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Ce que cache la une du « Time » avec Assa Traoré

L'Amérique promeut le racialisme et noyaute le militantisme français. Révélations


Ce que cache la une du « Time » avec Assa Traoré
Madame Traoré à Beaumont sur Oise le 19 juillet 2020 © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage : 00973238_000002

Assa Traoré en une de Time: black panther et soft power


Le choix de la militante Assa Traoré comme personnalité en couverture par le magazine américain Time s’inscrit dans une politique à long terme de séduction des Français d’origine musulmane. Cette politique est paradoxalement relayée par une gauche traditionnellement anti-américaine.

En 2019, en France, 19 personnes ont été tuées par la police. A situation comparable, les Etats-Unis, cinq fois plus peuplés, auraient dû compter cette année-là 95 décès imputables aux forces de l’ordre. Selon les chiffres compilés par le Washington Post, il y en a eu 1010, c’est à dire dix fois plus.

Cet écart hallucinant n’a pas empêché le magazine américain Time d’asséner à la France une pénible leçon sur le thème des violences policières à caractère raciste, tout au long d’un article publié le 12 décembre. L’édition Europe-Proche Orient du magazine affichait en couverture Assa Traoré, catapultée Personnalité de l’année, présentée comme l’égérie d’un combat sacré pour le respect de la vie des « racisés ».

Une clientèle américanophile constituée dans les banlieues françaises

Les critères de choix des « Person of the year » du Time ne sont pas publics, mais défendre l’idée que la France est un pays viscéralement raciste, manifestement, ne peut pas nuire.

Voilà quinze ans que l’intelligentsia américaine progressiste – dont la rédaction de l’hebdomadaire new-yorkais est la quintessence – soutient, forme et finance les porte-parole d’un discours victimaire, formaté pour les jeunes noirs et arabes.

A lire, enquête: La vérité sur l’affaire Adama Traoré

Les Wikileaks contiennent des télégrammes diplomatiques éloquents à cet égard. Ils décrivent comment l’ambassade américaine à Paris a pensé faire d’une pierre deux coups, après les émeutes ayant secoué nos banlieues en 2005. L’ambassadeur américain Charles Rivkin voulait choyer les Français de culture musulmane, afin de se constituer une clientèle américanophile, et espérait aussi regagner un peu du crédit perdu dans le monde arabe suite à l’invasion de l’Irak en 2003. L’ambassade n’a pas lésiné. Elle a organisé une rencontre entre des jeunes de Seine-Saint-Denis et la star Samuel Jackson en 2010. Elle a appuyé la publication d’un très long article sur le Bondy Blog dans le New York Times en 2015. Elle a donné une grande latitude à son attaché culturel du consulat de Lyon, Victor Vitelli, pour travailler à « la promotion des minorités ». Le tout était complété par une réorientation de programmes plus anciens comme les « Young Leaders » de la French American Foundation, en direction des minorités visibles. Rokhaya Diallo en a profité en 2010.

L’ONG US Ashoka en soutien de Coexister

Les riches organisations non-gouvernementales américaines sont venues en renfort.

En 2016, l’Alliance Citoyenne, organisatrice de l’opération burkini dans les piscines de Grenoble l’an dernier, a reçu 80 000 dollars de l’Open society Foundation de Georges Soros. Coexister n’a pas été oubliée. Obsédée par l’islamophobie, l’association de «  management interconvictionnel » a été couvée par le réseau Ashoka. Discrète, cette ONG financée par des grandes entreprises américaines a un objet social assez flou : former des « entrepreneurs du social ». En termes plus concrets, il s’agit de coacher des relais d’opinion et des lobbyistes, intervenant en général à la frontière du public et du privé. Samuel Grzybowski, fondateur de Coexister, a été Ashoka Fellow en 2016. A ce titre, de l’aveu de sa présidente, Radia Bakkouch, l’association Coexister a bénéficié d’un accompagnement poussé, pendant des mois. Ashoka ne verse pas d’argent, mais apporte une expertise précieuse. L’organisation travaille en finesse. La sélection des « fellows » est beaucoup moins grossière que celle du Time. Leurs parcours sont très variés et ils sont généralement de bon niveau. Assa Traoré n’a pas le profil. Stéphane de Freitas, oui. Ce cinéaste est à l’origine du projet Eloquentia, un concours d’éloquence à destination des jeunes, visant à mettre ceux des cités en valeur. Ce n’est écrit nulle part aussi clairement, mais le compte-rendu de la finale 2019 par le Bondy Blog se passe de commentaire à cet égard.

A lire aussi, du même auteur: Coexister: touchée, mais pas coulée

Il n’y a aucune raison de penser que ce travail d’influence fort professionnel s’arrêtera dans les mois qui viennent. Il va finir par créer une situation inédite sur le plan politique pour la présidentielle et les législatives de 2022.

Pleine de tendresse pour les indigénistes, prête à accueillir Assa Traoré, la France insoumise va finir par arriver au scrutin avec l’image d’un parti noyauté par Washington !

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