Que deviennent les hommes à l’heure où la révolution des mœurs – la révolution morale – souffle en tempête sur l’Occident?
Poussé par une curiosité imprévue, je me suis récemment lancé dans la lecture d’un ouvrage dont j’ignorais jusqu’alors l’existence. Les médias ont pourtant dû en parler frénétiquement, car il a pour auteur Sandrine Rousseau. Pas seulement elle, toutefois, qui se trouve accompagnée par deux jeunes co-auteurs moins célèbres (comment écrire ça ? co-autrices est laid et co-auteurs dissimule l’identité sexuelle). Sans vouloir manquer de respect à ses deux acolytes, c’est uniquement l’homonyme du grand Jean-Jacques qui m’a donné l’envie de plonger dans le mince volume intitulé Par-delà l’androcène. Le titre m’a d’autant plus alléché qu’il m’a semblé adresser un amusant clin d’œil à celui du grand Friedrich converti en une sorte de pastiche : Par-delà le bien et le mâle.

Le concept d’androcène mérite de passer à la postérité. Susceptible d’être perçu comme l’équivalent écoféministe du Manifeste du parti communiste de Marx et Engels, le texte de Sandrine Rousseau et de ses deux collègues est authentiquement révolutionnaire. Un article du Monde, publié lors de la parution de l’ouvrage en novembre dernier, résume admirablement son ambition : « C’est donc une histoire de l’“androcène”, néologisme qui remplace l’anthropocène pour lier système patriarcal, capitalisme et dérèglement climatique. » On l’avouera, l’enjeu
