Ancien préfet et fin connaisseur des cités, Michel Aubouin explique l’embrasement des banlieues par la désocialisation de leur jeunesse. Mais il pointe aussi la responsabilité des politiques. Pour lui, la palme revient à Jean-Claude Gayssot, ministre du logement dans le gouvernement Jospin et auteur de la fameuse loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU).
Causeur. La haine de la France et de notre société paraît être le ferment des émeutes. Qu’en pensez-vous, vous qui venez de publier Le Défi d’être Français ?
Michel Auboin. La plus grande partie de ceux qui mettent le feu à la France se revendiquent d’une même culture, celle des quartiers. Une culture tribale, primitive où les habitants des quartiers se considèrent comme propriétaires de leur enclave de leur territoire et considèrent que c’est chez eux et non un bout de France. S’ils nourrissent un fort ressentiment et se vivent comme des victimes, les émeutiers sont souvent au degré zéro de la conscience politique. Ils attaquent pour montrer qu’ils sont forts, qu’ils sont les meilleurs, ils font des dégâts car c’est une preuve de dangerosité qui met en valeur leur virilité et leur permet d’obtenir la reconnaissance dans le quartier. Leur vision du monde est paradoxale : ils haïssent la police, alors que le meilleur prédateur du jeune de banlieue n’est pas le policier, mais l’autre jeune de banlieue. En
