La France abrite la plus importante diaspora marocaine en Europe. A la faveur du regroupement familial et d’accords bilatéraux, les Marocains sont environ 2 millions sur notre sol et sont les premiers bénéficiaires de titres de séjour et de naturalisations. Ils sont aussi surreprésentés à Pôle emploi, dans les HLM et dans nos prisons… L’analyse de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie.
Le 16 juin dernier, l’AFP publiait un reportage intitulé « Les Marocains d’Europe reprennent la route du bled ». Après deux étés successifs de fermeture des frontières, due conjointement aux restrictions sanitaires liées au Covid et aux tensions diplomatiques entre l’Espagne et le royaume chérifien sur la question du Sahara occidental, le journaliste dépêché près de Gibraltar y décrivait la reprise en conditions normales de l’opération « Passage du détroit », laquelle avait concerné 3,3 millions de personnes en 2019 et constitue à ce jour « l’un des flux de personnes les plus importants entre continents » sur une période aussi brève.
La dimension de ce mouvement saisonnier révèle toute l’ampleur prise par la population marocaine sur la rive nord de la Méditerranée au cours des dernières décennies. Après l’immigration turque, l’immigration marocaine est la plus largement répartie sur le territoire européen. On la retrouve en grand nombre dans plusieurs pays : l’Espagne, la Belgique (où les Marocains constituent désormais la première communauté étrangère), les Pays-Bas, l’Italie, l’Allemagne… et bien sûr la France, qui accueille la plus importante diaspora marocaine d’Europe.
Un rapport présenté à l’Assemblée nationale par la députée Élisabeth Guigou en avril 2015 évaluait à 1,5 million le nombre de ressortissants marocains résidant en France, dont 670 000 binationaux[1]. Il est très probable que cette estimation soit aujourd’hui fortement minorée par rapport à la réalité. En effet, ce stock a continué à croître de deux façons conjointes :
1. L’accélération des flux migratoires en provenance du Maroc : les Marocains constituent depuis 2018 la principale nationalité bénéficiaire des titres de séjour nouvellement accordés, dépassant ainsi les Algériens (lesquels restent néanmoins le principal « stock » immigré présent en France).
