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Une seule solution : l’union libre pour tous


Une seule solution : l’union libre pour tous

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Si la société et la famille ont bâti leurs fondements sur la transmission, c’est pour offrir à l’homme la possibilité de dépasser sa fin et se rêver éternel. Famille et société se sont en effet constituées dans un rapport de miroir pour transcender la mort.

À la famille comme machine à procréer, la société attribue la sexualité qui sera par ailleurs interdite. Le mariage est le pivot du système qui permet de transgresser l’interdit sexuel général, il fait même de la sexualité un devoir conjugal qui, par la procréation, assure la pérennité de la famille comme de la société. Transgresser l’interdit dans les règles, dans toutes les sociétés, c’est la fonction du sacré. Pour cela, le mariage a toujours été plus du côté de la religion que de celui de la République qui n’a fait qu’en hériter à la révolution[1. Les liens entre la sexualité et le sacré vont plus loin, à l’origine, la prostitution était elle aussi sacrée. A Babylone, les femmes stériles trouvaient dans la société une place sacrée, elles servaient dans le temple dédié à la déesse de la fertilité et devenaient les épouses de tous. Libérées de la procréation utilitaire, elles pouvaient devenir expertes en érotisation, déesses du désir.].

L’interdit sexuel hors du foyer qui fait de la famille un lieu sexué, impose une autre loi : l’interdit de l’inceste qui oblige le groupe familial à s’ouvrir à l’exogamie, base de toute société.
Brimé par un système on ne peut plus raisonnable, le désir de l’homme sera toujours déraisonnable car il est articulé à ce qui lui échappe. Le désir n’aura jamais cessé de tarauder les hommes et les dix commandements ne sont que des interdits posés a ce que l’être humain à pu désirer.
L’échafaudage social a toujours constitué pour les minorités sexuelles un carcan. Pour sortir de l’impasse, être rejeté par la société ou rejeter une société rejetante, certains mirent leur énergie au service de leur cause et réussirent par l’intelligence à faire avancer la société. Ce fut un long et riche combat contre la loi et pour l’humanité.

Quand une société a atteint la sécurité nécessaire qui lui permet de ne plus avoir peur de ce qu’elle avait pu considérer comme un fléau, elle peut, sur certains points, se passer de la loi. Ce fut le cas en France quand il a été décidé que l’homosexualité ne serait plus un délit, quand on a considéré que le libertinage entre adultes consentants ne faisait partie que de la vie privée, ou quand le divorce est enfin devenu une affaire privée, le droit se cantonnant à encadrer les devoirs des parents vis-à-vis de leurs enfants…
Le XXIe siècle aura été celui de la remise en question de l’interdit de la sexualité hors mariage, qui n’est plus une référence pour la majorité, pas plus qu’une référence légale. Sans l’interdit, le mariage a perdu son sens premier pour être aujourd’hui réduit au rang de tradition.

Le mariage devrait désormais être « pour tous » et obligatoire comme l’école… Ce ne serait qu’une boutade si le projet de loi en question ne prévoyait une obligation de fidélité dans le couple !
Dans la précipitation des réformes, le gouvernement a oublié de dépoussiérer le contenu du mariage.
Qui aurait pu penser qu’au XXIe siècle, le politique soutiendrait les fondements d’une chasse aux infidèles et autres maris volages !
« Français encore un petit effort pour êtres républicains » crierait Sade pour réveiller nos esprits.

À chacune de ses avancées, la société a pris un nouveau souffle et de nouvelles solutions sont apparues. C’est par exemple le cas de « l’union libre », dont l’intérêt vient du fait qu’elle ne tient pas plus compte pour la famille, de l’idée de mariage que de celle de concubinage, de la famille nucléaire que de la famille recomposée, de l’homo que de l’hétérosexualité, seulement de l’union…
Pourquoi donc légiférer sur le mariage qui n’est plus qu’un concept dépassé et inutile, alors que la société a su inventer l’union libre, qui n’a pas de statut légal et se trouve représentée au sommet de l’Etat. Légiférer sur l’union libre et lui conférer la place qu’elle mérite dans la société de demain accompagnerait l’évolution de la société et simplifierait la vie de nombreuses familles, sans exclusive.
L’homosexualité n’étant plus considérée comme un délit, l’union libre légalisée permettrait de faire que tous les couples se sentent partie prenante de la société.

La question des enfants et de leurs parents se trouve trop souvent mal posée. Pour la psychanalyse, les statuts de père et de mère sont des fonctions symboliques qui ne sont pas liées à la réalité du sexe. Une fonction paternelle peut être assumée par une femme (par exemple, après les grandes guerres passées), de la même manière qu’un père peut assumer une fonction maternelle.
L’important pour un enfant c’est qu’il n’y ait pas de toute puissance de l’un où l’autre des parents, que la position de tiers ait bien sa place, ce qui n’est pas plus évident pour les couples homosexuels que pour les couples hétérosexuel. Et la question de la transmission peut se jouer autrement qu’à partir de la procréation.

Dissocié de l’union libre, le mariage conserverait une valeur religieuse, traditionnelle ou mythologique. Alors, peut être, le temps sera-t-il venu, selon les préceptes du Christ : « de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » ? L’union libre à la république, le mariage à Dieu et la tradition à qui cela plait.

*Photo : KarmaHackeR.



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est psychanalyste à Paris.

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