une amusante « Internationale islamo-situationniste ».
En ce début d’avril, la faculté de 22 045 étudiants est bien vide. Le piquet de grève à l’entrée n’est ni hostile ni véritablement filtrant. Quelques jeunes gens errent dans les couloirs. Des vigiles patrouillent nonchalamment. Une AG se tient au fond du département cinéma. Surprise, les participants y évoquent de façon rationnelle des problèmes concrets. Les graffitis sont classiques : appels à la révolution, à l’Intifada, aux meurtres de policiers, de « fafs » et de racistes.
Trois migrants passent, chargés de sacs de courses. Une jeune fille aux cheveux bleus discute avec une camarade voilée. À la cafétéria, deux enseignants aident une trentaine de sans-papiers à remplir leur dossier de régularisation. « La préfecture ne vérifie pas les comptes bancaires, déclarez sur l’honneur gagner 635 euros par mois », enjoignent les universitaires, visiblement peu gênés d’apprendre à contourner la loi. D’autres donnent des « cours alternatifs » (« Professionnalisation des agitateurs », « Jonglage et feu », etc.). La révolution s’ennuie.
« Ayatollahaha »
Un mur tagué lui redonne le sourire : « Mélenchon, le plus con des Français pro-Bolivar », écho à l’aphorisme de Guy Debord, « Godard, le plus con des Suisses prochinois ». Suivent « Pour un califat queer autogéré » et « Ayatollahaha »… Des tags-gags signés d’une mystérieuse Internationale islamo-situationniste.
Sa page Facebook est un délice, avec un « message de Claude François : à ton âge il y a des choses qu’un garçon doit savoir ; les décoloniaux, méfie-toi, c’est pas ce que tu crois. » « Mai 68 ne nous intéresse pas, l’amour ET la guerre. » Et en référence à la « BD raciste Tintin », ce tag : « Comme Abdallah, on va grand-remplacer le château de Moulinsart. »
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