Face à la mobilisation des mouvements laïcs, la présidence de Lyon 2 a annulé en catastrophe un colloque académique où l’un des intervenants était fiché S! Une affaire qui témoigne de l’influence grandissante de l’islamo-gauchisme sur la faculté.
Le 11 octobre 2017, la présidente de l’Université Lumière-Lyon 2, Nathalie Dompnier, entourée de ses vice-présidents mâles et femelles[tooltips content=’N’étant pas un fan de l’écriture inclusive, j’ai choisi une autre manière de marquer le genre…’]1[/tooltips], donnait sa traditionnelle conférence de rentrée universitaire, à laquelle n’assistent généralement que les rubricards « éducation » de la presse régionale. Mais cette fois-ci, elle avait attiré d’autres journalistes curieux, dont l’auteur de ces lignes. Madame la présidente avait en effet annoncé qu’elle allait s’expliquer sur l’annulation du colloque « Lutter contre l’islamophobie, un enjeu d’égalité ? », qui aurait dû se tenir le 14 octobre dans les locaux de l’université.
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Cette décision est rarissime dans la tradition universitaire française, qui ne s’interdit d’aborder aucun thème, pourvu que cela se fasse avec les critères scientifiques reconnus et la « neutralité axiologique » qui permet de distinguer la science de l’idéologie, et l’enseignement supérieur de la propagande politique.
Le vice-président fustige « l’emballement médiatique qui s’est acharné contre ce colloque »
Tardivement, à trois semaines de l’ouverture du colloque, Nathalie Dompnier découvre que ses organisateurs, la chaire Égalité, inégalités et discriminations, de l’Institut d’études du travail de Lyon 2 et l’Institut supérieur d’étude des religions et de la laïcité (Iserl), avaient mis sur un pied d’égalité – dans les interventions prévues et dans la modération des ateliers – les chercheurs, les représentants des associations invitées et les institutionnels ; comme un chargé de mission de lutte contre l’islamophobie de l’UE ou Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité. « Notre université ne pouvait se permettre de cautionner ou de porter un tel colloque dont le format ne correspondait pas aux critères d’un colloque universitaire. Il faut que l’introduction et la modération des tables rondes soient assurées par des universitaires et les intervenants sélectionnés après un appel à communication, comme dans tout colloque », explique Nathalie Dompnier. À son grand regret, l’équipe présidentielle a donc pris la décision pénible de « poser un interdit » à cette manifestation, lorsqu’il est apparu qu’il était impossible de remettre ce colloque dans le droit chemin du débat scientifique.
Madame la présidente jure ses grands dieux que l’émotion soulevée dans la presse et sur les réseaux sociaux – lorsque Laurent Bouvet, professeur de science politique et cofondateur du Printemps républicain avait rendu public sur Facebook le programme détaillé du colloque – n’avait en rien influencé la décision du conseil… On nous permettra d’en douter, car au cours de la conférence de presse, Yannick Chevalier, vice-président chargé de l’égalité et de la vie citoyenne, s’est emporté contre « l’emballement médiatique qui s’est acharné contre ce colloque ». Un emballement qui s’inscrit, selon lui, « dans une ambiance de haine de la science dans certains milieux intellectuels et médiatiques ». Rassemblés devant le local où se tient la conférence de presse, une petite dizaine d’étudiants expriment les mêmes sentiments en langage plus direct avec des pancartes accusant « la fachosphère » d’avoir torpillé leur colloque chéri, jugé « essentiel » dans le cadre de leur formation de futurs anges antidiscriminateurs.
Lyon 2, Lyon 3, même combat
Leur bête noire est Céline Pina, élue locale du Val-d’Oise et militante laïque intransigeante, qui avait signalé sur son blog et sur le site Figarovox que le pedigree des militants associés au colloque pouvait inquiéter : il s’agit pour la plupart de dirigeants d’associations comme le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) ou de personnalités dont les liens avec les Frères musulmans sont de notoriété publique et qui, sous couvert de luttes contre les discriminations, tentent de miner les fondements du pacte laïque à la française. Abdelaziz Chaambi, fiché S, propagateur de la prose de Tariq Ramadan et d’autres prêcheurs islamistes radicaux, était également invité à s’exprimer et à animer un atelier destiné à établir s’il existait en France une « islamophobie d’État ». Poser la question dans de tels termes c’est évidemment y répondre, estiment alors les critiques de cette manifestation, suivis de plus ou moins bon gré par la présidence de Lyon 2, soucieuse d’éteindre l’incendie et de revenir à ses affaires courantes.
Ce scandale académique rappelle celui qui avait défrayé la chronique dans les deux dernières décennies du siècle dernier, et qui concernait la voisine et rivale de Lyon 2, l’Université Jean Moulin-Lyon 3. Celle-ci avait abrité un « institut d’études indo-européennes », repaire d’universitaires d’extrême droite. Le scandale éclata lorsque des enseignants-chercheurs de cet institut publièrent dans des revues scientifiques des articles négationnistes de la Shoah, en bons disciples d’un autre universitaire lyonnais, Robert Faurisson, enseignant de littérature à Lyon 2, déchargé de ses cours après ses publications niant la réalité du génocide des Juifs, mais percevant toujours son traitement… Le scandale avait pris une dimension telle qu’en 2001, Jack Lang missionna l’historien Henry Rousso pour enquêter sur l’ampleur de cette dérive extrême-droitière de Lyon et les moyens d’y remédier. Trois ans plus tard, Rousso remit un rapport étoffé à François Fillon, jugeant que « dans son ensemble » l’université de Lyon 3 n’était pas gangrénée par l’idéologie d’extrême droite, mais que sa direction avait manqué de vigilance face aux dérives d’une petite minorité d’activistes. Le rapport Rousso rappelait que la scission, en 1973, de l’Université Lyon 2, donnant naissance à Lyon 3, s’était effectuée sur une base politique, Lyon 2 rassemblant les enseignants de gauche et Lyon 3 ceux de droite.
