L’UNEF contre la loi El Khomri? Un spectre dérisoire


L’UNEF contre la loi El Khomri? Un spectre dérisoire
Manifestation contre le CPE en février 2005 à Lyon (Photo : SIPA.00523065_000017)
Manifestation contre le CPE en février 2005 à Lyon (Photo : SIPA.00523065_000017)

Hier encore, quand un projet de réforme de l’école, ou tout autre prétexte printanier, mettait les étudiants et les lycéens dans la rue, sur l’air d’opérette « Si tu savais ta réforme où on s’la met », le gouvernement avait du souci à se faire.

Pour nos politiques, le souvenir traumatisant des manifs contre le CPE n’a d’égal que le souvenir du Vietnam et de l’Irak pour les Américains. Rappelons au passage que ce CPE (Contrat de première embauche) avait pour objectif de faciliter la première embauche des jeunes non diplômés. Grâce aux manifs, l’annulation de cette réforme a permis à  la France de rester en tête dans la catégorie du taux de chômage des jeunes.

Au palmarès des manifs juvéniles, il faut aussi ajouter l’abolition de la réforme Devaquet en 1986. Cette réforme autorisait les universités à pratiquer la sélection et la concurrence, au risque que les facs cessent d’être parkings ouverts à tous et sans débouchés.

Il a même suffi en 2005 que le gouvernement propose un zeste de contrôle continu à certaines épreuves du bac pour que les étudiants, les lycéens et les trotskistes réunis fassent reculer le pouvoir.

Mais ça, c’était avant.

Nous sommes en 2016. L’affaire Leonarda a montré que le pouvoir d’obstruction n’est plus ce qu’il était : même Hollande a fini par ne pas céder. C’est dire.

Alors, au lieu de céder au fantasme d’une jeunesse se dressant massivement et héroïquement contre la réforme du code du travail, souvenons-nous que l’UNEF représente au mieux 1,5% des 2 millions d’étudiants ; que les syndicats de lycéens sont par définition à l’état embryonnaire (pour ne pas dire bidon) ; et que les prétendus mouvements de jeunesse ne sont rien de plus que de squelettiques écoles préparatoires à la politique politicienne. La menace d’un nouveau mai 68 n’est plus que l’ombre d’un spectre.

Si le gouvernement finit par se dégonfler, au moins que ce ne soit pas devant le fantasme d’une jeunesse française au bord de l’insurrection.



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André Sénik, professeur agrégé de philosophie.

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