La dictature verte fait une nouvelle victime à Bordeaux
Difficile de qualifier la situation personnelle de David Angevin, plume appréciée sur le site Causeur, autrement que par l’adjectif ubuesque !
D’abord au service du Président de la région Aquitaine Alain Rousset, David Angevin lance ensuite l’Université du futur pour penser la révolution numérique dans le sud-ouest. Il vient d’en être débarqué, après de fortes tensions. Notre contributeur se dit victime de la Région et en particulier de son vice-président Nicolas Thierry qui ne goûte guère la liberté d’expression…
Les écologistes ne supportent pas qu’on pense en dehors de leur dogme. C’est terrifiant. Ils veulent bien débattre, mais entre eux!
Tout commence le 27 septembre 2019 lorsque ce dernier, vice-président EELV de l’exécutif régional, proteste sur Twitter contre la participation de l’économiste Erwann Tison, de l’Institut Sapiens, à une conférence de la fameuse « Université du Futur » à Biarritz. Il affirme alors: « Cet institut porte une vision du monde qui n’est pas la nôtre : transhumanisme, anti Greta Thunberg, plaidoyers pour les inégalités… ». Mince alors, un débat où des interlocuteurs contradictoires se voient tendre le micro, il faudrait faire quelque chose… Quelques jours plus tard, l’intervention et les images d’Erwann Tison sont carrément retirées d’internet, au grand étonnement de David Angevin, placé dans une situation délicate vis-à-vis de ses interlocuteurs. Aujourd’hui libre de parler et comptant engager des poursuites judiciaires, David Angevin dénonce une censure d’un autre âge, et estime que la collectivité a voulu lui faire payer son franc-parler et ses idées. Invitée par Causeur à donner sa version des faits sur cette affaire de censure, la Région indique ne pas souhaiter répondre.
La parole est donc au collaborateur débarqué ! Entretien.
Causeur. Qu’est-ce que l’Université du futur ?
David Angevin. L’Université du Futur est un think tank que j’ai imaginé et créé au Conseil régional. Cela faisait parti du programme de la mandature : avoir un lieu de réflexion sur les technologies de rupture qui sont en train de chambouler le monde de fond en comble : intelligence artificielle, génétique, automatisation, etc… J’ai écrit un certain nombre de livres sur ces technologies de « rupture », je connais bien ces sujets, et j’ai un réseau de spécialistes de haut niveau que j’ai invité aux conférences que j’organisais dans ce cadre. L’Institut Sapiens fait parti de ce réseau de spécialistes qui pensent le futur et la disruption. Le monde change tellement vite qu’il est devenu indispensable d’anticiper l’avenir. Un politique ne peut plus se contenter de gérer le présent comme avant. Sinon il est sûr d’aller dans le mur !
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Directeur du projet Université du Futur, j’étais seul à tout gérer, en lien avec un élu délégué. Mais, ce projet générait beaucoup de jalousie : nous étions vus par les fonctionnaires comme des intellos qui n’en faisaient qu’à leur tête avec leur truc de science-fiction… Pour la plupart des gens, y compris les plus puissants et influents, la révolution industrielle du digital, c’est en effet de la science-fiction. Pas étonnant que la France soit devenue une colonie numérique des USA et de la Chine. En matière d’anticipation, nos politiques ont été nuls.
Quels sont les motifs qui ont été invoqués pour vous renvoyer ?
Ce sont des motifs vraiment piteux. Le Vice-président écolo Nicolas Thierry a pété un câble contre l’Université du Futur – nous reprochant en gros de donner la parole à des gens qui pensent « mal » -, je me suis opposé fermement à ses méthodes. Puis quand la région a carrément censuré l’intervention de mon intervenant « mal pensant », Erwann Tison, j’ai demandé des comptes au Directeur de cabinet et au Directeur Général des Services. J’ai écrit ceci dans un courriel à tous les chefs : « En tant que responsable de l’Université du Futur, je n’ai pas été tenu au courant de l’effacement des rushs, ni du reste de cette censure d’un autre âge. Tout cela est parfaitement anormal. Je suis tenu pour responsable par mes réseaux professionnels de ce coup porté à la liberté d’expression. C’est mon image et ma réputation qui en prend un sale coup. La question est simple : comment faire pour rétablir, avant la mienne, la réputation de l’institut Sapiens et celle du Conseil régional? Je n’ose imaginer que faire plaisir à Nicolas Thierry, VP EELV, soit une raison suffisante pour assumer ce formidable gâchis. L’Université du Futur n’est pas, à l’évidence, une outil de propagande politique au service des prochaines élections. Et j’assume totalement mes choix quand j’invite des spécialistes à débattre, dont Olivier Babeau, Erwann Tison, ou encore Pascal Picq (Collège de France), Antoine Petit (Président du CNRS) ou Denis Mercier (ex-chef de l’OTAN). Et les autres. J’entends pouvoirs continuer à travailler avec eux. Ou alors il faut le dire clairement et expliquer pourquoi. C’est la moindre des choses en démocratie, et a fortiori pour une institution publique ». Olivier Babeau, directeur de l’Institut Sapiens, a également demandé des comptes dans un courrier au Président Rousset… Aucune réponse.
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Quant à moi, j’avais signé mon arrêt de mort. Un dossier de licenciement bidon a été monté contre moi à la hâte pendant les vacances de Noël : il fume dans son bureau, il ne comprend pas son job, il ne badge pas… Ce genre de trucs bidons. En vérité, les écologistes ne supportent pas qu’on pense en dehors de leur dogme. C’est terrifiant. Ils ne supportaient pas depuis le début qu’on puisse inviter dans des débats des gens du centre ou de droite. Ils veulent bien débattre, mais entre eux. Quand Erwann Tison, économiste de l’Institut Sapiens, est venu à Biarritz parler de « mobilité du futur », il a eu le malheur de dire que pouvoir prendre l’avion et parcourir le globe était une bonne chose. Et une liberté qu’il fallait préserver. Un truc insupportable pour un khmer vert ! Au téléphone et par SMS, le Vice-président écolo m’a reproché vertement d’inviter des gens qui osent critiquer Greta Thunberg ! Je lui ai alors proposé de venir débattre avec eux, plutôt que de pousser la Région à censurer des conférences. Il a refusé. Est-ce parce qu’il sait bien que ses arguments ne tiennent pas deux secondes dans un débat ?
Avez-vous entamé des démarches juridiques avec un avocat ?
J’ai effectivement entamé des démarches juridiques pour récupérer mon poste. J’ai trop donné à ce projet pour abandonner. Et l’argent public n’est pas au service d’un clan. Il faut que ces gens le comprennent. Par ailleurs j’ai déposé plainte contre le Directeur de cabinet pour des menaces et intimidations, visant à me faire taire. Et je conteste évidemment ce licenciement politique, preuves de tout ce que j’avance à l’appui. J’ai été un proche collaborateur du Président pendant trop longtemps pour ne pas connaître le dessous des cartes. Ils ont cédé au chantage des verts, au point de faire des bêtises énormes : pratiquer une censure digne de l’Union Soviétique, puis me virer. Les élections arrivent, et les verts sont en position de force. Ils ne passent plus entre les portes. Le PS, lui, ne pèse plus grand-chose. Le Dircab a préféré m’exécuter que se mettre à dos ses alliés écologistes. Tout cela est pitoyable et la justice le verra en examinant les pièces. Mais je ne peux pas tout dire car la procédure démarre à peine, et certaines choses relèvent du pénal.
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