Lyon 2 est partenaire de l’Université islamique du Liban dont les liens avec le Hezbollah sont de notoriété publique
Le parallèle avec la situation actuelle à Lyon 2 fera, bien sûr, hurler les antifascistes autoproclamés, enseignants et étudiants de cet établissement, mais il n’en est pas moins pertinent. Un maître de conférence à Lyon 2, de tendance gauche modérée, nous explique, sous couvert de l’anonymat, car il ne tient pas à être harcelé par les activistes d’extrême gauche, qu’« au fil des dernières décennies une nouvelle génération de maîtres de conférences et même de professeurs, sensibles aux nouvelles théories à la mode – genre, études postcoloniales, intersectionnalité des luttes –, importées des campus des États-Unis, ont notablement radicalisé une université marquée à gauche, certes, mais restée libérale et tolérante dans ses enseignements ».
En 2014, les élections au conseil d’université donnent une large majorité, chez les enseignants, à la liste « Pour une autre université », dominée par les « gauchistes », qui portent à la présidence Nathalie Dompnier, professeure de science politique. Cette dernière, selon notre maître de conférences, n’est pas la plus enragée de la bande, et se situerait plutôt au « point d’équilibre » entre les modérés et les radicaux, ce qui explique sa décision d’annuler le colloque contesté.
Ce positionnement est également celui de son vice-président pour les affaires internationales, le linguiste britannique Jim Walker, qui se trouve confronté à une autre affaire sensible : le partenariat de Lyon 2 avec l’Université islamique du Liban (UIL), à Beyrouth, émanation du Conseil supérieur chiite du Liban, dont les liens avec le Hezbollah sont de notoriété publique. « Il existait depuis 2011, à l’initiative d’un enseignant d’arabe de Lyon 2, des échanges d’étudiants, très limités en nombre avec l’université islamique », explique Jim Walker. « L’an dernier, la nouvelle présidente de l’UIL, Dina El Maoula, francophone et ancienne étudiante à Lyon, nous a sollicités, ainsi que deux autres universités, Sophia Antipolis et Limoges, pour renforcer ses partenariats avec de prestigieux établissements français… Elle nous a expliqué que cela devrait donner une crédibilité nationale et internationale plus importante à son établissement. » Walker et ses homologues de Sophia Antipolis et Limoges sont donc invités au Liban, reçus avec tous les honneurs par les plus hautes autorités du pays, le président Michel Aoun, un chrétien élu avec l’appui du Hezbollah, le président de l’Assemblée Nabih Berri, leader du mouvement chiite Amal, et le général en chef Jean Kahwagi, également chrétien allié au Hezbollah…
« Si on ne devait plus coopérer avec les universités du monde arabo-musulman qui enseignent la charia, nous n’irions plus nulle part ! »
Jim Walker s’est-il renseigné sur le caractère des enseignements dispensés dans cette université communautariste, son financement, la place faite aux femmes et à la mixité sur les campus ? « Ce n’était pas l’objet du déplacement », avoue-t-il, « mais vous savez, ce partenariat ne devrait pas avoir de grand succès chez nos étudiants qui préfèrent d’autres destinations que le Liban, et ceux qui choisissent d’aller là-bas préfèrent d’autres universités libanaises situées dans le centre et le nord de Beyrouth, comme l’Université Saint-Joseph (…) le campus de l’UIL est situé dans le sud de Beyrouth[tooltips content=’L’UIL est implantée dans le quartier de Khaldé, un secteur contrôlé par le Hezbollah, où il est assez difficile de boire un verre de rosé en terrasse…’]2[/tooltips] qui manque d’attraits extra-universitaires… » À ce jour, la seule manifestation prévue de ce partenariat renforcé est… un colloque intitulé « Islam et laïcité », coorganisé par l’Iserl et l’UIL, auquel, nous assure Jim Walker, « il prêtera une grande attention dans sa phase préparatoire ». Chat échaudé…
Interrogée sur ce partenariat, la présidente Dompnier se défend : « Si on ne devait plus coopérer avec les universités du monde arabo-musulman qui enseignent la charia, nous n’irions plus nulle part ! » Et elle annonce, dans la foulée, qu’au mois de janvier prochain, elle recevra Aliza Bin-Noun, ambassadrice d’Israël en France, pour étudier la possibilité d’un partenariat de Lyon 2 avec une université israélienne, un projet qu’aucun enseignant au cours du demi-siècle d’existence de Lyon 2 n’avait eu l’idée de lancer.
Il est cependant un domaine où la présidente Dompnier ne fait montre d’aucune modération : celui de la mise en œuvre, dans toute la production écrite de son établissement, de l’écriture dite « inclusive », localement baptisée « non discriminante », faite de points, tirets et slashs pour marquer le féminin chaque fois que le masculin grammatical l’emporte. Cette graphie militante a été adoptée à la majorité du conseil d’université et la présidente nous confie : « Tout le personnel est fermement incité à en faire usage. »
Des décharges de service sont même prévues pour les nouveaux.elles enseignant.e.s pour apprendre la novlangue politiquement correcte et l’utiliser. Par exemple dans un mémoire de maîtrise sur George Orwell…
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